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La vision de l’homme en Afrique

Carte_Afrique

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Spécificité de l’anthropologie africaine –

[…] La conception anthropologique de l’homme en Afrique se distingue fondamentalement de l’anthropologie révélée de la Tradition chrétienne. Elle entretient des liens de profonde similitude avec l’anthropologie de la civilisation de l’Égypte antique. Certains aspects de cette conception anthropologique propre à l’Afrique, en usage sur tout le continent, depuis les temps antiques jusqu’à nos jours, se retrouvent aussi dans les cultures de l’Extrême-Orient.

La prise en considération des savoirs sur l’homme propres aux différentes traditions culturelles et religieuses africaines révèle que les dimensions constitutives de l’être humain sont en nombre variable d’une culture à l’autre. Toutefois, elles se trouvent toutes, sous diverses appellations et dénominations sur le fondement anthropologique propre à la civilisation de l’ancienne Égypte. Les anciens Égyptiens identifiaient, en dehors du corps, de l’âme et de l’esprit, constituants anthropologiques propres à la tradition judéo-chrétienne, d’autres instances que nous retrouvons dans les cultures africaines, portant ainsi à neuf, (l’esprit, l’âme et le corps inclus), les dimensions constitutives de la nature humaine : au corps, à l’esprit et à l’âme/souffle, sont adjoints : la force vitale, le cœur, l’ombre, l’énergie spirituelle, le nom et le double.

Les constituants anthropologiques

Nous énumérons ci-dessous, les différents constituants de cette anthropologie. En raison de la diversité des langues, et des différentes appellations que reçoivent ses instances d’une culture à l’autre, nous garderons dans cette énumération les termes de référence en usage dans la langue de l’ancienne Égypte.

  1. le corps physique (khat /djet) unique composant matériel de l’homme. Il est périssable et dégénère après la mort ;
  2. l’esprit (akh ou akhou) est le nom donné à la part impérissable, de nature lumineuse qui rejoint les demeures célestes à la fin de la vie sur terre et contribue à la survie de la personne dans l’au-delà ;
  3. l’âme ou le souffle (ba/baï) qui est, non pas une partie intégrante de l’être, mais l’être lui-même tout entier, en tant qu’il est doué de vie, fait de l’homme une âme vivante. Elle quitte le corps après la mort. L’esprit et elle, sont considérés comme deux instances immatérielles et impérissables de la nature humaine ;
  4. la force vitale (ka) n’est utile pour l’homme que lorsqu’il est en vie. C’est elle qui soutient et assure la garde de la vie de l’homme. Elle est une substance immatérielle périssable qui quitte le corps juste avant la mort. Dans les traditions africaines, la fin de la vie, consécutive à l’usure du corps est considérée, non comme une conséquence du péché, mais comme une déperdition de la force vitale. Cette dernière, nécessaire au maintien de la vie et à sa croissance est une force subsistante, durant tout le cycle de la vie sur terre, susceptible d’accroissement et de diminution. La conception de la vie comme force dynamique et non statique est un trait spécifique de l’ontologie africaine. […]

Les rites de protection

Certaines instances anthropologiques, à défaut de nécessiter une vivification périodique, requièrent d’être protégées de toute atteinte à leur intégrité naturelle provenant d’actes occultes de captation, d’inhibition de leur fonction ou d’atteinte préjudiciable à cette dernière. De telles actions sont imputables à des actes occultes de la part de personnes malveillantes. Ces actes peuvent provoquer une perte totale ou partielle de la conscience de la personne visée, un amoindrissement de sa vie psychique, voire des troubles mentaux pouvant entraîner la folie, et dans les cas extrêmes, une perte de la vie. Les instances visées par ces actes occultes sont les suivantes :

  1. le cœur (ib ou ab), le siège de la pensée, centre de la mémoire et de la conscience morale ;
  2. l’ombre (khaibitou shout) accompagne le vivant et ne le quitte qu’après sa mort. On l’appelle également « ombre du défunt », susceptible de manifestation après le décès de la personne ;
  3. la puissance de l’énergie spirituelle (sekhem) est l’expression de l’autorité de la personne ;
  4. le nom (ren ou nyi) est l’élément fondamental qui exprime l’essence de l’être humain. Il est le garant de son identité, de sa vocation et du programme de sa vie. Le prononcer, c’est agir sur celui qui le porte ;
  5. le double, corps éthérique (sahou) ou double éthéré, ou encore « corps de désir » ou corps spirituel. Il est constitué par l’addition de l’ombre et du souffle.

Heurs et malheurs

Dans l’Afrique traditionnelle, tout revers de fortune et tout malheur sont soumis à une grille d’analyse et d’interprétation, déterminée par une loi causale qui trouve sa justification dans les fondements religieux des sociétés africaines. Les désastres et les malheurs n’arrivant jamais seuls, selon l’adage populaire, ceux-ci sont rarement perçus en Afrique comme une conséquence du péché ou d’actes personnels, mais sont toujours imputés à la volonté délibérée d’un tiers de porter atteinte à la vie d’une personne, vivante ou défunte. Les responsables de ces actes de nuisances délibérées peuvent aussi être des personnes vivantes ou défuntes. Ces actions occultes provoquent l’ébranlement de toute l’assise existentielle de la personne visée, la ruine de toutes ses entreprises, des désastres en boucle qui affectent non seulement sa vie, mais aussi celle de sa famille, l’affaiblissement des différents suppôts spirituels de sa personne garants de l’ancrage de son existence dans le monde social, et à la faveur desquels s’instaure une union harmonieuse avec les puissances du monde visible et invisible. […]

Rites sacrificiels

Ainsi voyons-nous, en Afrique, la vie sociale et personnelle requérir, en considération de l’assise anthropologique de la personne et de son lien vital avec le monde spirituel, des rites sacrificiels propitiatoires périodiques, qui garantissent à toute personne vivante un rapport harmonieux avec les puissances spirituelles. Ces rites assurent à quiconque les honorent une pleine possession de son humanité, une relation pacifique exempte de trouble avec les puissances tutélaires familiales ou ethniques, un commerce heureux avec les divinités sous-ciel dont on peut ainsi se concilier les pouvoirs, l’assistance ainsi que des aides attendues. Le bénéfice de ces faveurs spirituelles permet de détourner les mauvais sorts, d’être à l’abri des revers de fortune, de vivre une vie exempte de nécessité, de jouir en toute sérénité de la réussite sociale espérée ainsi que de la prospérité dans les activités entreprises. […]

L’anthropologie africaine à la lumière de la Révélation, Jacques Agbodjan, février 2016