Les deux rives de l’Histoire –
Avec joie et avec tremblement, nous célébrons l’entrée messianique du Seigneur Jésus à Jérusalem. Tel un nouveau Moïse, le Sauveur traverse la Mer rouge de l’Histoire, dont les vagues se répartissent de part et d’autre, vers la Terre promise : la vie éternelle accordée en la personne du Ressuscité. Ceux qui reconnaissent Jésus comme Seigneur et Messie forment une vague de cette mer, la part sainte des disciples, des justes et des saints ; l’autre vague est celle de ceux qui jamais ne l’ont reconnu et ne veulent le saluer comme qui Il est et accepter sa parole. L’Histoire est celle des innocents et celle de leurs tortionnaires ; celle des exploitants et celle des exploités ; le rivage des faibles que l’on massacre et celui des puissants qui aiment la guerre, sous une forme ou sous l’autre. Le Christ entre dans la Ville de la Paix pour se mettre du côté de l’homme, au rivage du pardon.
Contextualiser les mystères
L’évangile de ce jour, ainsi que la semaine qui s’ouvre devant nous, sont à contextualiser. L’actualité planétaire se déchiffre à la lumière de ce qui est célébré dans l’Église. Les uns accueillent avec joie le Messie Sauveur au chant du Hosanna. Les autres le refusent et préparent sa mise à mort. Les premiers engendreront les saints et les martyrs de tous les temps. Les autres ont le pouvoir sur la planète. Ils sont livrés à leur endurcissement, la force des armes et de l’argent assure leur domination. Ils vivent déjà l’enfer d’une existence sans l’amour du Christ, dont ils ont rejeté et rejettent l’Évangile. Une autre catégorie, redoutable encore, est celle de ceux qui, au long de l’Histoire, ont utilisé, ou utilisent, en prétendus chrétiens, l’Évangile de la paix et du Royaume pour étendre leur domination.
L’amour vainqueur
Nous acclamons le Christ vainqueur parce qu’Il est en personne l’amour qui ne passera pas ; l’amour plus fort que la haine ; l’amour qui pardonne à ceux qui le rejettent et qui, aujourd’hui encore, font souffrir les autres, car « ils ne savent pas ce qu’ils font ». En toute victime de la haine, nous voyons le Christ ; en toute affliction nous contemplons sa croix. En toute faiblesse de l’âme et du corps nous annonçons la victoire de l’amour. La Semaine sainte est celle de l’amour divin manifesté. L’amour ne cesse d’être amour. Rien ne peut empêcher l’amour d’aimer. L’amour est par essence pascal, vainqueur de la mort et de tout ce qui trompe le monde. Les enfants de ce monde ont raison de crier « Hosanna ! Béni, celui qui vient au nom du Seigneur ! » Le Christ vient au nom du Seigneur Père, lui le Seigneur Fils, qui vient nous donner, dans la Pentecôte proche, l’Esprit qui est Seigneur.