” Le Christ est ressuscité ! ”                  ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”       

Le rôle des chrétiens et des serviteurs de l’Église pendant l’épidémie.

pretre orthodoxe DR

Partagez :

Les souffrances du temps présent –

L’épidémie de coronavirus, comme on le voit de plus en plus, apporte beaucoup de souffrance, de mort et de solitude. Nous tremblons en pensant à ceux qui se retrouvent à l’hôpital, dans de terribles souffrances, sans pouvoir être proches de leurs familles, mourant seuls, sans pouvoir se confesser, communier, voir un prêtre. C’est une souffrance pas du tout anodine, et malheureusement pas du tout rare. Alors comment nous, les chrétiens, pouvons faire quelque chose pour soulager cette souffrance, pour aider et réconforter les malades, pour montrer notre amour pour notre prochain?

Épidémie au passé et au présent

À des époques similaires dans le passé, les chrétiens prenaient soin des malades, les soignaient, ne les laissaient pas seuls quand la société ou la famille les abandonnaient: je voudrais comparer cela avec ce qui se passe maintenant, et offrir une réflexion sur comment cet idéal chrétien se traduirait-il aujourd’hui.

Comme nous le savons, l’épidémie actuelle est particulière au moins de deux points de vue. Le premier est que les patients atteints de coronavirus ne peuvent être aidés que de manière hautement spécialisée par les médecins des hôpitaux. Notre rôle en tant que chrétiens n’est donc pas de nous occuper directement des soins médicaux des malades; la société d’aujourd’hui, basée sur un modèle chrétien, a une structure bien développée, et fait cela beaucoup mieux que nous ne le pourrions.

La deuxième différence est que beaucoup transmettent la maladie sans présenter eux-mêmes des symptômes. Ce qui nous met dans un rôle très ingrat, celui de toujours risquer de rendre malade notre entourage sans savoir si nous sommes nous-mêmes malades ou non. Et donc au paradoxe que pour protéger les autres, nous devons nous en éloigner. Et porter un masque lorsque nous devons nous en rapprocher. Cette «distance sociale» et le port du masque est en fait le sujet principal dont je veux parler et qui est quelque chose de nouveau dans l’histoire de l’Église, quelque chose qui, je pense, mérite une approche particulière dans le contexte de ce que nous vivons maintenant.

Une ascèse

La première chose que je voudrais dire, c’est qu’il s’agit d’une ascèse. Et peut-être que cette discussion convient d’autant mieux que nous sommes dans une période d’ascèse plus sévère de l’Église, dans le carême de Noël. Tout d’abord, l’ascèse de la distance apparente de l’autre, l’ascèse du manque de toucher, de rencontre. Et puis l’ascèse de porter un masque, le poids de se sentir parfois étouffé, effrayé par le manque apparent d’air. Celles-ci nous sont maintenant demandées en signe d’amour, pour ne pas rendre l’autre malade par la proximité physique.

Je trouve cette exigence de porter un masque extrêmement chrétienne et orthodoxe, et finalement un test pour chacun de nous. Est-ce que nous aimons suffisamment notre prochain pour le faire, le respectons-nous suffisamment, pouvons-nous surmonter notre impuissance et notre inconfort par amour pour lui?

L’humilité

Mais porter un masque n’est pas seulement une ascèse, mais aussi un geste d’humilité. On dit parfois que c’est ridicule, que nous n’avons pas l’air bien, que nous nous moquons de nous-mêmes. Mais nous devons nous souvenir du Seigneur dont nous sommes les serviteurs. Qu’est-ce que le Christ, notre Seigneur, a fait quand Il a été crucifié? N’a-t-Il pas été moqué, ridiculisé, craché dessus, et a tout enduré avec amour? Si nous sommes Ses serviteurs, ne pouvons-nous pas supporter le ridicule d’un masque devant le monde, par amour pour ceux qui nous entourent?

Humilité également, parce que nous obéissons. Obéir, non pas à nous-mêmes, ni à ce que nous entendons sur les médias et les réseaux sociaux, mais à l’Église. Qui par la bouche et l’exemple de nos évêques, à commencer par notre patriarche, nous exhorte très clairement au port d’un masque dans les églises.

L’amour du prochain

Suivre ces règles est donc pour nous un test d’ascèse et d’humilité. Si dans le passé l’épreuve des chrétiens était d’être martyrisés pour ne pas abandonner le Christ, ou s’exposer aux risques de maladie et de mort pour prendre soin des autres, notre épreuve à nous, en tant que beaucoup plus faibles dans la foi, est bien plus facile. On nous demande de montrer notre amour pour ceux qui nous entourent à travers ce petit effort, à travers ce geste de jeûne et d’ascèse, en gardant la distance et en portant un masque.

