La simplicité évangélique –
L’enseignement évangélique est tout de même très simple. Il est admirablement résumé dans la mise en scène redoutable du dernier Jour, jour du Jugement ultime. C’est très simple. D’une part, il y a un jugement, et il ne faut pas croire qu’on peut faire impunément le mal tout le temps et qu’on n’a de comptes à rendre à personne. L’homme est responsable. « Suis-je responsable de mon frère ? », dit Caïn à Dieu dans la Genèse. Réponse : Oui ! Responsable veut dire qui répond de soi, de ses actes, de ses pensées, de ses paroles et d’autrui. Cela veut dire qu’il y a quelqu’un à qui l’on rend compte de la gestion de sa vie. Il est enfantin et infantilisant de nier cette responsabilité.
L’Église et l’évolution de l’homme
Au contraire, l’Église du Christ, qui veut faire évoluer l’homme en éduquant chez lui le sens de la responsabilité jusqu’à la stature et à la maturité du Christ le Dieu Homme, nous invite à reconnaître continuellement nos erreurs et nos fautes, c’est-à-dire à rendre compte de notre vie devant Dieu, sans attendre le dernier Jour pour cela. L’Esprit saint dans l’Église fait croître en nous le sentiment royal de la responsabilité. D’autre part, c’est encore tout simple : ce que tu fais à l’homme, c’est à Dieu que tu le fais. Ce n’est tout de même pas très compliqué. Il ne s’agit pas d’une morale abstraite. Il s’agit du sens de l’Incarnation.
Le sens de l’Incarnation
Si ce que je fais à l’homme c’est à Dieu que je le fais, c’est pour une raison très simple : c’est parce que Dieu est dans l’homme, Il est uni à lui, Il est, Lui aussi un homme, bien plus Il est l’homme, tout l’homme et en tout homme. Impossible de frapper l’homme sans frapper Dieu ; de mépriser l’homme sans mépriser Dieu, le Dieu-Homme, le Christ, le Verbe fait chair et fait homme. Toutes les fois où nous avons négligé l’un de nos frères, c’est le Christ que nous négligions ! Nous n’y pensions pas ! Et cela veut dire également que le monde n’est pas abandonné de Dieu ; il n’est pas livré à lui-même par un Dieu Pilate qui s’en lave les mains. Non : dans celui qu’on torture, c’est le Christ que l’on tourmente, c’est le Christ qui est violé, assassiné, humilié en la femme, en l’homme, en l’enfant – dans le plus petit d’entre nous.
Ne touchez pas à l’homme
La position chrétienne sur le plan social, éthique, bioéthique, sur l’avortement, la torture, la prostitution et toutes les formes de maltraitance est toujours guidée par la même conscience : là où est l’homme, là est Dieu. Et c’est le Seigneur que l’on glorifie en l’homme : Dieu est vénéré dans son image, dans son icône, dans le temple de sa gloire, sa créature bien-aimée en laquelle Il se complaît. Ne touchez pas à l’homme, dit Dieu, car c’est à moi que vous aurez à faire. Au contraire, en ce temps de carême, cultivons le sens divin de l’homme en nos frères, en nos amis et en nos ennemis !