Ce que nous dit le Seigneur –
La lecture de la Bible, autrement nommée Écriture, saintes Écritures, ou, mieux encore, Parole, n’est pas si facile. Quoique ce soit une grande bibliothèque, c’est, avant tout, l’immense recueil des paroles que le Seigneur et Verbe adresse aux hommes. Les malentendus sont toujours possibles. On peut s’égarer dans des interprétations fantaisistes. On peut connaître la perplexité devant certaines pages, ou même être révolté par des paroles ou des comportements paradoxaux. C’est pourquoi, en milieu juif et dans le milieu ecclésial qui hérite de lui, il a été toujours recommandé d’apprendre à lire, à entendre et, éventuellement, à avoir l’intelligence de ce que nous dit le Seigneur.
Le saint Baptême
Une première indication est d’être membre de l’Église du Christ qui est le Verbe ou Parole du Père, en Personne. Par le saint Baptême, nous sommes immergés dans le Christ Parole ; par la sainte Chrismation, nous recevons le « sceau du don du saint Esprit » pour entendre ce qui retentit dans cette immersion ; par la sainte Eucharistie, nous mangeons et buvons la Parole, l’Écriture nous alimente et fortifie notre âme et notre corps. En l’Église, le Verbe fait chair, qui est sa Tête, est présent corporellement par le saint Esprit : la Bible s’est faite chair et s’est faite homme.
La Tradition
L’Église est le Corps et le Sang du Verbe ; sur elle repose comme une colombe le saint Esprit ; ce même Esprit habite en elle : aussi peut-elle s’identifier à la Tradition des Apôtres et des Pères qui transmet les clefs de lecture et d’interprétation de la Parole. L’Église, comme tradition d’écoute et de lecture de la Parole, est, on peut le dire, une école exégétique, la « maison de Dieu », dans laquelle le Maître, rempli du saint Esprit, enseigne, comme Il enseignait dans les épisodes rapportés par l’Évangile.
L’enseignement du Verbe
Après sa résurrection corporelle, Résurrection d’entre les morts, le Verbe incarné a précisément instruit ses apôtres à ce sujet. « Il leur dit : esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! ». « Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, Il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24, 4). La Tradition des Apôtres et des Pères procède de cet enseignement, donné par la Parole en Personne qui interprète l’Écriture. La lecture de la Bible se fait l’Évangile à la main, parce qu’il contient la clef d’interprétation de tous les textes de la belle bibliothèque de la Bible. La Clef, c’est le Christ présent dans l’Écriture comme un trésor dans un champ.
Se disposer à l’illumination
Non seulement, on commencera la lecture des Écritures par le saint Évangile, mais encore on se disposera à entendre ce que nous dit le Verbe. Dans la célébration liturgique, on entend cette prière : « Fais luire dans nos cœurs la lumière incorruptible de la connaissance de ta divinité, ô Seigneur Ami des hommes, et ouvre les yeux de notre intelligence pour que nous comprenions ton message évangélique ». Cette prière vaut pour chaque passage de la sainte Écriture. Invoquons le saint Esprit avant de lire. Éventuellement, jeûnons, pour que l’intelligence nous soit donnée. Le saint Carême a pour but, entre autres, de nous ouvrir, par le jeûne et la prière, au sens de ce que le Seigneur nous dit et fait pour nous.
Interroger les anciens
Nous pouvons avec profit interroger un ancien. C’est ce qu’on a toujours fait en milieu juif. C’est ce que les Apôtres et les Pères ont continué à faire. Un passage biblique se montre-t-il difficile ou même rebutant ? – sollicitons une personne compétente, membre elle aussi de l’Église : évêque, prêtre, diacre, mais également tout croyant expérimenté et instruit de la Parole de Dieu. De grands exégètes de la Tradition, comme Didyme l’Aveugle, étaient de saints laïcs comme il y en a beaucoup. En paroisse, ou au monastère, nous avons à notre disposition des pères spirituels qui sont censés répondre à nos questions ou renvoyer à un plus instruit s’ils ne le peuvent pas. Les catéchètes, dans les paroisses, font cela, avant d’instruire les enfants, de façon à ne pas leur transmettre des interprétations ou des enseignements erronés.
L’écoute liturgique de la Parole
En dernier lieu, nous pouvons lire des ouvrages orthodoxes sur la Bible et certaines études de science biblique. Saint Jean Chrysostome, par exemple, a interprété un nombre immense de passages scripturaires. La plupart des Pères ne faisaient autre chose que de commenter l’Écriture et nous possédons des collections d’homélies, surtout sur les passages écoutés lors des offices. En effet, pour conclure, soulignons le fait que les textes bibliques, notamment les psaumes, en plus des livres historiques et prophétiques, des évangiles et des textes apostoliques, sont lus à haute et intelligible voix, face aux fidèles, au cours des célébrations. C’est le moment privilégié de l’écoute de la Parole, quand, réuni pour la prière, invoquant l’Esprit par de multiples Kyrie eleison, le Peuple ouvre l’oreille de son cœur à ce que dit le Seigneur.