La simplicité naturelle –
En toute simplicité ! Au Paradis, nous avons connu une grande familiarité avec le Créateur. Nous avons perdu celle-ci par désobéissance. Le Verbe, le Fils de Dieu, s’est fait homme et nous a rendu ainsi accès à la familiarité naturelle avec le Père par son obéissance exceptionnelle. Nous voulons nous éloigner de tout péché et nous libérer du joug de nos passions pour pouvoir nous adresser à Dieu en toute liberté et jouir de ce que le Christ a préparé pour nous.
Le dialogue de la créature et du Créateur
Toute l’histoire biblique, l’histoire de notre peuple, le Peuple de Dieu, nous fournit des exemples. Ceux-ci montrent que le péché d’origine n’avait pas totalement privé l’humanité de la grâce. Abraham, par exemple, vécut un véritable dialogue avec le Créateur. Celui-ci s’adressait à lui, et lui, lui parlait. Le dialogue divino humain est la situation fondamentale de toute prière. Nous nous adressons à Quelqu’un, à la Personne divine. L’exemple des prophètes le confirme, tout particulièrement celui du grand Moïse. Relisons régulièrement la Genèse et l’Exode et nous verrons comment nous adresser à Dieu.
D’homme à homme
Il est beaucoup plus facile de s’adresser à Dieu depuis qu’Il s’est fait chair et s’est fait homme. Nous avons maintenant la possibilité de parler à Dieu comme à un homme. Le dialogue, maintenant, n’est plus seulement un dialogue divino humain, comme il a toujours été, depuis la création du monde : il est, en quelque sorte, une conversation d’homme à homme. Adressons-nous au Christ, le Dieu Homme, comme un ami parle à un ami, comme un enfant parle à son Père, parce que le Christ nous fait connaître le Père. C’est la facilité qui caractérise la condition actuelle de la prière, et elle n’a d’obstacle que le péché et les passions. Relisons le saint Évangile : nous y trouvons de multiples exemples de ce dialogue d’homme à homme, de ce « tu à toi », quoique le Christ soit Dieu.
La communion de ceux qui prient
Nous ne sommes pas seuls à nous adresser à Dieu. Soyons conscients de ce que, même s’il y a un caractère exclusif dans notre relation et notre amitié avec le Christ, nous nous présentons devant lui en communion avec tous ceux qui, depuis le commencement des temps, se sont montrés agréables à lui. Ce sont les saints et les justes de tous les temps, les anges de tous les ordres incorporels, les saints si nombreux de notre époque, nos frères, membres de notre famille et de notre paroisse ou de notre monastère. Nous disons « je crois en Dieu », et nous disons également « notre Père ». Nous faisons partie d’un peuple, d’une famille, celle des familiers et des membres de Jésus Christ, Parole incorporelle du Père par nature, et devenue corporelle par volonté. La Résurrection corporelle, l’Ascension corporelle de ce même Dieu et Verbe, et la Descente du saint Esprit qu’Il a envoyé d’auprès du Père, donnent toute sa force à cette conscience qui est celle de l’Église.
La crainte et le repentir
Si la familiarité est si bonne et le Royaume si proche qu’il n’y a qu’à tendre la main, il reste que nos péchés apportent tous les jours la contradiction à notre amour pour Dieu. C’est pourquoi notre familiarité avec le Dieu Homme ne peut pas être triviale ou ordinaire. Elle procède de la « crainte de Dieu » : celle-ci est à la fois le sentiment de son immense grandeur et l’appréhension d’être privé de lui, peut-être à jamais. Cette deuxième crainte, inspirée par l’amour, est le premier pas vers la familiarité divino humaine ; le deuxième pas est le repentir. Les saints contemporains, comme saint Sophrone le Nouveau, l’enseignent par expérience : « la voie de la connaissance de Dieu passe avant tout par la foi, l’amour du Christ et le repentir ». Nous nous présentons devant le Christ Dieu avec des larmes, quand il nous est révélé par le saint Esprit à quelle distance nous nous situons de la familiarité qu’Il nous offre pourtant sur un plateau.