Le roi de la Création –
D’après l’enseignement biblique et patristique, l’homme n’est pas un étranger dans la Création. Et celle-ci n’est pas un objet ou une « chose ». Le 2ème chapitre de la Genèse montre que l’homme est responsable devant le Créateur des créatures qui lui sont confiées. Celles-ci témoignent par leur existence de la bonté et de la générosité divines. Elles attestent que le Seigneur a pour l’homme un projet grandiose.
L’objectivation des créatures
Le péché sous toutes ses formes altère la qualité de l’échange divino humain. La convoitise, la rapacité, la gourmandise, la jouissance égoïste font que les créatures perdent leur transparence à la présence de leur Donateur divin. Elles sont objectivées dans un consumérisme généralisé. Elles perdent beaucoup de leur capacité à faire communier l’homme à la joie de son Maître.
La dignité de l’homme
Le grand et saint Carême de Pâques, comme toutes les périodes de jeûne et d’abstinence transmises par l’expérience de la Bible et des Pères, a pour enjeu la restauration de la responsabilité de l’homme par rapport à la Création. L’homme jeûne ou s’abstient de certaines nourritures pour retrouver le statut eucharistique des créatures : leur dignité dans le dialogue divino humain, leur capacité d’assurer l’échange interpersonnel de l’homme et de Dieu. C’est pourquoi ces périodes ont un caractère festif, en dépit des contresens qui peuvent circuler à leur égard. Elles marquent la célébration de la familiarité retrouvée, et de la dignité humaine retrouvée. En blessant les créatures ou en les objectivant, l’homme se nuit en effet à lui-même.
Le jeûne et le cosmos
Le comportement ascétique de l’homme est gratifiant pour le monde et pour la Création tout entière. Pourquoi ? – parce qu’il consiste à extirper les racines de tout ce qui fait souffrir les autres, personnes humaines et créatures visibles et invisibles. Jeûner de l’esprit de prédation est une lutte pour libérer la société et la Création de ce qui les détruisent. Le premier pas dans une réforme de l’économie et de la société civile – dans une réforme de la politique de ce monde – est le jeûne accompli avec foi et dans la prière. Le Christ notre Maître jeûnait et priait.