” Le Christ est ressuscité ! ”                  ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”       

L’expérience corporelle du Christ

Apôtre Thomas

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Saint Thomas, suite… –

Le Christ bénit tous ceux qui, au cours des siècles et jusqu’à nos jours, le croient sur parole et croient sur parole ses apôtres et ses saints : « heureux ceux qui, sans voir, croient ! ». Il est dit que « la foi est une certitude de ce qu’on ne voit pas » (Hébreux 11, 1), et encore : « ce Jésus, vous l’aimez sans l’avoir vu » (1 Pierre, 1, 8). Toutefois, au cours des mêmes siècles et aujourd’hui encore, on peut dire : Heureux, ceux qui voient, qui entendent, qui touchent, qui goûtent, et qui croient ! Plusieurs paroles nous invitent à recevoir cette bénédiction-là. À la fin de la divine liturgie, nous chantons : « Nous avons vu la vraie lumière ! ». Le saint apôtre Paul atteste avoir vu le Seigneur (1 Corinthiens 9, 1). Le saint et premier martyr le diacre Étienne vit « le ciel ouvert et le Fils de l’homme » (Actes 7, 56). D’innombrables cas d’apparition du Christ depuis sa résurrection corporelle sont connus, non seulement pendant les quarante jours qui suivirent, mais également depuis son Ascension ou Exaltation.

L’expérience eucharistique

« Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon ! », dit le prophète David dans le psaume que nous lisons pendant la communion (ps. 33, 9, repris dans la première épître de l’apôtre Pierre, 2, 3). Il est vrai que, souvent, « je mange et bois ma condamnation en ne discernant pas le corps et le sang de mon Christ et mon Dieu » (prière de saint Basile avant la communion) : malheureux ceux qui ne voient pas ou ne goûtent pas ! « … ô Verbe, donne-moi tes pieds pour que je les saisisse, pour que je les baise et que j’ose les baigner de mes larmes, à la place d’une myrrhe précieuse », nous enseigne à dire saint Siméon le Nouveau Théologien avant de communier ; et il ajoute : « je te rends grâces avec mon esprit et mon cœur, avec tous mes membres, avec mon âme et ma chair, je me prosterne devant toi… »

La communion au corps et au sang du Dieu Homme est par excellence l’expérience corporelle que nous pouvons faire de lui. Et, quand nos lèvres reçoivent la parcelle vivante de son corps ressuscité, nous disons, comme Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ! » Toute notre démarche eucharistique (jeûne, repentir, prière) tend à voir et à goûter le Seigneur fait chair. Le péché c’est de ne voir ni toucher…

Manger la Parole

Nous mangeons et buvons notre Dieu parce qu’Il s’est fait chair. La Parole, le Verbe, s’est fait corps et sang. Les Anciens le disent : la Parole se mange – « ouvre le bouche et mange !… Fils d’homme, mange le rouleau que voici !» (Ézéchiel 2, 8 et 3,1 ; cf. Isaïe 6, 7) ; « J’ai mis mes paroles dans ta bouche » (Isaïe 51, 16) ; « prends le livre et mange-le ! » (Apocalypse 10, 9). Apprendre par cœur, mémoriser la parole de Dieu, c’est manger et boire, s’alimenter corporellement. Le Christ le dit au désert : l’homme se nourrit non seulement de pain mais de toute parole sortie de la bouche du Seigneur. C’est pourquoi il est dit également que « l’homme vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4, 4). Parce que l’homme se nourrit de la Parole, ses pensées et ses actes se modifient : « une joie envahit les cœurs qui gardent le trésor. Une force les emplit pour accomplir les gestes de la vie », écrit Bernard Frinking (La parole est tout près de toi, Apprendre l’Évangile pour apprendre à vivre, Bayard Éditions/Centurion, Paris, 1996) qui cite le grand et saint Moïse : « La Parole est tout près de toi. Elle est sur ta bouche et dans ton cœur et dans tes mains, pour la faire » (Deutéronome 30, 14, 70). Et l’ordonnance liturgique est faite pour qu’on assimile la Parole.

La tendresse

Bien souvent, nous touchons du doigt le Christ ; bien souvent, nous le voyons. Nous échangeons le baiser pascal : n’est-ce pas la chair du Christ ressuscité que nous vénérons ainsi ? Dieu est tendresse, nous dit la Parole (Deutéronome 1, 31 ; Marc 1, 41 ; 9, 36). Tendresse veut dire toucher. Par le contact avec autrui, nous touchons le Christ incorporé. Dans la plaie des malades, dans l’agonie des mourants, dans la sépulture de ceux qui reposent, nous touchons la blessure du Christ, sa croix et son sépulcre. Nous le touchons ressuscité en ses membres, dans la tendresse pour les enfants, dans l’amour conjugal où c’est la chair du Christ que tu épouses, dans les amis et les frères que l’on serre sur son cœur. Ce que vous faites au plus petit, c’est à moi que vous le faites, dit Dieu. Et le Seigneur, s’Il se laisse toucher et palper comme Il le fit pour Thomas, est également Celui qui nous touche, qui tire les larmes de repentir et de joie de notre cœur – ce corps du corps, selon un Ancien.

Le témoignage

L’exemple des saints nous fait toucher du doigt l’amour du Christ pour les hommes. D’innombrables saints et saintes rendent palpable la vérité, et démontrent par l’expérience qu’ils nous fournissent « combien le Seigneur est bon et doux ». Toutes chrétientés confondues, les chrétiens sont un comme Dieu est un, quand ils aiment comme Il aime et quand ils rendent sensible et corporellement accessible la vie du Christ incorporé. Le Christ est présent dans les saints par le saint Esprit, comme Il est présent dans l’oblation eucharistique, parce que les saints font de toute leur vie une eucharistie quotidienne. Le propre de la vie biblique est précisément l’incorporation de la Parole : et ceci est devenu possible parce que cette Parole s’est faite chair et parce qu’elle est passée de l’enfer à la vie absolue. Nous n’avons rien de mieux à faire pour le bien du monde et de la société civile que de rendre palpable en notre propre chair la chair transfigurée de Jésus Christ.