Transfiguration et théophanie –
Aujourd’hui est l’après-fête de la Dormition de la Mère de Dieu. C’est l’aboutissement du cycle de la Transfiguration, puisque tout ce mois d’août était conduit par ce grand mystère : nous avons glorifié la transfiguration du Sauveur le Dieu Homme, le 6 août, et nous avons célébré la transfiguration de sa Mère très pure, première créature déifiée et sanctifiée, le 15. La transfiguration est toujours une manifestation de la Divinité dans la transparence des créatures et, tout particulièrement, dans celle de la nature humaine. Une transfiguration est d’une certaine façon une théophanie.
Transfiguration et célébration
Transfiguré sur la montagne, le Christ est également transfiguré dans l’évangile de la multiplication des pains, dimanche dernier, et dans celui de la tempête apaisée, en ce 9ème dimanche après la Pentecôte. Notre adoration et notre culte s’orientent vers lui, dans l’héritage des saints apôtres qui « se prosternèrent devant Jésus en disant : Tu es vraiment le Fils de Dieu ! » Comme sur le Thabor, ils sont bouleversés et ont ce geste spontané : se jeter aux pieds du Christ transfiguré. Devant la Vierge transfigurée également nous nous prosternons en disant dans les tropaires de la Fête et de l’après-fête : « Tu es vraiment la Mère de Dieu ! » ; « tu es la Mère de la Vie ! »
La Barque Église
Ici est le mystère de l’Église, fondé sur la foi, sur la perception de la lumière et de la grâce incréées, sur la révélation de la personne divine et de la personne humaine toutes deux radieuses. L’Église, qui trouve son symbole dans la barque portant la communauté des fidèles réunie autour de son Maître le Christ, se trouve « au milieu de la mer, harcelée par les vagues, sous un vent contraire ». L’évangile, chaque dimanche, comporte un message pour notre temps, nous le voyons bien. Les temps que nous vivons sont difficiles, et ceux qui viennent le seront également. Rien ne prévaudra contre l’Église, si toutefois nous nous tenons en son intérieur, évitant l’imprudence de l’apôtre qui en sortit et qui fut « sur le point de couler ». « Notre expérience chrétienne personnelle se stabilise et se renforce grâce à notre incorporation dans le corps mystique du Christ. C’est dans l’expérience ecclésiale que notre profession de foi prend sa force », rappelle l’archevêque Anastase.
Le temple de l’Esprit
La force de la communauté des baptisés est dans son rassemblement à l’intérieur de la coque formée par la foi ancestrale, la tradition liturgique, l’expérience ascétique, la fraternité mutuelle. Cette communauté n’oublie pas, selon la parole de saint Paul que nous venons d’entendre, qu’elle est « le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite » en elle. Par les temps qui nous sont donnés à vivre, loin de nous laisser distraire par des idéologies étrangères, renforçons, nous dit l’Évangile, notre solidarité intérieure par les dons du saint Esprit. Cette belle barque que les agitations du monde ne peuvent ébranler, est également le cœur de chaque fidèle digne de ce nom, Église intérieure animée par la vraie foi. Nous pourrions, dans les épreuves qui nous encerclent, nous aussi être « sur le point de couler », et plus d’un chrétien à notre époque quitte le bateau. Revenons à l’intérieur avec le Christ Seigneur !
La mission des baptisés
Toutefois, cette barque vogue « au milieu de la mer » et « achève sa traversée », rapporte notre évangile. Nous vivons comme les premiers apôtres et disciples la Présence ou Parousie du Sauveur dans son Corps, auquel nous communions avec son Sang. Mais la force invincible de l’Église au milieu de laquelle se trouve le Christ vivant n’est pas sectairement repliée sur elle-même. Non ! L’Église navigue et achèvera son voyage historique. Elle s’accomplira dans la fin des temps pour partager avec tous les hommes ce dont elle est porteuse : la connaissance réelle du Verbe incarné et les dons du saint Esprit.
Chrétiens pour le monde
Nous ne sommes pas chrétiens pour nous-mêmes. Nous portons la grâce apostolique et missionnaire des amis du Christ de toujours. Nous sommes ecclésialisés et baptisés pour le Salut du monde. Passant du doute qui, en ces temps troublés, peut nous faire sombrer, à la foi, nous constituons une communauté au service de la société civile et de la Création toute entière. Nous touchons à la rive du monde après chaque célébration liturgique de la vraie foi, et nous venons dans la ville des hommes pour les aimer de l’amour du Christ et les consoler de la grâce du Consolateur. Pensons à cette belle mission apostolique et fortifions-nous en elle !