” Le Christ est ressuscité ! ”                  ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”       

Évangile du 3ème dimanche de carême : Marc 8, 34 – 9, 1

croix peinte

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La vie naturelle – 

Le saint Carême, nous nous en rendons bien compte par les signes liturgiques qui sont donnés constamment et par les messages que transmettent les prières, est une période particulièrement orientée vers la fête. Les anges et les saints sont dans la joie parce que l’homme remplace le goût amer d’une vie loin du Père par la saveur du banquet que Celui-ci offre à ses bien- aimés. En ce temps, l’homme retrouve la vie naturelle par la familiarité quotidienne avec son Seigneur et son Maître, par la liberté qu’il goûte en son corps et en son âme, une relation libre de la convoitise à l’égard des créatures et des personnes.

La familiarité divine

Par la participation régulière aux offices de la tradition des saints Pères, notre esprit aime se délecter dans des messages divins d’une élévation qui répond aux aspirations les plus profondes de sa personne. Avec enthousiasme nous avons suivi, la première semaine, le chant du canon de saint André, suite à ce que promettait la Semaine des laitages, « annonciatrice du printemps », « dans l’allégresse de l’esprit » », « pour avoir la joie de contempler le Seigneur », le « cœur brûlant d’une nouvelle flamme ». De semaine en semaine, toujours plus conscients de notre exil loin de Dieu, nous gagnons en capacité de nous émerveiller de lui, le Seigneur et Sauveur Jésus le Messie, Homme parfait et Dieu parfait, par qui nous avons accès auprès du Père.

La troisième fête du Carême

La troisième fête de ce temps est celle de la Croix « devant laquelle nous nous prosternons aujourd’hui » en glorifiant de notre Maître la sainte Résurrection. Dans nos églises, la Croix est fleurie et parfumée, entourée de lumières et magnifiée par les mélodies suaves. Or cette fête si glorieuse est paradoxale, surtout dans les temps que nous vivons, marqués par la plus horrible des guerres, menée entre frères de même foi, et par le plus affreux séisme enregistré depuis un siècle. La Croix est grande parce qu’elle est l’emblème de l’amour le plus achevé, l’icône même de la compassion divine, et la forme prise par la glorieuse humilité divine.

Le scandale

Elle n’en est pas moins insupportable et scandaleuse, tant que la lumière de la Résurrection n’a pas brillé, tant que la lumière de la victoire finale et apocalyptique du Verbe n’aura pas resplendi. Elle est insupportable parce qu’elle ne dit rien à la lancinante question « pourquoi ? ». C’est bien le cas de crier : « mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Pourquoi versent à pleines mains le sang ceux qui célèbrent le Sacrifice non sanglant ? Pourquoi des milliers de personnes qui vivaient aussi bien que possible ont-ils été retrouvés – quand on les a retrouvés – écrasés par les ruines de leur immeuble ? La Croix porte deux faces, la glorieuse et celle de l’inacceptable – insoutenable qu’un dieu si bon, si sage, aussi paternel que nous le contemplions dans l’histoire du Fils retrouvé, ait abandonné ses fils et ne soit pas intervenu. Le scandale de la permissivité divine est inscrit sur la face sombre de la Croix : « où est-Il, ton dieu ? », cite le psalmiste, qui dit ailleurs : « l’insensé dit en son cœur : Dieu n’existe pas ! » (Ps 52, 2). La sainte et vivifiante Croix que nous vénérons en ce jour de fête est ainsi la croix de la foi. Qui peut encore croire en Dieu, surtout en un dieu sauveur, dans une telle actualité ?

La manifestation de l’amour

A moins que ce ne soit justement ici le mystère de la déréliction suprême, de la suprême abnégation d’un dieu qui a renoncé à sa souveraineté pour que l’amour puisse être manifesté. Et c’est ce que nous voyons dans le spectacle impressionnant de la générosité humaine, d’un dévouement presque sans limite, d’un sacrifice de soi de personnes qui souvent ne connaissent pas leur propre dieu. La question de dieu n’est pas métaphysique. Elle est existentielle, comme l’enseigne l’Évangile. Et nous glorifions dans l’actualité le triomphe du dieu-Amour sur la haine, le désespoir et la mort elle-même.

(a.p. Marc-Antoine, Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », 19 mars 2023)