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La question de l’enfer

Mauvais riche et ppauvre Lazare

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Les richesses

L’évangile de Lazare et du mauvais Riche (Luc 16, 19-31) pose la question très sérieuse de l’enfer. La richesse est une bénédiction, comme le montre l’exemple de notre père Abraham et de nombreux autres personnages de la Tradition. Toutefois l’usage qui en est fait peut avoir des conséquences catastrophiques du point de vue du salut. Les richesses nous viennent exclusivement de Dieu, et il nous appartient de les gérer en cohérence avec la volonté de Dieu ; en effet, nous aurons à lui rendre compte de l’usage que nous aurons fait des richesses (financières, culturelles, spirituelles…) qu’Il nous avait confiées : c’est ce que montre, par exemple, la parabole des talents. Le riche de notre évangile pouvait, avec ses biens matériels, soulager, ne serait-ce qu’un peu, la misère du pauvre qui était à sa porte.

La sanction

L’enfer est moins une situation à laquelle l’être humain est condamné par le souverain Juge, que la situation à laquelle il se condamne lui-même par ses péchés et ses passions. Au moment de la mort, l’être humain s’endort dans l’état spirituel dans lequel il se trouve. Le riche de l’Évangile est tourmenté par les passions qui l’habitaient de son vivant : l’égoïsme, l’amour de soi, l’amour du confort, l’indifférence à la souffrance ou au bonheur d’autrui, etc. La colère de Dieu consiste moins à nous infliger un châtiment extérieur qu’à nous livrer à nous-mêmes. Malheur à celui que Dieu abandonne à lui-même !

Brûlure des passions

« Que le souvenir du feu éternel se couche avec toi le soir, et qu’il se lève également avec toi ; alors la paresse ne pourra jamais te dominer à l’heure de la psalmodie », écrit saint Jean Climaque (7, 24). Les saints Pères prenaient très au sérieux la question de l’enfer. Nos passions et nos péchés créent autour de nous une véritable prison ; ils nous tourmentent de façon brûlante, la frustration qui vient de ne pouvoir assouvir sa convoitise, douloureuse déjà dans cette vie, devient un insupportable tourment.

L’enfer indolore

Toutefois, et l’évangile de ce jour n’en parle pas, il est des lieux de l’enfer, d’après certains pères spirituels, qui sont pires que ceux que nous mentionnons. Il s’agit de lieux spirituels d’où la souffrance est absente. Pire que tout est l’enfer de ne pas souffrir pour le mal qu’on a fait : l’absence de repentir, l’indifférence à l’amour de Dieu, l’insensibilité à la souffrance d’autrui, et, pire encore, l’orgueil satisfaisant d’avoir raison contre Dieu. L’enfer connaît des zones indolores où l’homme ne crie pas, ne hurle pas sa supplication devant Dieu, comme le fait ici le mauvais Riche. L’enfer de l’auto satisfaction, de l’auto déification, l’enfer de l’orgueil, étant sans douleur, est probablement sans issue.

Les issues

Pour revenir au personnage de ce jour, il a des possibilités d’être sauvé, grâce à la souffrance qui lui rend intolérable l’endroit où il se trouve. Comment échapper à ce supplice ? – en rendant grâce à Dieu pour le bonheur des saints (le riche pouvait se réjouir pour Lazare) ; – en rendant hommage à la justice divine (le riche pouvait considérer que pour lui c’était justice) ; – en demandant pardon pour ses fautes (le riche pouvait regretter d’avoir été inhumain avec ce voisin de palier). Mais, aucun repentir chez lui : il se justifie. Pour cette raison, ni la Loi, ni les Prophètes, ni le Christ Lui-même revenu d’entre les morts, ne peuvent lui être d’aucun secours. Pour que ce soit le cas, il faudrait que cet homme, provisoirement livré à l’enfer, se repente du mal qu’il a fait, et du bien qu’il a omis de faire.

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