Où est le Dieu d’amour ? –
Il nous est généralement recommandé, notamment pendant le grand Carême, et, tout particulièrement pendant l’épidémie que connaît la planète, de lire les psaumes de façon continue. Idéalement, chacun d’entre nous pourrait avoir lu le psautier en entier chaque semaine, et donc plusieurs fois pendant le Carême. Toutefois, cette lecture se heurte à certains obstacles. Par exemple, il nous est difficile de lire les psaumes qui parlent de malédiction de l’ennemi, de ses enfants et de sa famille, et nombre de psaumes qui délivrent un message très violent. Nous ne reconnaissons pas le Dieu d’amour qui a pour visage celui du Christ.
Continuer la lecture
Plusieurs attitudes s’offrent à nous, de façon à ne pas nous décourager et abandonner la lecture ! La première consiste à omettre purement et simplement ces passages pour le moment. Continuons à lire, sans nous laisser troubler ! N’ayons pas honte : ces versets, peut-être ce psaume entier, ne sont pas pour moi aujourd’hui, ou en ce moment. Plus tard, j’y reviendrai ; peut-être cette parole paradoxale s’éclairera-t-elle pour moi… Mais n’entrons pas en conflit avec la parole de Dieu. Ceci est utile, bien sûr, pour bien d’autres passages de la Bible, dans les livres historiques et prophétiques.
Dieu à l’image de l’homme
Une autre attitude : replacer ces versets dans leur contexte. Ils font écho à une époque de violence où le comportement de Dieu est interprété sur le modèle humain. Le psalmiste, en quelque sorte, attend de Dieu qu’Il se comporte comme lui, et qu’il prenne en charge ses propres désirs de vengeance. D’ailleurs, le Seigneur le dit : « tu m’as imaginé semblable à toi ! » (Ps. 49, 21), mais « mes pensées ne sont pas les vôtres » (Isaïe 55,8). Dans un bon nombre de psaumes, la mentalité humaine est attribuée à Dieu. Il faudra que Dieu se fasse homme pour nous révéler qu’Il est très différent de ce que nous imaginions, et surtout, très différent de nous !Il est très bon, très humain, plus humain que nous ! Depuis l’Incarnation, qui a mis fin à l’anthropomorphisme, il n’est plus possible à l’homme de se représenter la Divinité à sa propre image.
Dieu s’adapte à nous
Nous pouvons également comprendre que Dieu s’adapte aux gens et à leur mentalité : Il est dur avec ceux qui le sont. David dans un cantique le lui dit : « avec le pur Tu es pur, avec le pervers, Tu es retords » (2 Samuel, 22, 26-27). Nos pères dans la foi étaient très conscients de la présence de Dieu dans leur histoire personnelle et nationale. Et ils voyaient bien, connaissant leurs propres fautes, comment le Seigneur, pour rester avec eux dans les épreuves qu’ils traversaient, assumer leurs propres limites. Ils savaient que Dieu était de leur côté, mais qu’Il cherchait à les éduquer. Dans les psaumes, il y a des bons exemples, du point de vue du comportement, mais il y a également des exemples à ne pas suivre : notre conscience, par le saint Esprit, le sait très bien. La lecture des psaumes, comme de toute la Bible, doit être une lecture inspirée. L’Esprit nous donne le discernement, nous dégageons bien la cohérence du message divin ; nous comprenons que, dans le fond, Dieu veut la justice, certes, mais plutôt par les voies de la miséricorde, de la patience et de la remise des dettes. Bien sûr, il est question de vengeance dans les psaumes : mais Dieu ne dit pas que cela !
Révélation progressive
Ceci fait comprendre que, historiquement, Dieu commence seulement dans les psaumes à se révéler le Miséricordieux qu’Il est. Il a fallu des siècles pour que la révélation de lui-même soit accessible. Dans les psaumes, et dans l’enseignement des prophètes, on distingue progressivement le message d’avenir qu’envoie le Seigneur, message de douceur, de compassion et de pardon des ennemis. Mais, bien sûr, à l’époque des psaumes, Dieu ne s’était pas encore incarné ! C’est en se faisant homme et en se faisant chair qu’Il va se faire connaître dans toute la puissance de son pardon. C’est pour cela qu’Il a choisi de monter sur la Croix, justement pour faire violence à la violence. Quand nous lisons les psaumes, ayons à l’esprit cette révélation progressive que le Seigneur fait de lui-même ; apprenons à discerner comment le message évangélique pointe ! Nous lisons le saint Évangile avant de lire les psaumes : c’est lui la clef de la Bible, même si, bien entendu, toute la Bible explique l’Évangile auquel elle aboutit.
Interpréter au deuxième degré
Enfin, une bonne méthode, quand on lit les psaumes : interpréter les passages paradoxaux au 2ème degré. La guerre dont il s’agit si souvent est le combat que nous mènent les adversaires : les « pensées », celles qui se rapportent aux passions de base, luxure, gourmandise, amour de l’argent, tristesse, vanité, colère, domination, orgueil ; celles qui concernent la Foi. Des suggestions diaboliques nous disent, comme à Adam au Paradis, que Dieu nous veut du mal, ou qu’Il n’existe pas ; elles tendent à nous faire douter de la divinité du Seigneur Jésus, de la virginité de sa Mère très pure, de la miséricorde de Dieu ou de tel article du Symbole.
Qui sont nos ennemis ?
Les “ennemis” sont ainsi des idées perverses, des tentations, des idées méchantes, négatives ou fausses qui s’attaquent à notre esprit ; et le croyant demande à Dieu de les détruire en les confrontant à sa vérité : « bienheureux qui saisira tes petits enfants, dit un verset, et les brisera contre la Pierre » (Ps. 136, 9), c’est-à-dire qui réfutera par la Parole les idées des ennemis visibles et invisibles de notre foi. En fait, dans le combat invisible, Dieu ne détruit pas le Diable, Il lui ôte son pouvoir et nous donne la grâce du repentir et celle de la vraie foi. Il nous inspire le discernement et le courage, quelquefois la force nécessaire, pour dénoncer les suggestions indignes d’un vrai croyant qui surgissent dans notre esprit et dans notre cœur.