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Dialogue de l’Église orthodoxe avec le Judaïsme

synagogue

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Autour du 16 octobre dernier, se sont réunis à Athènes des représentants du Judaïsme et de l’Église orthodoxe. Le but de cette rencontre était d’avancer dans le dialogue et la connaissance réciproque.

« Le Salut vient des Juifs » –

Cette parole du Seigneur Jésus Christ (Jean 4, 22) nous inspire, à nous les chrétiens, un grand respect à l’égard de la communauté juive, de sa tradition ancienne et des coutumes qui sont actuellement les siennes. Pour des chrétiens, valoriser l’héritage sémitique ne consiste pas à relativiser leur propre message : cela constitue au contraire un renforcement du témoignage des disciples de Jésus Christ en faveur de son enseignement et de son exemple, en particulier de sa résurrection. Les chrétiens magnifient le fait que Dieu a choisi de se faire homme au sein d’un peuple particulier, le peuple juif. Il a sanctifié et transfiguré l’humanité universelle en l’ayant reçue précisément de ce noble rameau de Jessé. Bien entendu, l’incarnation du Fils de Dieu et son enseignement concernent les hommes de toutes les nations et de toutes les cultures : il ne s’agit pas de réduire Jésus au judaïsme. Il n’empêche que Dieu a reçu son humanité de la Vierge d’Israël, justement nommée la Mère de Dieu.

Les conflits

Il est terrible de penser que, historiquement, alors que les Juifs, comme nous le montre l’évangile de la résurrection de Lazare, avaient massivement suivi Jésus, les rapports entre les chrétiens d’origine juive puis d’origine non juive – les « nations » – et les Juifs traditionnels sont devenus affreusement conflictuels. Pour prendre notre responsabilité historique, et sans insister sur ce que les premiers disciples du Christ eurent à supporter, nous devons reconnaître que la communauté chrétienne s’est discréditée par son comportement à l’égard des communautés juives. L’ère constantinienne a vu germer dans les peuples pourtant évangélisés un antisémitisme qui est devenu culturel.

Relecture des saints Pères

La référence normative que les chrétiens orthodoxes ont aux Pères de l’Église a besoin, à cet égard, d’être explicitée. Les Pères des premiers siècles ont souvent, pour des raisons contextuelles, assumé des propos extrêmement sévères à l’égard des Juifs, c’est le cas de célèbres pages de saint Jean Chrysostome. Certains de nos textes liturgiques sont contaminés par la diatribe de l’époque cappadocienne.

Un dialogue fructueux

Pour les chrétiens orthodoxes, le dialogue avec le Judaïsme devrait permettre à la fois de retrouver la confiance de nos amis juifs et de retrouver des clefs d’interprétations très utiles pour la plupart des textes du Nouveau Testament : combien d’allusions, de paraboles, d’expressions gagnent à être revisitées à partir de la culture sémitique ! Les chrétiens ont tout avantage à se ressourcer bibliquement et « judaïquement », ne serait-ce que pour être les disciples des saints Pères de tous les temps qui connaissaient mieux que nous ne la connaissons la tradition juive. Il faut souligner également que le dialogue œcuménique lui-même, qui fait se rencontrer des chrétiens différents les uns des autres par leur rapport à la Tradition apostolique et patristique, gagnera beaucoup à un tel renforcement de notre culture sémitique.

Unité de l’Alliance

Le dialogue de l’Église orthodoxe avec le Judaïsme ne relève pas d’une sorte de diplomatie religieuse. Il tient à la sincérité, à l’honnêteté intellectuelle, à l’intérêt réciproque. Les Orthodoxes, par la présence du saint Esprit dans l’Église, sont capables d’un vrai renouveau théologique, en particulier dans le domaine de l’ecclésiologie, chapitre qui est actuellement en première ligne des discussions entre chrétiens. Reprendre l’interprétation du rapport entre le Judaïsme et le christianisme, par exemple en insistant plus sur la continuité et l’épanouissement que sur la substitution, devrait permettre de mieux contempler le mystère éternel de l’Église de Dieu – « lumière qui doit briller sur les nations et gloire du peuple Israël ».

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