Les arrhes de l’Esprit –
L’homme a reçu, au Paradis (Gen. 2, 7), les “arrhes” de l’Esprit, selon saint Paul (2 Co 1, 22). C’est la grâce ou énergie incréée et non le saint Esprit en plénitude. Au cours de l’Histoire, des hommes et des femmes ont été animés par l’expérience de l’Esprit: Celui-ci “a parlé par les prophètes” (Symbole de la Foi); pensons à Abraham, à Déborah… Ce n’était toujours pas la plénitude. Mais, par l’Esprit, Abraham a vu à l’avance le Jour du Sauveur Jésus, comme Celui-ci l’affirme (Jn 8, 56). Dans toutes les traditions religieuses l’Esprit a agi, conduisant les justes de toutes les nations à la connaissance parfaite de la vérité en Jésus-Christ: par le saint Esprit, les mages païens ont été guidés jusqu’à Bethléem pour adorer le Sauveur. Ce n’était toujours pas la plénitude de l’Esprit. Les saints Pères distinguent la personne ou hypostase de l’Esprit et ses énergies ou sa grâce.
La Pentecôte
La plénitude de l’Esprit est advenue historiquement par la descente du Paraclet à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Il est venu sur ceux qui croyaient en Jésus Christ, les apôtres et les disciples et, par eux, sur ceux qui les entouraient. La première condition pour recevoir le saint Esprit est donc de croire en Jésus Christ. Or, on croit en Jésus-Christ par l’action du saint Esprit! Mais ce n’est pas encore la plénitude: l’Esprit vient dans la totalité de ses dons sur ceux en qui Il a au préalable suscité la foi en Jésus Seigneur.
Le saint baptême
Nous retrouvons ce phénomène dans la triple initiation chrétienne: par le saint Esprit, une personne confesse que Jésus est Seigneur et elle est immergée en son Nom. Ensuite, sur elle vient la plénitude de l’Esprit en ses dons par l’onction du saint chrême. Ensuite, dans l’Eucharistie, le fidèle communie au corps et au sang du Fils de Dieu, eux-mêmes saturés de la grâce du saint Esprit: la communion eucharistique est ainsi, non seulement une communion au Verbe fait homme, mais la communion à l’Esprit qui l’habite depuis la source paternelle d’où Il jaillit.
Faire la volonté du Père
En croyant en Jésus et en suivant son enseignement, on s’ouvre à la venue de l’Esprit; si l’on est déjà baptisé, c’est par la foi en Jésus Christ et en obéissant à son enseignement, c’est-à-dire en faisant la volonté du Père qu’Il incarne, que l’on actualise les dons qu’on a reçus en plénitude. La vie chrétienne n’est pas autre chose que l’actualisation du don du saint Esprit reçu au baptême et à la chrismation. Celui qui confesse la vraie foi et qui est baptisé dans l’Église du Christ n’a pas à recevoir le saint Esprit: il l’a déjà reçu!
La satiété et la soif
Le Seigneur dit que celui qui a reçu l’Esprit n’aura plus jamais soif (Jn 6, 35). En revanche, il appartient à celui-ci de toucher en quelque sorte cet héritage et de le mettre en oeuvre. “Acquérir le saint Esprit”, selon saint Séraphin veut dire, non gagner ce que l’on n’a pas, mais faire fructifier ce que l’on a. Cela veut dire également que la plénitude n’a pas de limite et que celui même qui a reçu toute grâce et tout don au saint baptême peut, pendant toute sa vie, demander à nouveau ce don, et cela sans fin, en tout cas dans ce monde. On n’a plus soif, parce qu’on a tout reçu et en même temps on est insatiable d’amour: encore et encore de ce qui n’est pas quantifiable!
L’ascèse
Faire la volonté du Père demande un renoncement quotidien à notre volonté propre, à notre amour pour nous-même, à nos passions, principalement à l’égoïsme. C’est ce qu’on appelle l’ascèse, qui n’a rien à voir avec la morale. Il n’y a pas de possibilité de jouir des dons de l’Esprit, qu’on a pourtant reçus au baptême, sans ascèse, c’est-à-dire sans “s’exercer” à faire la volonté du Père manifestée dans le Fils. L’expérience ascétique tient une place essentielle dans la tradition de l’Église: jeûne, repentir, reconnaissance de nos péchés devant témoin, réconciliation fraternelle, aumône, écoute attentive de la Parole.
La prière
Pensons tout spécialement à la prière, liturgique ou solitaire. Elle est une mise en oeuvre de la grâce qui nous habite. C’est vrai de la prière dite “du cœur”, comme de toute prière. Chaque fois que nous nous adressons au Seigneur avec sincérité, la grâce du saint Esprit qui est dans notre cœur conscient, tend à émerger. L’Esprit Lui-même nous invite à prier le Seigneur Jésus : Il est ainsi à l’origine de notre prière tout autant qu’il en est, en sa grâce, le fruit.
La connaissance de la vérité
Les saints ne connaissent pas seulement les arrhes de l’Esprit comme le premier homme et comme les justes de toutes les nations, spécialement du Peuple élu; les saints jouissent de la plénitude de la grâce du saint Esprit, par laquelle ils communient à la vérité, c’est-à-dire à l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit. Telle est la connaissance parfaite de la vérité, et elle n’est possible que par la plénitude du saint Esprit, comme l’a enseigné saint Sophrone le Nouveau.