Transmettre –
Enseigner, transmettre, particulièrement dans l’Église – mais c’est vrai, bien sûr, ailleurs – suppose que l’on tient compte de certaines données. Si on néglige celles-ci, la transmission de la connaissance ne peut être efficace puisqu’elle ne prend en compte qu’une partie de l’humanité de l’enfant ou de quelque personne que ce soit bénéficiaire de la transmission. Dans la catéchèse, mais surtout dans la pratique liturgique, qui est à beaucoup d’égard une méthode d’apprentissage de la parole et de la sagesse de Dieu, la transmission de la foi et de la connaissance de la vérité se fait en fonction de plusieurs paramètres qu’il convient de rappeler.
Une conscience incorporée
La conscience de soi est liée à la conscience de son corps – plaisir, douleur, faim et soif etc. Le Christ donne l’exemple d’une telle conscience, quand, à plusieurs reprises, nous voyons qu’Il cherche le contact : Il touche, Il prend la main. Mais surtout, en se faisant chair et homme, Lui la Raison divine, Il a donné au corporel un statut gnoséologique nouveau. Ce statut de la conscience – stimulé par la grâce baptismale – explique l’organisation et le contenu des rites de l’Église et leur fonction de transmission. Il devrait également inspirer des méthodes spéciales de pédagogie, par exemple toutes les méthodes de mémorisation.
La connexion au monde invisible
Le monde angélique (anges – ange gardien – et démons) et hagiologique (Mère de Dieu, saint patron…) a une importance considérable dans la façon dont l’information est transmise. Tout baptisé – peut-être tout homme – reçoit les informations divines, donc la révélation, la foi, la connaissance, par le ministère des anges et des saints – peut-être de certains défunts particulièrement justes et proches de lui. Cette communion des anges et des saints joue un rôle actif dans la transmission de la révélation et de la foi au sein de nos offices liturgiques.
L’affinité avec le divin
Elle a été soulignée par les saints Pères, par exemple Grégoire de Nysse : elle s’explique par le sceau de l’image divine en l’homme, par le souffle initial ou « esprit » donné par le Seigneur après le modelage de l’homme, par la grâce du saint baptême, l’habitation du saint Esprit, la présence du Verbe par le saint Esprit. Celui-ci assure, en synergie avec la liberté créée, l’évolution de l’homme jusqu’à la vie hypostatique : ceci doit compter dans la pédagogie de l’Église. Cette connaturalité de l’homme et de Dieu a rendu possible l’incarnation du Verbe et explique comment l’homme peut connaître Dieu à travers sa parole et par la grâce du saint Esprit.
S’adresser à l’homme né de Dieu
Ces paramètres, qui correspondent au donné objectif de l’homme, suggèrent une idée de la pédagogie qui s’adresse, non à un homme sécularisé, mais au « vivant qui devient Dieu », selon la définition de saint Grégoire de Nazianze. La nature même du culte chrétien découle de ces paramètres anthropologiques. Et toute notre pédagogie, celle des parents, des catéchètes, des prêtres, doit tenir compte de ce que l’enfant, par exemple, est habité par la grâce de l’Esprit, qu’il est aimé de Dieu, que les anges et les saints, tout particulièrement la Mère de Dieu, veillent sur lui et intercèdent activement pour l’éveil de sa conscience. On attend des chrétiens des méthodes issues de la vision ecclésiale de l’homme.