Et je dois le dire, avec beaucoup de douleur dans mon âme, que c’est un test que la plupart des chrétiens orthodoxes n’ont pas réussi à passer. Les chrétiens orthodoxes, en particulier les Roumains, sont les champions du non-respect du port du masque à l’église. Combien de croyants se révoltent plutôt, trouvant des excuses, disant que ce n’est pas spirituel, que c’est trop dur, que le port du masque et le respect de certaines règles est une persécution et une privation de liberté ?

L’illusion

Je pense que c’est l’une des situations les plus tristes de l’histoire de l’Église, mais le Seigneur nous a avertis: “Et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu.” (Jean 16:2) Et c’est le cas maintenant, il y a ceux qui ne veulent pas suivre ces règles simples et ainsi mettent en danger la vie de ceux qui les entourent. Et cela parce qu’il leur semble que ces règles ne sont pas spirituelles, qu’elles ne sont pas appropriées à l’église et qu’ils s’imaginent qu’en les rejetant, ils glorifient Dieu. Et parce qu’ils confondent la liberté, la foi, la bravoure et le fait de tenter Dieu.

On nous donne souvent l’exemple des saints qui par leur foi déplaçaient les montagnes, qui n’avaient pas peur de la maladie, qui se tenaient au milieu du feu et qui étaient mordus par des serpents venimeux, sans que rien leur arrive. Mais nous oublions qu’en comparaison avec eux nous ne sommes que des enfants naïfs, et que nous avons beaucoup moins de foi. Nous sommes dans l’auto-illusion d’être de grands thaumaturges, mais nous sommes trompés par l’orgueil. Dieu n’est pas un magicien et les vrais miracles sont rares, ils sont révélés à ceux qui sont vraiment avancés dans la foi et on ne peut pas les demander comme à un distributeur automatique.

Les victimes

Et malheureusement, à cause de cette tromperie, le nombre de croyants, et même de prêtres, d’évêques, voire de patriarches, qui tombent malades et meurent à cause du coronavirus, continue d’augmenter de jour en jour. Et ces serviteurs de l’Église sont un trésor difficile à remplacer ; beaucoup d’entre eux sont vieux et malades, et devraient être les premiers à être protégés, mais ils sont malheureusement parfois les premières victimes de la maladie à cause du comportement des fidèles ou des concélébrants.

Et nous continuons à voir chaque jour des photos et des vidéos avec des églises pleines de gens qui ne respectent pas les règles, et beaucoup des fidèles deviennent malheureusement des agents de propagande contre ces règles. Et nous devenons ainsi co-responsables pour la souffrance du monde ; au lieu de la soulager nous l’amplifions, en échouant profondément dans notre rôle de chrétiens qui devraient aider, rechercher et réconforter ceux qui nous entourent.

Le rôle des chrétiens

Mais au contraire, l’Église pourrait être exactement ce moteur, ce cœur et centre à partir duquel commence la lutte contre la maladie, la source qui ferait jaillir l’attention et l’amour pour les autres, l’exhortation vers l’ascèse du respect des règles qui aiderait à réduire la souffrance de nos frères.

Alors, en conclusion, quel est notre rôle en tant que chrétiens au milieu de l’épidémie actuelle? Tout d’abord, protéger ceux qui nous entourent, leur montrer notre amour en respectant les règles et en portant un masque, car ce n’est pas un signe de peur et de manque de foi, mais un signe d’amour. À cela s’ajoute ce qu’il ne faut jamais oublier, aider ceux qui souffrent physiquement ou matériellement, être présent à côté de ceux qui sont seuls.

Deuxièmement, se repentir de tout son cœur. Et se rendre compte de la chose suivante : tout ce qui se passe est un signe du Seigneur qui nous envoie chercher les problèmes qui sont en nous, et pas seulement les problèmes dans les autres. Quand on ne peut plus célébrer la Liturgie avec des fidèles, ou quand un grand pèlerinage ne peut plus se tenir, au lieu de se déclarer persécutés, il faudrait peut-être plutôt se tourner vers soi-même, se demandant: n’est pas tout cela permis du Seigneur comme message, comme Son appel à nous transformer, à nous changer nous-mêmes? Ne voudrait-Il pas nous dire quelque chose par cela?

Continuons donc nos vies dans la paix, sans crainte, fortifiant et encourageant ceux qui nous entourent, réconfortant et apportant du soulagement quand nous le pouvons, en obéissant le Seigneur, et en suivant les règles. Et avec un cœur en paix pour avoir fait notre devoir, avec confiance dans le Seigneur et avec la conviction que « Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur ». (Romains 14:8)

Presbytera Cristina Bena (paroisse orthodoxe de Palaiseau)