L’épiclèse sur la Croix –
Nous avons célébré hier la grande Exaltation de la sainte et vivifiante Croix : elle descendait depuis le ciel jusqu’aux enfers ; elle s’élevait ensuite dans les hauteurs face aux quatre points cardinaux ; et nous invoquions sans cesse le saint Esprit par notre communautaire « Seigneur, miséricorde ! Kyrie eleison ! » La grande épiclèse sur le Christ accueille la grâce du saint Esprit sur la Croix du Sauveur et sur chacune de nos croix personnelles.
La personne et la croix
Dans l’évangile de ce jour, le Christ s’adresse à « la foule et à ses disciples » ; son message est universel ; Il invite chacun à « porter sa croix », sa croix personnelle. Mais ce port de la croix unique de chacun de nous est soumis à une condition : suivre le Maître à l’ombre et à la lumière de la grande croix, personnelle également, qu’Il a portée et gravie pour le monde entier. La puissance de notre croix vient de ce qu’elle n’est pas individuelle : nos souffrances et nos joies sont inscrites dans celles de notre Maître.
Suivre le Maître
La croix de chacun est l’itinéraire que nous suivons pour suivre le Christ, nous épanouir en lui et à sa ressemblance. Elle est la forme divino humaine que prend pour chacun de nous l’épreuve permise par le Père pour que nous grandissions et passions de la mort à la vie. Elle n’a de puissance vivifiante que parce qu’elle est intégrée dans la Croix du Seigneur ; c’est un petite croix greffée sur la grande, comme on fait avec les arbres : greffée sur la souche fondamentale, mon petit rameau va croître, fleurir et fructifier. Sur ma petite croix comme sur la grande de Jésus Messie descend, comme une ondée de croissance, l’Esprit du Père, si nous l’invoquons.
Chacun sa croix
Chacun d’entre nous porte, par la foi dans le Christ Jésus, une croix particulière : la pauvreté ou la redoutable épreuve de la richesse que peu d’hommes peuvent assumer sans en être écrasés ; la maladie ou la santé, dont souvent l’homme ne fait pas grand-chose ; une difficulté professionnelle ou une réussite difficile à maîtriser ; un inconfort ou le redoutable confort ; la stérilité ou la difficile parentalité. Que chacun s’interroge pour identifier la croix que le Seigneur lui tend pour qu’il l’embrasse, la vénère, la prenne avec foi et la vénère : quelle est ma croix ? Et j’appellerai l’Esprit sur elle.
Croix et joie
Pensons surtout que croix rime avec joie : « C’est par la Croix que la joie est venue dans le monde entier », dit une prière pascale. Pourquoi ? – parce que la croix est le chemin que prend l’amour pour nous joindre les uns aux autres. Par la Croix, le Seigneur Amour est venu parmi les hommes et les élève tous vers la connaissance du Père. L’épreuve que le Seigneur me confie est l’occasion pour moi de l’aimer, lui et le prochain. On voit ainsi de grands malades prier pour le monde. On voit des riches partager leurs richesses. Avec quelle joie ne vais-je pas porter ma croix quand il m’est révélé que c’est par elle que je vais apprendre à aimer ! Pensons à la joie sans limite qui fut, et qui est, celle du Christ, de donner sa vie par amour pour tous : la Croix du Seigneur Jésus n’est-elle pas lumineuse, rayonnante, comme son visage transfiguré par l’amour ?
La clef du Royaume
Ainsi, la croix n’est pas synonyme de souffrance ou de douleur. Elle est synonyme de renoncement à l’égoïsme pour se tourner vers autrui avec amour. Elle est la limite que le Seigneur m’offre pour que je grandisse à l’intérieur d’elle. Elle est ce sacrifice non sanglant, oblation de soi par amour pour le Seigneur et pour le prochain, qui nous dilate dans la joie de Dieu. Elle est l’instrument en forme de clef qui m’est donné pour ouvrir la porte du Royaume, celui de l’amour entre moi, les personnes divines et les personnes humaines. La croix est ce signe « plus » qui oint notre pensée, notre cœur et tout notre cœur avec l’huile de la tendresse, de la patience, de la bienveillance, de la prévenance et de l’amour sacrificiel pour autrui et pour Dieu.