Pâques
Cette année, la célébration de l’Exaltation de la sainte et vivifiante Croix a lieu le dimanche, ce qui est rare. Le mystère pascal est ainsi exprimé totalement, puisque le dimanche est toujours le jour de la Résurrection et que la Croix est vénérée le saint et grand Vendredi. Cette occurrence providentielle souligne la puissance de vie que, paradoxalement, exprime la Croix.
La mort infamante,
Emblème d’humiliation et de défaite, mort des esclaves et de ceux qui sont privés de tous les droits, elle se transfigure en mort pour la vie ; l’échec devient victoire ; la Croix n’est pas seulement un sens, Le Sens par excellence de tout, la clef de l’Écriture et de la Création : elle est le signe attestant la présence du Dieu-Homme au cœur de la condition humaine, comme puissance divine de vaincre le péché et la mort. Le Fils et Verbe de Dieu est attaché et cloué au gibet de l’humanité, mais Il s’y trouve comme victime volontaire et non pas obligée ; Il se sacrifie activement plus qu’Il n’est sacrifié. Et, c’est ce choix libre, inspiré par un amour immense pour autrui, qui produit la victoire. La mort subie est un échec. La mort voulue par compassion, par esprit de sacrifice pour ceux qu’on aime, dégage une puissance de vie.
Quelle victoire ?
– celle que remporte un cœur libre de tout égoïsme, de tout amour de soi, de tout orgueil, de toute prétention à un quelconque pouvoir. Le Oui divin à la souffrance et à la mort de la créature, a fait de celles-ci une mort et une souffrance divines. Le Seigneur s’est approprié notre mort et notre souffrance ; Il les a vivifiées ; Il les a déifiées ; et Il nous les rend pleines à déborder de cette valeur sacramentelle, augmentées, surévaluées par la présence divine dont Il les habite.
Crucifiés en 2014
Chaque souffrance personnelle est ainsi habitée sacramentellement par la sienne, investie par son amour divin. Les chrétiens qui ont, cette année, été crucifiés en Syrie, ont assumé sur cette terre sainte le signe de la victoire pascale. Ceux qui ont subi cette mort, et dont on a vu la photographie, l’ont acceptée pour ne pas avoir renié le Christ vainqueur. Ils pouvaient apostasier, ils ne l’ont pas fait, comme ne l’ont pas fait non plus, cette année également, les chrétiens d’Égypte, de l’Inde, du Pakistan, d’Irac, d’Afrique…
La Croix dressée sur le monde
Paradoxalement, l’écrasement des chrétiens par les puissants de ce monde est leur victoire : leur souffrance a été partout – et est et sera… – l’icône de celle du Christ vainqueur : vainqueur, puisque, en son amour, et son amour pour les ennemis, Il n’a pas fléchi. C’est pourquoi les martyrs, dont chaque jour fait mémoire l’Église (cf. le Paraclitique ou Octoèque, offices selon les huit tons), sont appelés « saints et victorieux martyrs ». Et, comme la souffrance des chrétiens dans les pays de l’Est, et celle des Arméniens, contribue au Salut de ces peuples, celle des nouveaux martyrs, celle de tout souffrant qui demeure dans l’amour, la foi et la paix, concélèbre, dans la Croix même du Christ, le Salut du monde entier. Rien ni personne ne peut empêcher un martyr d’intercéder pour le pardon, la conversion et le Salut de ses bourreaux. – Gloire à ta sainte et vivifiante Croix, Seigneur Jésus, gloire à toi !