Nous glorifions la Résurrection –
L’évangile que nous venons d’entendre annonce la glorification de la sainte et vivifiante Croix, le 14 septembre. Le mystère de la Croix est suggéré ici par le Seigneur Jésus Lui-même. Les vignerons, par ces mots « tuons-le et emparons-nous de son héritage », expriment exactement ce qui se passe. Le « fils » dont il est question est le Fils de Dieu, le Verbe fait chair et fait homme, Jésus de Nazareth le Messie. Ce fils a voulu être mis à mort, nous le célébrons chaque dimanche en glorifiant sa résurrection.
Le sens de la parabole
Les vignerons sont les gardiens de la Vigne du Seigneur, nom métaphorique d’Israël, le Peuple de Dieu. Ces gardiens, prêtres, scribes, serviteurs du Temple, fidèles de la Loi que sont les Pharisiens, ont, pour un certain nombre d’entre eux, mis la main sur le Fils ; ils ont obtenu de l’occupant romain la permission de le juger, de le condamner, de le mettre à mort ou, plutôt, de le faire exécuter. Ce sont, non les vignerons homicides eux-mêmes qui exécutèrent le Messie, mais les soldats romains, centurions qui dormirent ensuite au pied de la Croix ou qui, comme saint Longin, confessèrent l’innocence de Jésus. Mais, ce qui est très grand, c’est que cette mise à mort du fils du maître de la vigne, c’est-à-dire du Fils unique et Verbe du Père, a pour conséquence l’accès au trésor dont Il est l’héritier.
Le patrimoine du Fils de Dieu
Le Fils est l’unique héritier, le dépositaire de toute la fortune, de tous les biens du Père céleste. Et ce patrimoine divin, nous le connaissons : c’est toute la richesse de la tradition biblique, la révélation faite à nos pères Abraham, Isaac et Jacob, aux prophètes et à Moïse ; c’est encore la richesse même de l’amour du Père et tous les dons de l’Esprit qui procède de lui. Par la mort consentie par le Fils, l’insondable richesse de la compassion du Père est révélée et mise à disposition de ceux qui veulent y puiser. Nous vénérons dans la Croix le sacrement même de l’amour du Père et la richesse des charismes de son Esprit. Les vignerons meurtriers, ces gardiens de la Loi qui firent mettre à mort le Fils, ont donc raison de dire : tuons le Fils du maître de la Vigne, et nous aurons son héritage.
La gloire de la Croix
Telle est la gloire paradoxale de la sainte et vivifiante Croix : la mort de Jésus le Messie, non seulement ne l’a pas exclu de ce monde ni effacé de la mémoire des hommes mais, bien au contraire, a déversé sur l’humanité la surabondance du trésor que recèle l’amour du Père et l’en a rendue cohéritière avec le Fils. Depuis le corps torturé du Fils, s’est répandu sur Israël et sur l’humanité le sang vivifiant de l’amour du Père. Les hommes ont voulu faire disparaître le Fils, et Lui, Il les a comblés de son amour et de sa miséricorde, héritage incalculable que communique le saint Esprit. A juste titre, Celui-ci est appelé le « Trésor des biens » du Père.
La puissance de l’amour sacrificiel
Or, après avoir exposé cette parabole, le Fils Lui-même en donne le sens : « la pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs (autre métaphore pour les gardiens de la Loi) est devenue la tête d’angle (victoire pascale du Fils) ; c’est d’auprès du Seigneur qu’elle est advenue (sa source est le Père) et elle est admirable à nos yeux (nous glorifions le Fils ressuscité !) ». La Croix est un arbre débordant de fruits, comme ce Pin des Landes du poète, dont le côté percé répand une sève d’or. Tel est le paradoxe : dans son immolation la Croix communique le maximum de vie, parce que la mort par amour est ce qu’il y a de plus puissant dans les cieux et sur la terre !
(a.p. Marc-Antoine, Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », 3.09.23)