” Le Christ est ressuscité ! ”                  ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”       

L’Église et les nations

Pentecôte

Partagez :

Les saints locaux –

Le deuxième dimanche après la Pentecôte, chaque nation fait mémoire de ses saints. En France, chaque diocèse orthodoxe commémore, qui les saints de Russie, qui les saints de Roumanie, qui ceux de Grèce, de Géorgie ou de Serbie. Chacun, parce qu’il comporte des fidèles et des prêtres français, devrait également nommer « tous les saints de France ». Complexe est la question des nationalités, des peuples, des ethnies dans l’Église et sur toute la terre !

La Pentecôte

Ce dimanche est en fait le troisième à annoncer la vocation des nations. Le jour de la Pentecôte, « des Juifs pieux, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel » entendirent, chacun dans sa propre langue, les Apôtres s’adresser à la foule (Ac. 2). L’Israël transfiguré qu’est l’Église est le lieu mystique où toutes les ethnies ont accès, pour cultiver une identité commune née de la même foi, tout en épanouissant leur identité nationale. La richesse de chacune est appelée à être transfigurée dans un  même Esprit. Il est dit que chaque peuple a son ange. Saint Michel archange est le patron de la France – parrainage revendiqué par d’autres peuples !

L’antinomie trinitaire

L’expérience et le projet ecclésiaux proposent au monde, en vue de sa transfiguration et de son salut, un modèle paradoxal : une identité rigoureusement commune tenant à l’unité de la Foi et de la Tradition et, simultanément, l’épanouissement et la fructification de chaque patrimoine national. Tous appartiennent à l’Israël de Dieu ; chaque peuple a sa propre histoire, ses propres souffrances et ses propres joies, ses fautes et ses fiertés, ses richesses uniques dans le domaine de la culture et de l’esprit. Dieu ne veut pas un peuple incolore et uniforme. La norme trinitaire fonde cette perspective. Les nations ne doivent ainsi, ni se dresser les unes contre les autres par rivalité, ni se dresser contre leur commun Seigneur par orgueil. L’unité des peuples de la terre, et la disqualification définitive de toute guerre, est dans l’accès pour tous à la vie trinitaire : unité absolue et diversité absolue, à tous les plans de l’existence.

Un seul peuple

L’entrée des nations païennes dans le Peuple de Dieu élargit l’Église à l’universel humain et atteste l’Incarnation du Verbe et la Descente de l’Esprit. On peut vivre ensemble sur cette terre et dans ce pays, si toutefois l’on écoute l’enseignement divin. Le Christ, le Dieu Homme, a voulu explicitement que sa maison de prière fût « pour toutes les nations » (Mc. 11, 17 ; Is. 56, 7). Il n’a pas créé une religion nouvelle, universelle et transcendant toutes les autres. Il s’est donné lui-même, à titre personnel, comme fondement commun et ultime pour la pensée, la vie religieuse, la vie sociale et politique de tous les peuples ensemble et de chaque peuple en particulier. L’humanité sanctifiée par l’Incarnation, la Résurrection et la Pentecôte est une humanité multicolore, comme l’est le peuple de nos rues. « Toutes les nations seront rassemblées devant le Fils de l’Homme », prophétise Celui-ci (Mat. 25, 32). Le Christ est l’arbitre et le roi des nations. Et la prophétie d’Ézéchiel s’accomplira: « ils ne formeront plus qu’une nation » (37, 22).

L’offrande eucharistique de chaque peuple

Ainsi, il ne s’agit pas pour les baptisés d’être russe, grec, roumain ou français avant d’être chrétiens ; il s’agit de l’inverse ! L’unité baptismale, l’unité eucharistique, en fait l’unité de Foi, irrigue de l’intérieur la russité, la roumanité ou l’hellénisme. Il ne suffit pas de stigmatiser l’hérésie « phylétiste » – sorte d’idolâtrie de la nation -, comme le fait très bien Michel Stavrou dans Unité des Chrétiens (n°178, avril 2015). Encore faut-il respecter l’apport de chaque peuple à la construction de la Jérusalem céleste. Tous les chrétiens immigrés dans notre pays sont de dignes partenaires de l’Église territoriale ; dans chaque paroisse, on entend résonner la musique des langues, quelquefois le Notre-Père en quatre ou cinq vocables ! Coutumes variées, expériences historiques complexes, nous enrichissent. Reste à sanctionner, par l’unité canonique, cette belle unité de foi dans la diversité nationale. L’épiscopat local progresse, par la grâce de l’Esprit, vers une synodalité toujours plus réelle, garante de l’unité ecclésiale comme du patrimoine de chaque peuple (Radio Notre-Dame, 14 juin 2015).