La veille du début du Grand Carême des clercs de l’Église orthodoxe russe ont lancé un appel pour une réconciliation et un cessez-le-feu immédiat en Ukraine : “Nous, prêtres et diacres de l’Eglise orthodoxe russe, chacun en son nom, lançons un appel à tous ceux dont dépend la guerre fratricide en Ukraine pour une réconciliation et un cessez-le-feu immédiat.
Nous envoyons cet appel après le dimanche du Jugement dernier et la veille du dimanche du Pardon. Le Jugement dernier attend tout le monde. Aucune autorité terrestre, aucun médecin, aucun garde ne nous protégera de ce jugement. Soucieux du salut de chaque personne qui se considère comme un enfant de l’Église orthodoxe russe, nous ne souhaitons pas qu’elle arrive à ce jugement en portant le lourd fardeau des malédictions maternelles. Nous rappelons que le sang du Christ, versé par le Sauveur pour la vie du monde, sera reçu dans le sacrement de la communion par ceux qui donnent des ordres meurtriers, non pas pour la vie mais pour leurs tourments éternels.
Nous déplorons l’épreuve à laquelle nos frères et sœurs d’Ukraine ont été soumis de manière imméritée. Nous rappelons que la vie de chaque personne est un don inestimable et unique de Dieu, et nous souhaitons donc que tous les soldats, tant russes qu’ukrainiens, rentrent sains et saufs dans leurs foyers et leurs familles. Nous sommes attristés à l’idée du gouffre que nos enfants et petits-enfants en Russie et en Ukraine devront combler pour recommencer à être amis, à se respecter et à s’aimer. Nous respectons la liberté divine de l’homme et pensons que le peuple ukrainien doit faire son choix par lui-même, pas du point de vue des armes automatiques, sans pression ni de l’Ouest ni de l’Est.
En prévision du Dimanche du Pardon, nous vous rappelons que les portes du ciel seront ouvertes à tous, même à ceux qui ont lourdement péché, s’ils demandent pardon à ceux qu’ils ont méprisés, insultés ou tués de leurs mains ou sur leur ordre. Il n’y a pas d’autre voie que le pardon et la réconciliation mutuelle. “La voix du sang de ton frère crie vers moi depuis la terre ; et maintenant tu es maudit depuis la terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère”, dit Dieu à Caïn, qui était jaloux de son jeune frère. Malheur à tout homme qui se rendrait compte que ces paroles lui sont adressées personnellement.
Aucun appel non violent à la paix et à la fin de la guerre ne doit être rejeté par la force et considéré comme une violation de la loi, car tel est le commandement divin : “Bienheureux les artisans de paix”. Nous appelons toutes les parties belligérantes au dialogue, car il n’y a pas d’alternative à la violence. Seule la capacité d’entendre l’autre peut donner l’espoir d’une sortie de l’abîme dans lequel nos pays ont été précipités en quelques jours.
Entrons tous et toutes dans le Carême dans un esprit de foi, d’espérance et d’amour.
Arrêtez la guerre !