Le second Avènement –
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit, la parole que nous venons d’entendre exprime l’essentiel du message porté par ce temps du jeûne de la Nativité, nommé en Occident l’Avent, c’est-à-dire la Venue, « adventus », l’Arrivée. Au cours des six semaines traditionnelles appelées Carême de saint Martin au quatrième siècle, puis Carême de saint Philippe, l’assemblée des baptisés se prépare à la venue en gloire de son Maître et Seigneur. Cette Arrivée se place dans un futur historique, dans l’accomplissement de l’Histoire et au terme du monde.
La fin du monde
Nous le confessons dans le Symbole de la Foi en affirmant : « de nouveau, avec gloire, Il vient juger les vivants et les morts ; son règne n’aura pas de fin ». Le monde a une fin ; le règne du Créateur du monde n’en a pas. « Le Seigneur règnera pour les siècles ! Il est ton dieu, ô Sion, d’âge en âge ! », affirme le prophète David (Ps. 145, 10). La Création va vers sa fin pour reconnaitre de façon ultime son Créateur, dans un temps, celui « des siècles des siècles », qui dépasse la chronologie déjà comptée de ce monde. La finitude de l’une ouvre à l’infinité de la vie en Dieu et à la transfiguration de toute créature en lui.
La gloire à venir
Les signes de ce terme de tout et de la venue en gloire sont énumérés pour plusieurs d’entre eux par le Christ Lui-même : « comme l’éclair en jaillissant brille d’un bout à l’autre de l’horizon, ainsi sera le Fils de l’Homme en son Jour » (Luc 17, 24). Le monde va vers sa fin et cette fin du monde est un jour de gloire. La vision biblique et chrétienne de l’Histoire et de la Création est une vision eschatologique, orientée vers l’Orient de la gloire du Fils et en lui de la glorification des saints et des justes, et, par ceux-ci, de toutes les créatures.
Le rejet et la terreur
Mais cet Avenir de lumière est précédé par un accroissement des ténèbres, comme en est le signe la diminution des jours jusqu’au solstice d’hiver. L’actualité elle-même plonge nombre de nos contemporains dans l’effroi qu’annonce le Verbe et qui correspond à l’ultime rejet qui précède sa glorification : « auparavant, le Verbe aura à être rejeté par cette génération » (Luc 17, 25) et « les hommes défailliront de terreur dans la peur des malheurs arrivant sur le monde » (Luc 21, 18). Le carême de Noël nous initie au sens de l’Histoire. Le message divin est un message à la fois réaliste et optimiste.
Le signe de la Femme courbée
La Femme courbée est l’humanité écrasée, non seulement sous le poids de ses fautes, mais par la peur de « ce qui va arriver ». Or la peur est un grand péché. « N’aie pas peur : Je suis là ! », dit le Seigneur à notre génération (Mat. 14, 27). Il ne veut pas que nous restions « terrassés », « jetés à terre » par la « terreur » – cette « terre » dont nos contemporains, par peur du lendemain, n’osent détacher les yeux. Que nous dit encore le Sauveur ? A distance, par sa seule parole, Il fait cette femme se relever. Il nous dit encore, par la bouche incorporelle des anges, comme aux femmes qui « baissaient le visage vers la terre » (Jn 24, 5) : « pourquoi cherchez-vous parmi les morts le Vivant ? ». Et David anticipait ce message : « le Seigneur relève ceux qui sont brisés » (Ps 145, 8).
Relever la tête
Relevons la tête, parce que la Lumière arrive dans ce monde d’obscurité et de confusion croissantes. Noël est un jour de gloire, prémices du Jour ultime de la seconde venue. La Femme courbée se redresse à la voix du Verbe, elle se retourne, et elle voit dans une lumière éblouissante celui qui l’a appelée. Loin de céder à la peur, les amis du Christ relèvent la tête et contemplent l’horizon dilaté de l’Histoire, la lumière de l’amour inconditionné et inconditionnel du Maître de la vie et de la mort.
(a.p. Marc-Antoine, « Lumière de l’Orthodoxie », Radio Notre-Dame, dimanche 04.12.2022)