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Pourquoi l’heure du Jugement n’est-elle pas révélée ?

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La mortalité du monde –

La foi chrétienne envisage un terme à l’Histoire et donc un terme à tout ce qui est créé. Nous pensons à notre propre mort. Nous pensons également à la mort de toute créature. La création est mortelle ; le cosmos a une fin. De même que nous voyons l’approche de la mort en nous-mêmes et dans les personnes qui nous entourent, de même nous constatons scientifiquement la mortalité du monde.

L’ouverture sur la vie

Mais la foi chrétienne envisage la mort des hommes et de toutes les créatures comme une ouverture. Notre vie est une vie ouverte. L’Histoire universelle est ouverte : advenue de rien, d’aucune réalité préexistante, elle s’ouvre en sa fin, non sur le non-être, mais sur un surcroît d’être. L’espace et le temps, ces créatures qui ont commencé, sont, à l’interface de la vie et de la Vie qu’est la mort, promis à une dilatation dont nous savons, par la foi qu’elle est lumière sans fin.

La venue en gloire

La foi ancienne des chrétiens a été scellée par les conciles œcuméniques. Ceux-ci nous ont légué le grand Symbole, la grande synthèse de la foi. Il y est dit, au sujet du Christ, ressuscité d’entre les morts et glorifié dans le saint Esprit à la droite du Père, qu’Il « reviendra en gloire juger les vivants et les morts » et que « son règne n’aura pas de fin ». Une meilleure traduction dit : « de nouveau, avec gloire, Il vient ! » De là vient la vision chrétienne de l’Histoire, celle d’un horizon proche, d’une venue déjà commencée, d’une fin, non seulement annoncée, mais en train d’être vécue.

L’ignorance

Or, de ce Jour avec un grand J, jour de crainte et de tremblement et jour de lumière immarcescible, nous ne savons ni la date ni l’heure. Il y a de cela plusieurs raisons. Premièrement, le Souverain de l’Histoire, grand gestionnaire du temps et de l’espace et de tous les mondes visibles et invisibles, sait tout de nous, au passé, au présent et au futur. Il est le Seigneur de l’Histoire et Il assume cette seigneurie, comme le montre le mystère même de la Croix.

La cécité

Deuxièmement, en raison de l’impureté de notre vie, nous sommes incapables de lire les signes des temps. Comme la femme courbée de l’Évangile (Luc 13, 11), comme les myrhophores elles-mêmes, nous regardons par terre, nous regardons nos pieds. Nous ne savons pas regarder en haut. « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu », dit la Parole. Ce n’est pas que le Seigneur nous cache la vérité. C’est notre cécité qui nous rend inaptes à la révélation. La vie des saints de tous les temps nous montre au contraire des visionnaires. Abraham déjà voyait « le jour du Christ » (cf. Jean 8, 56). Le charisme visionnaire s’acquiert.

L’abnégation divine

Troisièmement, le Seigneur Lui-même, dans son abnégation, limite son omniscience. Pourquoi ? Parce que le « mystère d’iniquité » (2 Thessaloniciens 2, 7) est à l’œuvre ; le Prince de ce monde, quoiqu’il ne puisse rien contre les desseins ultimes du Créateur (Jean 14, 30), œuvre sans cesse à retarder leur accomplissement. Dans une permissivité qui nous scandalise, le Souverain laisse crucifier tout son projet immortel de salut et de transfiguration de l’homme et de la Création. La Croix est le signe de l’abnégation divine. D’une certaine façon le Créateur omniscient se met librement dans la position d’ignorer l’heure, d’être surpris par la liberté des personnes créées. La question de la conversion de Satan demeure en suspens. Or cette question est quelque part la clef de l’Histoire, la réponse ultime à la Croix du Verbe.

L’espace de liberté

Enfin, l’abnégation, ou « kénose » (Philippiens 2, 7), du Trois-fois-Saint, du « Je suis-Je suis-Je suis » qui a parlé à Moïse, n’est pas une démission ou une abdication du Maître de tout. Elle est un retrait, un « shabbat », un Septième jour, le creusement d’un espace de liberté pour les anges et pour les hommes, et pour l’Adversaire lui-même. Comme Il le fit avec le saint prophète Job, Dieu donne du temps à l’humanité, afin que la justice des justes et la sainteté des saints, l’humanité des hommes, soient manifestées.

Le principe d’imprévisibilité

Mais l’Histoire, dans sa dimension profonde, a un registre d’imprévisibilité : imprévisibilité divine, qui est absolue ; imprévisibilité humaine et imprévisibilité angélique, qui sont relatives. L’Histoire dans sa profondeur ne relève pas de causes et d’effets. Elle relève de l’amour inconditionné du Créateur et de l’amour non moins inconditionné de la créature, qui prépare le Huitième jour de l’Histoire.

(a.p. Marc-Antoine)