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Evangile du 3eme dimanche de l’Avent : Luc 18, 18-27

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Orthodoxement corrects –

Nous préparons la glorieuse Nativité historique du Messie et Verbe de Dieu, et son retour plus glorieux encore au terme de l’Histoire. L’Esprit saint, par la bouche de ce même Verbe, nous invite à réévaluer notre vie que nous prétendons chrétienne. Mais oui : nous pensons être chrétiens, bien sûr ! Qui nous dira le contraire ? Nous accomplissons les commandements, nous sommes en règle avec une certaine loi religieuse, avec une certaine religion légaliste et formaliste : tout va bien ! Nous sommes chrétiennement et orthodoxement corrects. Nous sommes riches, non seulement de biens matériels, pour certains d’entre nous, mais encore de bien culturels et religieux. Les Orthodoxes que nous sommes sont riches de leur tradition liturgique, de leur enseignement ascétique, de leur superbe et insurpassable théologie ; riches de leur culture iconographique et hymnologique ; riches également en orgueil national. Nous sommes les riches parmi les chrétiens.

La Tradition

Le trésor de l’Orthodoxie, de la tradition des saints Pères égaux aux Apôtres, est magnifique et nous en sommes, à juste titre, fiers. Pour la plupart d’entre nous, c’est « depuis la jeunesse » que nous avons gardé les saintes traditions de nos Pères. Voilà un mot magnifique : « garder » ! Ce mot signifie protéger des ennemis, monter la garde. Il signifie également garder au chaud, ou au frais, selon la circonstance, garder vivants les biens que nous avons hérités de la tradition biblique et patristique. « Garder » définit la Tradition : nous gardons celle-ci sans la laisser altérer, sans y ajouter et sans en retrancher quoi que ce soit, jusqu’au retour glorieux du Fils que nous attendons. « Garder » se complète bien avec « transmettre ». La Mère de Dieu « gardait dans son cœur », est-il dit, tout ce qu’elle entendait de son divin Fils. Elle le transmettait également aux Apôtres qui l’entouraient. Il est donc béni de garder les commandements et l’ensemble de la Tradition, avec un cœur jeune, virginal et pur.

Dépenser les biens

Pourtant, comme à celui qui thésaurisait les richesses matérielles, il nous est dit par le Sauveur que ce n’est pas tout. Nos richesses religieuses, comme celles que nous acquérons dans le monde, ne sont pas faites pour être capitalisées ; ne soyons pas des capitalistes religieux ! Le Christ nous le dit aujourd’hui. Il nous initie, non à dilapider les biens matériels ou religieux, à les gâcher, à les brader dans le modernisme ou le relativisme ; Il ne nous encourage pas à la paresse ou à la négligence à l’égard des commandements et du patrimoine religieux que nous avons hérité des saints Pères et de l’ensemble de l’Église. Non : Il nous invite à les distribuer, à les partager avec ceux qui n’en sont pas, ces innombrables personnes qui ne savent rien ni de Dieu, ni de l’Église, ni de l’Orthodoxie. Nous sommes appelés à dépenser ces biens de façon missionnaire.

Du religieux au mystique

Mais ce n’est pas encore tout ! Quand nous aurons cessé de nous enorgueillir de notre tradition vénérable, quand nous serons donc devenus « pauvres dans l’Esprit », une belle voie s’ouvrira devant nous : « viens ! Suis-moi ! » Plus que les richesses de ce monde et de l’Église elle-même, est infiniment précieuse la relation personnelle, intime, mystique, amicale avec le Sauveur. Tel peut être l’enjeu proposé à cette belle période de l’Avent : accueillir le Christ qui vient ; suivre le Christ présent ; reconnaître le Christ comme Seigneur de ma vie, Ami de ma vie, unique amour de ma vie. Quand le Seigneur Jésus devient mon tout, tout le reste, même ce qui est bon et vénérable, même les vertus, même le respect de la Loi, tout devient petit. Encore est-il clair que le respect de la Tradition conduit au moment où la religion se mue en mystique – Jésus reconnu comme Seigneur de ma vie.

(Radio Notre-Dame, « Lumières de l’Orthodoxie », 29 novembre 2020)