Le défi –
Les accidents (Bucarest, Égypte), les attentats (Paris, Beyrouth), les assassinats et les persécutions de notre temps constituent un défi à la conscience chrétienne. Il se pose la question de savoir ce que Dieu attend de nous dans ces circonstances, sachant que nous sommes des baptisés envoyés dans le monde par le Christ, sans être pourtant du monde.
La permissivité de Dieu
Elle constitue un scandale pour la conscience : comment, pourquoi Dieu permet-Il ces horreurs ? Est-Il indifférent ? Absent ? Existe-t-Il vraiment ? Comment se pose la question de Dieu dans un monde ensanglanté ? Avant de mettre Dieu en accusation, nous pensons à la responsabilité humaine : le péché, sous toutes ses formes (égoïsme, convoitise, domination…), est pour beaucoup dans ces catastrophes. D’autre part, celles-ci permettent la révélation des saints et des justes : combien de personnes trouvent dans ces circonstances l’occasion d’un dévouement magnifique – quand tout semble se déshumaniser, il y a des gens pour donner de vrais exemples d’humanité – et le Seigneur se reconnaît en eux. Les grandes détresses appellent efficacement la manifestation de l’amour de Dieu ; la compassion divine irradie de ses membres ; et le Dieu incarné révèle, par le saint Esprit, sa présence, comme Dieu et amour immolés, dans ceux qui souffrent et même en enfer.
L’hypocrisie
La garde des pensées, le dépistage des passions (peur, haine, vengeance, révolte, sentiment d’injustice) et des péchés (ce qui est en contradiction avec l’Évangile et nous sépare du Christ) qui sont en nous, sont également une façon de répondre. Nous discernons l’incohérence et l’hypocrisie en nous et chez nous : quand des massacres, non seulement de chrétiens, ont lieu au Moyen Orient, en Afrique centrale, en Égypte, en Inde, les réactions en France sont moins vives que lors d’attentats parisiens. Par ailleurs, des centaines de petits enfants sont exterminés régulièrement en Europe : l’avortement ou infanticide légal est finalement accepté par le grand nombre. Et les armes qui frappent à balle, qui égorgent ou qui explosent sont fabriquées chez nous.
Le témoignage
Nous pouvons encore vérifier la qualité du témoignage que nous donnons dans l’Église et dans le monde (au travail, devant nos voisins et nos amis non croyants) ; nous pouvons évaluer notre propre religion : n’arrive-t-il jamais de confusion avec la politique, le nationalisme ou la culture ? L’impureté est le mélange d’une réalité avec autre chose qu’elle-même. La religion, à cet égard, n’est pas toujours pure, du côté des « christianistes ». Avec un grand balais nous pouvons balayer devant notre porte – tout n’est pas la faute du Bon Dieu !
L’attitude des saints
Les baptisés sont les saints de Dieu (au moins potentiellement !) par le baptême, la chrismation, par la foi. Ils constituent le Peuple et l’Israël du Seigneur, fait de prêtres, de rois et de prophètes. Ils peuvent suivre l’exemple du Christ : en dénonçant, non les personnes, mais les erreurs ; en s’abstenant de juger ou de condamner les personnes et de prendre la place de Dieu ; en intercédant pour les victimes comme pour les bourreaux, car Dieu aime les uns comme les autres ; surtout, en entrant dans le repentir, qui est la grande réponse : le Christ innocent monte sur la Croix pour le Salut du monde. Nous ne sommes pas innocents. Les saints font pénitence pour la souffrance du monde : « aie pitié de moi, pécheur ! ».
Être des hommes
Les circonstances que nous vivons ne sont pas totalement nouvelles. Des attentats ont déjà eu lieu dans la capitale française et dans d’autres pays (New York). Mais les temps qui viennent seront peut-être plus durs que ceux que nous vivons actuellement. Nous devons nous exercer et exercer nos enfants à faire face en chrétiens aux circonstances que Dieu permet : entraînons-nous à rester des disciples du Christ, à rester des hommes, car ce qui guette l’homme c’est la déshumanisation.