« 2 papas et 1 mère porteuse »
Cette affiche, promenée dans nos rues récemment, est intéressante et mérite des précisions, parce que ce qu’elle dit est faux.
Le Fils unique
Jésus Christ a effectivement deux pères : le Père céleste qui est Dieu ; et le père adoptif qui est saint Joseph le Juste. Il a donc une filiation divine, Il est le Fils unique engendré du Père ; et Il est le fils adoptif de Joseph. « Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, en lequel Je me reconnais », dit le Père quand le Christ sort du Jourdain. Jésus était parfaitement conscient d’être le Fils de Dieu (Luc 2, 49 ; Jn 17).
Dans le saint Évangile, Joseph est appelé « père » de Jésus (Matt 2, 21 ; Luc 2, 22). Mais cela n’a jamais signifié que Joseph soit autre qu’un père adoptif. En revanche, Jésus Christ n’a pas été adopté par le Père céleste, à l’encontre de ce que disaient les « adoptianistes » des premiers siècles. Bien au contraire, Il est le Fils « engendré par le Père avant les siècles ». La Vierge « conçut le Fils de Dieu, non de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, c’est-à-dire par copulation et germe, mais de la bienveillance du Père et de la synergie du saint Esprit » (saint Jean Damascène, La Foi orthodoxe, XIV). Le Christ a donc une filiation humaine, oui, mais par sa mère.
La maternité de la Vierge
Une autre hérésie consistait à faire de Marie seulement une « mère porteuse ». Saint Jean Damascène a répondu à cette pensée : « la sainte Vierge a engendré, non un simple homme, mais un Dieu véritable ; non pas nu, mais vêtu de chair ; non comme un corps descendu du ciel et transité par elle comme par un canal, mais prenant d’elle une chair consubstantielle à la nôtre (…) Le même Verbe en effet s’est fait chair, et a été porté par la Vierge ; (…) la Mère de Dieu apporte surnaturellement au Modeleur de quoi se modeler, et de se faire Homme au Dieu qui a tout créé et qui déifie ce qu’Il assume » (XII). Celle-ci est donc, non une « mère porteuse », mais une mère véritable, concevant en son sein celui qu’elle porte et le nourrissant de sa chair : « Dieu s’est incarné et inhumanisé de ses sangs très purs et immaculés » (XIV). Elle l’a porté, oui, mais parce qu’elle l’a conçu.
Les deux natures du Christ
Il échappe au raisonnement humain comment le Christ est Dieu total et Homme total, sans père du côté maternel, et sans mère du côté paternel. « Comme les lois de la nature sont dépassées en ta maternité, ô Mère de Dieu, en ta virginité tu dépasses l’entendement… étonnante est la façon dont tu conçus… impénétrable la manière dont tu enfantas ». Dieu seul a le pouvoir de « dépasser la nature », puisqu’Il en est le créateur. Nos contemporains qui veulent dépasser ou transgresser la nature, n’en ont ni le pouvoir ni l’autorité. Mais ils iront jusqu’au terme de leurs aberrations… Et les chrétiens font bien quand ils approfondissent le sens réel de leur foi orthodoxe, afin de ne pas vaciller.