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Dimanche de la Croix : Marc 8, 34 – 9, 1

La croix Louveciennes

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Vénération de la Croix –

Au milieu du saint et grand Carême, nous vénérons la sainte et vivifiante Croix en psalmodiant : « Devant ta croix nous nous prosternons, ô Maître, et ta sainte résurrection, nous la chantons ! » Quand nous vénérons la Croix, nous glorifions donc la Résurrection. Le signe de mort est devenu signe de vie. Le Christ a transformé la mort en vie, non en revenant à cette vie mortelle, mais en entrant, par sa mort vivifiante, avec toute la nature humaine, dans la vie sans fin de la communion avec le Père et l’Esprit.

Mettre la mort à mort

« Suivre le Christ », comme il est dit dans l’évangile de ce jour, veut dire « entrer avec lui dans la vie ». Il s’agit de mourir à la vie pour la mort et d’entrer dans la mort pour la vie. La condition des disciples du Messie, du Roi d’Israël, du Fils unique et Verbe de Dieu, du Fils de l’Homme, comme Il s’appelle si souvent lui-même, est exaltante : à nous qui aspirons tellement à vivre, à nous épanouir, à nous réaliser en tant que personnes, à connaître l’amour véritable, il est annoncé qu’en suivant le Seigneur Jésus nous serons vivants ! Le renoncement est alors « doux et léger », comme le dit le Sauveur à propos du « joug » de sa croix. Il est douceur et légèreté parce qu’il est rempli de la grâce du saint Esprit par laquelle nous répondons à l’appel du Verbe. Il est doux, ce renoncement, parce qu’il est motivé par la grande certitude que nous allons, en suivant Jésus Christ, d’un moindre bonheur à un bonheur plus grand. Il nous est promis l’existence la plus gratifiante qui soit, celle des fils et filles de Dieu.

Renoncer à l’amour de soi

C’est pourquoi le renoncement ne s’accomplit pas de mauvaise grâce, en maugréant : il est un bondissement allègre vers la vie à laquelle aspire tout notre être. Le renoncement est une impatience de jouir des biens promis par Dieu à ceux qui ont un grand amour pour lui et pour son amour. Le renoncement est un saut dans la vie parce qu’il est une échappée de la mort ; nous échappons à l’étreinte morbide et mortifère de l’amour de nous-mêmes. Le Christ le dit bien : il ne s’agit pas de renoncer à des créatures, à des objets ou à des moments qui ont toute leur valeur puisqu’ils sont des cadeaux de Dieu ! Il s’agit de « renoncer à soi », à l’amour de soi, à l’égoïsme, passion terrible qui oriente notre vie vers la mort. Le renoncement est un renoncement à la mort.

L’allégresse

Ainsi, « prendre sa croix » n’est pas un acte de courage, un acte héroïque ou surhumain. Nous prenons la croix que le Seigneur nous donne et nous l’embrassons, nous la vénérons parce qu’elle est le chemin de la vie, la promesse de la résurrection de l’âme et du corps pour celui ou celle qui la saisit avec amour, avec gratitude, avec foi et avec impatience de goûter au bonheur des saints, de ceux qui sont, selon la tendre parole du Père céleste, « entrés dans la joie de leur maître ». « Par la Croix – dit la prière liturgique –, la joie est entrée dans le monde entier ». Pourquoi ? – par elle, le monde entier est affranchi de la mort qu’engendrent les passions égoïstes – oisiveté, découragement, domination, parole facile, dit la prière de saint Éphrem. « Croix » rime avec « joie », avec l’amour sacrificiel par lequel nous nous épanouissons en préférant autrui à nous-mêmes.

Le Christ, sur la Croix, comme le montre l’icône, irradie la joie de l’amour parfaitement accompli. Sa beauté est celle du Dieu Homme dilaté par une générosité indicible, celle du Seigneur de gloire qui ne veut qu’une chose : que la créature participe à  son être, à sa jubilation d’être, et cela, de façon totale. Les saints que nous vénérons dans leur icône connaissent également cette dilatation de l’être ; et nous aussi, prenant chacun sa croix, nous la connaîtrons et nous serons dans l’allégresse.

(Radio Notre-Dame, dimanche 3 avril 2016)

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