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Pouvons-nous prier pour la conversion des autres ?

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La prière des saints –

Un exemple célèbre est celui de sainte Monique qui pria pendant des années, je crois, pour la conversion de son fils, Augustin. Plus proche de nous, pensons à saint Silouane l’Hagiorite. Ce Père de notre temps adressait fréquemment avec larmes au Seigneur la prière suivante: « Seigneur miséricordieux, écoute ma prière: Fais que tous les peuples de la terre te connaissent par le saint Esprit! » Nous avons appris de lui l’importance de la prière pour autrui et pour le monde entier.

La prière du Fils de Dieu

Le Christ pria avec sueur et sang pour le salut du monde et particulièrement pour les ennemis du genre humain. Le chapitre 17 de l’évangile selon saint Jean nous apprend comment Il priait, Lui le Dieu Homme, pour tous les hommes. Nous croyons fermement que la Mère de Dieu, l’Orante en son icône, prie continuellement pour tous les hommes, pour leur conversion et leur Salut.

La prière des chrétiens

Nous-mêmes, quoique nous n’ayons pas l’humilité du Christ, nous osons prier pour le monde. Nous le faisons dans la prière du Nom en disant: « Seigneur Jésus Christ notre Dieu, fais miséricorde à nous et à ton monde! » La divine Liturgie elle-même est célébrée pour le Salut du monde. A titre plus personnel, il nous revient souvent de prier pour la conversion de nos enfants, de nos amis, des bons comme des méchants qui ont le pouvoir sur la terre. Nous avons foi que notre propre conversion aiderait le monde, et que les souffrances de celui-ci sont allégées chaque fois qu’un pécheur se convertit pour se tourner avec foi vers le Seigneur trois-fois-Saint!

Une atteinte à la liberté d’autrui ?

On peut se demander si une telle prière n’offense pas la liberté d’autrui. Une façon de répondre à cette préoccupation serait de rendre grâce tout simplement à Dieu pour autrui: « Gloire à toi pour ton serviteur Untel, Seigneur Jésus, gloire à toi! »; « gloire à toi pour ton monde, Seigneur Jésus, gloire à toi! » La louange pour autrui et pour le monde en général préserve en effet le secret de la relation de chacun avec Dieu.

La louange pour autrui

Elle exprime une foi totale dans le fait que le Seigneur sait ce qui est bon pour ceux que nous aimons, pour nos ennemis, pour son monde, pour tous les peuples, y compris pour ses propres ennemis. Rendre grâce à Dieu pour autrui exprime notre foi dans le fait que le Seigneur a un projet pour chaque personne et pour son monde entier. Et nous savons par la foi que ce projet est celui de leur salut. Dieu veut que tout homme parvienne à la connaissance parfaite de la vérité et à la vie éternelle en lui-même. Une telle prière de louange est une hymne à la bonté du Seigneur et l’expression de notre amour, si petit soit-il, pour Dieu et pour le prochain.

Le saint Esprit

Toutefois, les saints prient pour autrui, pour sa conversion et pour son Salut: « Seigneur Jésus Christ notre Dieu, convertis, pardonne et sauve ton serviteur Untel! » Mais l’enseignement de saint Silouane est le plus utile: il demande au Christ de convertir tous les peuples par son saint Esprit. Or l’Esprit est liberté, créateur de liberté, libérateur de liberté. Non seulement une telle prière ne porte pas atteinte à la liberté des non croyants mais elle oeuvre pour les libérer de l’ignorance de Dieu et leur ouvrir l’espace d’une liberté sans limite à la ressemblance de Dieu lui-même.

La prière libère

La prière n’est pas une action magique exercée sur autrui comme sur un objet; elle n’entreprend pas d’obtenir d’autrui qu’il fasse ce que nous voulons et ce que nous croyons bon pour lui. Quand nous prions pour autrui, scrutons effectivement notre coeur pour y dépister une telle impureté, un pieux despotisme, un hypocrite esprit de prosélytisme; assurons-nous que nous reconnaissons bien au saint Esprit toute la seigneurie, toute la divinité propre à sa Personne. Il serait terrible de vouloir imposer à quelqu’un de croire en Dieu! La foi ne peut être contrainte; le bien ne peut être imposé sous peine de s’inverser en mal. Les démons eux-mêmes croient – mais ils n’aiment pas…

Prier avec humilité

Prions, si nous en avons la bénédiction, prions pour la conversion de nos proches, de nos amis, de nos ennemis et des ennemis de ceux que nous aimons, comme le fit la Mère de Dieu. Prions pour tel ou tel proche en nous humiliant par le repentir – car, qui suis-je pour prier pour le salut des autres, moi, le dernier des pécheurs? Humilions notre vie par le jeûne, les prosternations et la confession de nos péchés. Prions à l’ombre des saints, en disant par exemple: « Très sainte Mère de Dieu, sauve ton serviteur ou ta servante N…! » Ou encore: « saint Père Silouane, prie Dieu pour son serviteur N…! » – en ajoutant: « et pour moi, pécheur! »

Le repentir

En effet, le premier, le plus proche prochain pour lequel je suis invité à prier, c’est moi-même, le seul pécheur, finalement, que je connaisse. Le Seigneur est liberté et amour sans limite et sans contrainte: Il libérera le pécheur que je suis et ceux qui ne le connaissent pas encore.

(a.p. Marc-Antoine)
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