Pénitence et conversion –
L’appel à la pénitence résonne continuellement dans la Bible et dans l’Église. La plupart des prières fixes que nous utilisons chaque jour ont un caractère pénitentiel. Le saint Évangile, par la bouche du Précurseur du Christ, le Baptiste Jean, et par celle du Christ Lui-même, Dieu en personne devenu homme, commence par ces paroles : « convertissez-vous ! » Se convertir, c’est changer sa mentalité ; c’est également changer de comportement, renoncer de façon radicale aux péchés que l’on a pu commettre. Tous les saints donnent l’exemple de la pénitence et l’enseignent.
L’enseignement des Pères ascétiques
Mais, comment s’y prendre ? – importante question ! Y a-t-il une méthode ? – tous peuvent lire les écrits des saints confesseurs de la vraie foi, par exemple les Écrits ascétiques de saint Dorothée de Gaza ou ceux de saint Isaac le Syrien. La plupart des fidèles et des prêtres de l’Église peuvent approcher de saints ascètes et les interroger sur cette question. Ce qui ressort globalement de l’enseignement des saints peut être condensé en quelques thèmes.
Accepte les humiliations
En premier lieu, nous pouvons faire pénitence en acceptant toutes les contrariétés et les humiliations comme une juste rétribution de nos fautes. Nous avons l’exemple de Job le Juste, qui ne se se révolta pas quand il fut mis à l’épreuve. Nous avons également celui du Bon Larron qui, mis en croix à côté du Sauveur, disait : ” Pour nous c’est justice”. Celui qui subit les injustices comme justes est déjà vainqueur du péché et de la mort. Le Christ Sauveur a donné de cela un exemple éblouissant quand, sur la Croix, Il subit sans se plaindre, sans se révolter, sans se défendre et sans se justifier, Lui l’Innocent par excellence, l’injustice suprême et l’humiliation venue des ennemis. Le Seigneur nous a montré la voie du repentir, Lui notre Maître et notre Dieu.
Fuis les occasions de pécher
Ensuite nous faisons pénitence en renonçant à tout ce qui de près ou de loin a une complicité avec nos fautes. L’alcoolique ne garde chez lui pas la moindre goutte d’alcool. Le pécheur fuit tout ce qui un rapport avec ses fautes, car le péché est une addiction. Il fuit les lieux, les lectures, les propos, quelquefois les personnes, surtout celles qui, par leur conversation, pourraient le faire tomber à nouveau dans le péché. Celui qui se repent d’avoir jugé un frère fuit la fréquentation de ceux qui disent du mal d’autrui.
Exerce-toi à faire le bien
Comme le dit David en son psaume : « éloigne-toi du mal et fais le bien ! » (PS. 33, 15), ce que reprend Dorothée de Gaza. Il ne suffit pas de fuir le mal ou la fréquentation des artisans du mal ; nous sommes appelés à faire le bien, c’est-à-dire la volonté de Dieu. Celui qui fait le bien s’éloigne du mal, car le mal est un moindre bien, la perversion ou le contraire d’un bien ou encore une relative absence de bien. Le repentir, ou changement radical de pensée et de comportement, consiste à faire la volonté de Dieu, comme le dit encore David : « enseigne-moi à faire ta volonté ! » (Ps. 142). Le jardinier ne se contente pas d’arracher les mauvaises herbes : il sème ou plante à leur place des semences et des herbes nouvelles. Il connaît le repentir, celui qui remplace les péchés par les œuvres correspondantes agréables à Dieu.
Garde-toi des pensées
Faire pénitence, consiste ensuite dans la vigilance à l’égard des pensées. Le disciple de Jésus Christ s’exerce tous les jours à ne pas laisser entrer dans son esprit, dans son âme et, à plus forte raison, dans son cœur, des pensées ou des suggestions perverses. Le veilleur garde la ville. Le disciple garde son cœur. Le veilleur lutte contre le sommeil et la négligence par des chants guerriers. Le disciple lutte contre la torpeur de l’âme par les psaumes lus à haute voix et par la prononciation incessante du Nom de Jésus, Nom suprême de Dieu. La vigilance est soutenue efficacement, non seulement par la prière vocale ou silencieuse, mais encore par le jeûne corporel. Le corps est, non pas l’ennemi, mais l’allié de l’âme ; les ennemis de l’âme sont incorporels (Ps. 3).
Souviens-toi de tes fautes passées
La pénitence n’est pas encore atteinte à ce niveau. C’est le souvenir de nos fautes qui va nous aider. Ce souvenir doit être détestable. Faire pénitence, c’est détester le péché. Comment acquérir la haine du péché, sauf en se les remémorant, sans imagination toutefois, et en évaluant toutes leurs conséquences sur nous et sur autrui. Celui qui pense à ses péchés avec horreur, se sent à la porte de l’enfer, et, dans son horreur des fautes qu’il a commises, il éprouve jusqu’à la nausée. Quelquefois, si Dieu l’accorde, il se lamentera avec des larmes, considérant par quelle folie il s’est lui-même privé du bonheur en Dieu.
Rends grâce à Dieu pour tous et pour tout.
La racine de la pénitence, ou du repentir, est souvent la glorification continuelle de Dieu et la louange de sa Mère très pure et de tous ses saints. Par la louange, l’esprit et le cœur du disciple, rigoureusement associés, éprouvent un tel émerveillement devant Dieu et devant ses saints, que la seule pensée de ses péchés lui fait verser des larmes de désolation. Sauf quelques justes comme la Mère de Dieu, le Précurseur, peut-être Jean le Théologien, le disciple connaît la consolation par la désolation.
Servir les pauvres.
Pensons également que ce qui ouvre notre cœur à la pénitence, c’est de nous dévouer aux pauvres et à tous ceux qui souffrent. Le Christ nous en a montré la voie quand Il a lavé, Lui le Créateur, les pieds de ses disciples, quand Il a soigné les yeux de l’aveugle ou quand Il a redressé par sa seule parole et à distance la femme qui était courbée et qui ne pouvait plus regarder le ciel. L’amour des pauvres garde le disciple de retourner aux péchés de sa jeunesse.