Liturgie
« Le premier dimanche après la Pentecôte est dédié à la commémoration de tous les saints. L’Église latine célèbre la même fête le 1er novembre. La fête du premier dimanche après la Pentecôte a commencé à être célébrée à Antioche, au 4ème siècle. Elle était originairement une fête de tous les martyrs. Les autres saints ont été ajoutés peu-à-peu. Nous avons des sermons de saint Éphrem le Syrien, datant de 373, et un sermon de saint Jean Chrysostome, datant de 407, en l’honneur de cette fête.
La sainteté
La sainteté est l’œuvre de l’Esprit ; toute la sainteté chrétienne est un fruit de Pentecôte. Il y a donc une sorte de lien logique entre la fête de ce jour et celle du dimanche précédent. Il ne faut pas penser à la sainteté comme à un état extraordinaire, ni l’identifier à des exploits ascétiques exceptionnels ou à des grâces mystiques rares. Il y a sans doute des degrés supérieurs, héroïques, de sainteté. Mais la sainteté, au sens du Nouveau Testament, est simplement l’état d’une âme unie à Dieu par l’opération du saint Esprit. Cet état d’union existe chez tous les chrétiens que le péché ne sépare pas de Dieu. La sainteté est donc l’état normal du chrétien. L’appel à la sainteté est adressé à tous.
Prendre sa croix
L’évangile de la liturgie (Matthieu 10, 32-33, 37-38 ; 19, 27-35) est une sélection de paroles de notre Seigneur relatives aux conditions mêmes de la sainteté : « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi… Qui ne prend pas sa croix et ne vient pas à ma suite, n’est pas digne de moi… Quiconque aura quitté maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs à cause de mon Nom recevra le centuple et aura en partage la vie éternelle ». Une fois de plus, notre Seigneur nous met en présence de sa croix et des renonciations personnelles qu’elle implique.
La Croix et l’Esprit
Il y a cependant une grande différence entre la lecture que nous faisons aujourd’hui de ces paroles et celle que nous en faisons (ou que nous faisions de textes similaires) pendant les mois précédents : lue après la Pentecôte, cette invitation au sacrifice est désormais revêtue du feu, de la lumière et de la force du saint Esprit. Les apôtres n’ont vraiment suivi leur Maître sur sa voie douloureuse (et glorieuse) qu’après la venue du Paraclet ; les saints, dont nous célébrons aujourd’hui la fête collective, n’ont porté la croix que sous l’inspiration de l’Esprit. La croix que Jésus place devant nos yeux, en ce premier dimanche après la Pentecôte, est une croix de feu, – le feu de l’Esprit descendu sur les disciples
(Un moine de l’Église d’orient, L’An de grâce du Seigneur, Paris, 1988, p. 250)