Autour de la fête de saint Nicolas, ont été rappelés par le Seigneur, chacun étant unique en son genre, le roi Michel de Roumanie, l’écrivain Jean d’Ormesson et le chanteur Johnny Halliday. « […] quand nous aurons gagné l’univers, nous habiterons tout de même le tombeau, les pauvres comme les rois. Aussi, ô Christ notre Dieu, donne à tes serviteurs défunts le repos, en ton amour pour les hommes ! » (Office des funérailles).
Roi et serviteur de Dieu –
Le serviteur de Dieu, Son Altesse Royale Michel, a donné l’exemple d’une grande patience chrétienne au cours des épreuves rencontrées, avec la permission de Dieu, dans sa longue vie. Pendant sa douloureuse maladie, il se préparait, comme le juste qu’il était, à rencontrer le Roi des rois. Il a été accompagné pastoralement avec beaucoup d’amour par notre Père en Dieu, notre archevêque le métropolite Joseph, qui lui apportait le Corps et le Sang du Seigneur et Roi de Gloire. Le roi est un homme public. Quand son cœur est profond, il porte la responsabilité de son peuple avec dignité, et (cf. Ps. 68, 10) les humiliations que reçoit celui-ci retombent sur lui. Un roi a mal à son peuple. Le serviteur de Dieu et roi Michel de Roumanie nous a donné d’un roi de ce monde l’image exemplaire de la sérénité et de l’humilité. Il sera inhumé à Curtea de Argesh.
Des rois dans leur domaine
« L’Église n’est pas du monde, mais elle est dans le monde, et ce qui s’y passe ne lui est pas étranger. La France vient de perdre deux grandes personnalités d’ordre culturel, l’écrivain Jean d’Ormesson et le chanteur Johnny Halliday, célèbres dans le monde entier. Je voudrais souligner quelques aspects spirituels de ces grands personnages.
« Il y a autour de leurs personnes et de leurs œuvres une certaine unanimité, un consensus, ce qui est rare. Ils fédèrent les gens, les réunissent, unifient notre pays. C’est précieux, surtout dans une période qui est pleine de forces contradictoires, où l’identité même de notre peuple et de sa culture est souvent mise en cause et dont personne ne peut prédire où cela nous conduira.
Johnny Halliday
« Il y avait chez ces deux grands artistes un aspect spirituel.
« Johnny Halliday portait toujours sur lui une grande croix pectorale, bien visible, avec la représentation du Christ, non pas par coquetterie vestimentaire ou par mode, mais sérieusement. Faire cela à une époque où l’on veut retirer les croix de l’espace public, comme si l’on voulait éliminer le Christ de notre histoire et de notre mémoire collective, était un signe prophétique. Il a su utiliser sa notoriété pour confesser le Christ. C’était sa façon d’être «missionnaire ».
« Tout passe, tout finit, tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre toujours, qu’est-ce que je deviens ? » (Jean d’Ormesson)
« Jean d’Ormesson, qui était baptisé, mais qui ne cessait de se poser la question de Dieu – sans oser s’engager pour lui et le confesser explicitement – représentait bien les intellectuels européens issus de la Scholastique. On croit intellectuellement en Dieu, parce que la raison nous pousse à le faire, mais on vit comme s’Il n’existait pas. Le drame spirituel de la Scholastique est d’avoir séparé l’intelligence du cœur, alors que toute la tradition chrétienne de l’Église indivise nous enseigne que l’intelligence doit descendre dans le cœur, qui est le centre de notre être total, le tabernacle de Dieu. Si notre « connaissance » de Dieu n’est qu’intellectuelle, cérébrale, rationnelle, Dieu n’est plus alors qu’une « idée » parmi d’autres, un simple concept, et on ne peut pas faire réellement l’expérience de Dieu. La Scholastique a été, en fait, la source de l’athéisme philosophique et des pseudo-lumières du 18ème siècle, qui ont mis l’intelligence humaine à la place de Dieu. Mais Jean d’Ormesson a eu le courage d’aborder souvent ces sujets, en public, ce qui signifiait qu’il s’en préoccupait, malgré son amour de la vie et de ses plaisirs. J’ajoute qu’il a très bien parlé de la mort, et souvent, d’une façon sereine : il s’y était préparé. Sa récente maladie, qui aurait dû l’emporter, lui avait ouvert les yeux du cœur. Il était certainement beaucoup plus proche de Dieu qu’il ne le pensait. Maintenant, il a « vu ». » (P. Noël Tanazacq, Paris).
Ces personnes sont mentionnées parmi les défunts, au cours des offices de l’Église. Que le Seigneur leur pardonne tous leurs péchés et leur accorde le repos !
> photo : Michel de Roumanie