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« Ma première véritable rencontre avec le Christ… au cœur de mon enfer » Moniale Siluana, (éd. Apostolia 2014)

Mere_Silouana

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La moniale Siluana

D’abord professeur de philosophie sous le régime communiste, puis progressivement exclue par le Parti en raison de sa liberté d’esprit, elle s’est engagée dans un service philanthropique à Bucarest. Elle a visité l’enfer des bas-fonds urbains avec les enfants de la rue, les drogués et les prostitués. La connaissance de la souffrance et de la déchéance humaines l’a conduite à l’Église. Elle y a découvert avec enthousiasme les écrits ascétiques et spirituels de la Philocalie. Elle a ensuite opté pour la voie monastique. Elle a été soutenue dans son charisme missionnaire et social par son évêque. Celui-ci l’a encouragée à créer un centre de formation au travail social. Elle y a réuni une équipe d’assistantes sociales, de psychologues et de psychothérapeutes au service des familles, des enfants et des enseignants.

Foi et psychanalyse

Venue de l’athéisme à la foi chrétienne orthodoxe à travers une profonde et douloureuse expérience personnelle, elle prononce pour nous, dans les pages de ce petit livre, des paroles qui sonnent vrai. Ce sont les conseils que les chrétiens orthodoxes attendaient depuis longtemps ! La moniale roumaine n’a pas peur de faire appel à Freud : il n’a, dit-elle, « rien vu en l’homme du grand mystère divin, mais il a décrit en profondeur les mécanismes psychiques, en les nommant à l’aide de termes médicaux. »

Le Christ Médecin

Synergie de la spiritualité des saints Pères et des découvertes des sciences humaines, la thérapeutique spirituelle développée par Mère Silouana est faite pour aider l’être humain à sortir des cercles infernaux où l’enferment ses passions, ses habitudes, les réflexes inconscients qui font qu’on ne progresse pas. Mais elle ne reste pas sur un plan psychologique. « Notre Seigneur Jésus-Christ, rappelle la Moniale, est la solution, Lui seul peut nous guérir, mais nous avons besoin d’apprendre à le recevoir ». Nous apprenons à ne pas avoir peur de la vérité dite sur nous-mêmes… Mère Silouana nous apprend à ne pas avoir peur de la douleur : « C’est au bout de la douleur qu’on rencontre Dieu ! » Elle nous apprend à oser croire que nous pouvons vivre libres en Dieu, avec lui, avec son amour, et aimer les autres comme Il les aime.

Écouter pour nommer

Voici comment elle décrit son travail thérapeutique. « … le plus important est, non pas de parler, mais d’écouter, de savoir écouter en silence, en prière, dans une ouverture pleine de miséricorde. Quand un homme vicié par le péché vient te voir, tu constates que cela fait longtemps qu’il a cessé de se comporter humainement, voire d’assumer sa vie par la parole. Pendant toute sa vie, ses mots n’ont été que des injures, des onomatopées, il n’a jamais réussi à formuler ce qu’il a vécu, il n’a jamais pu en parler, ni nommer ses expériences. Or, si on ne nomme pas les choses, elles n’existent pas. C’est pour cette raison que, dans la confession, on doit savoir utiliser les mots justes qui décrivent notre péché, il faut savoir le nommer. … Nous apprenons à ces personnes à voir et à nommer avec précision ce qu’elles vivent dans leur propre vie. C’est là une démarche qui ouvre la voie au changement ! » (p. 28).

L’Esprit enseigne dans la prière

En amont de cette méthode, il y a la prière. Mère Silouana raconte : « Je suis arrivée dans l’Église, … chez mon père spirituel qui m’a donné comme canon de dire Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. Comme toute personne qui pense, comme tout intellectuel, j’avais moi aussi une multitude de questions à poser. Mais le père m’a dit : ‘C’est la prière qui va t’apprendre. N’accepte pas d’enseignement venu d’ailleurs. Lis la Philocalie, lis souvent l’Écriture sainte, mais sache que c’est la prière qui va t’apprendre’ » (p.160). Et, effectivement, dans le silence de l’Esprit saint, la prière lui apporte toute la lumière dont elle a besoin pour éclairer son expérience. « Par le silence de la raison et par la prière je fais une place à Dieu, qui illumine mon esprit, et l’esprit peut enfin voir les choses telles qu’elles sont, dans cette lumière » (p.162).