La condition humaine –
Dans le saint Évangile, il y a beaucoup de figures du désespoir humain : l’infirme de la piscine de Bethesda, la femme en hémorragie depuis douze ans, la veuve dont le fils unique est mort, l’aveugle de naissance sont des cas réels et forment en même temps l’emblème d’une humanité sans avenir. L’atroce condition humaine a ses représentants dans les personnages que rencontre Jésus Christ au détour d’une rue, dans un village, une ville et aujourd’hui dans une synagogue. Complètement courbée sur elle-même et vers la terre, cette femme sans nom ne peut se redresser pour voir le ciel et pour tendre les mains vers Dieu dans une prière de supplication ou de louange. Bien des situations, autour de nous, sont ainsi des impasses humaines, apparemment définitives.
L’accroissement des ténèbres
Ce temps même de préparation à la glorieuse Nativité est un temps de ténèbres. Chaque jour se fait plus court. La nuit triomphe. Le froid gagne sur la vie. Bien des humains, réfugiés, sans domicile fixe, pauvres chroniques à qui presque rien n’est promis, trouvent sur le froid trottoir de nos cités les centimètres carrés où se recroquevillera leur corps blessé et affamé, caché par des cartons ou de vieux linges. Et, si nous quittons nos cités de luxe, que de situations accablantes et sans espoir !
L’audace de Jésus Christ
Audacieusement, le message du Christ donne de l’espoir aux désespérés et aux habitants des ténèbres et de la mort. Presque tous les psaumes chantent celui qui est « l’espoir des extrémités de la terre » (64), et dont la parole est notre espoir (118). Il est des maladies incurables. Des enfants meurent tous les jours dans les hôpitaux des hommes. D’autres naissent dans des conditions si difficiles qu’ils sont meurtris à vie, ils ont tout contre eux, pourrait-on dire. D’autres encore ne vivront jamais : dès la conception, ils sont déjà chassés de l’existence, frustrés du droit de naître, comme écrivent nos Pères conciliaires. Comment espérer ? Où trouver l’insolence de promettre de l’espoir à l’humanité ? Comment ne pas narguer les souffrants par des promesses ? Au nom de quoi, de qui, promettre la joie, la vie, la liberté, l’épanouissement de la personne ? Au nom de qui promettre l’humanité à l’homme ? –
L’espérance
Eh bien, au Nom de Jésus, tout simplement ; au nom de l’Évangile, dont chaque page nous fait espérer que l’exaucement des autres peut être le mien. Souvent, les désespérés de l’Évangile n’ont rien demandé : il y a un stade où tu ne demandes plus, tu as compris que la vie n’est pas pour toi, le bonheur, la liberté, l’humanité c’est pour les autres. Et tu ne demandes plus, ni à Dieu ni à personne, ton tour est passé, c’est déjà au tour des autres, tant mieux pour eux, tant pis pour moi. – Mais, attends, voici le Christ, voici le Sauveur qui, avant même que tu ne pries, ou alors que depuis longtemps tu ne pries plus, comme cette femme courbée, viens à toi, et, de loin, comme Il fait avec elle, Il t’interpelle : « Femme, sois déliée de ton infirmité ! » C’est tout de même extraordinaire ce qui se passe ici…
Lumière des nations
Le Fils unique et Verbe de Dieu, engendré du Père hors de tous les siècles, vient dans le temps et dans le monde qu’Il a appelés du non-être à l’être, Lumière qui brille dans les ténèbres. Il ne supporte pas de voir dans quel état est sa création. La prière de consécration des eaux le dit : « Tu n’as pas accepté, Seigneur, dans la tendresse de ton cœur, de voir le genre humain sous la tyrannie du démon, et Tu es venu et Tu nous as sauvés ». Il vient, Il naît à Bethléem pour sauver, pour nous délier. Et nous, dans l’Église de Jésus Christ, nous avons hérité ce pouvoir de délier, de pardonner, de libérer et de guérir. Grande est la mission des disciples du Dieu Enfant !