Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
Exprimant leur souci pastoral, les évêques membres de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France souhaitent adresser à tous les fidèles orthodoxes du pays, un message au début du saint et grand carême de Pâques.
Encore une nouvelle année et nous voilà arrivés aux portes du grand carême, devant lesquels nous déposons nos faiblesses, notre pauvreté, mais aussi notre orgueil, notre vanité. Il ne s’agit pas uniquement de se dire que nous allons faire des efforts. Il faut leur donner un sens. Il faut entreprendre une réorientation totale de nos vies dans la perspective d’un cheminement vers le Christ. Aussi, à travers les différentes périodes de jeûne qu’elle nous offre, au premier titre desquelles se trouve la sainte quarantaine, où nous pénétrons, l’Église nous propose de faire une parenthèse dans nos vies, si souvent prises dans le tourbillon frénétique de nos sociétés de consommation. Le grand et saint Carême arrive donc à point nommé, au moment où toute la création se réveille, encore groggy par le froid de l’hiver. Tout dans la nature annonce la renaissance, tout dans la création anticipe le message salutaire de la résurrection du Christ. Soyons attentifs à voir dans l’environnement ce qui annonce le réveil de la vie.
Pour autant, renaître et ressusciter sont des événements qui ne peuvent advenir sans une préparation particulière, pendant laquelle le corps et l’âme, la personne, sont tout entier tendus vers le Christ. Par la prière et le jeûne, nous clarifions l’image du Christ qui est en nous. Nous approfondissons le mystère de la ressemblance divine. Par la prière et le jeûne, nous retrouvons la simplicité du sens de nos vies, dans le perfectionnement auquel nous sommes invités par la déification. Laissons-nous pénétrer par la grâce du repentir qui unit à Dieu. Selon les mots de Saint Maxime le Confesseur, nous sommes appelés : « à réunir par l’amour la nature créée avec la nature incréée en les faisant apparaître dans l’unité et l’identité de l’acquisition de la grâce ». Mais la question du mal et péché nous empêche de voir la réalisation d’une telle unité. Le péché et le mal agissent, par conséquent, comme des maladies pervertissant la volonté humaine. Elles trompent notre désir de Dieu, par le désir de puissance et nous entraînent vers la haine, le dédain, jusqu’à la négation totale, non seulement du divin, mais de l’ensemble du créé. Toute cette période est tendue vers la métamorphose de l’humanité, par la redécouverte du don de la grâce qui nous a été accordé par l’œuvre du Christ. Nous sommes appelés à réaliser la vocation qu’Adam n’a pas accomplie. Pour paraphraser Saint Séraphim de Sarov, nous sommes invités à devenir les réceptacles de l’Esprit Saint comme la réalisation de notre liberté retrouvée.
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