Le regard de Dieu sur la femme
Consacrer une journée par an à la femme, aux femmes ou à une femme, paraît vraiment le minimum ! Notre époque, du reste, résolument féministe au moins dans les médias, focalise chaque jour l’attention sur des personnages ou des types féminins, ainsi que sur la souffrance féminine, faite d’injustice, d’humiliations et d’instrumentalisation. Familière est l’image de la femme captée par le regard intéressé de l’homme, et souvent à cet égard objectivée ; c’est également celle de la femme vue par la femme, miroir d’elle-même, la femme qui, dans les magazines chers ou populaires, se mesure à l’image des autres. Or Dieu pose un regard unique sur la femme – « Dieu créa la femme », rappelle un film célèbre. Il regarde celle qu’Il a créée. Nombre de passages évangéliques nous montrent comment le Seigneur la voit : pensons à ces rencontres du Créateur et de sa créature – la Samaritaine au puits de Jacob, la Cananéenne qui implore la guérison de son enfant, cette veuve anonyme de Naïm dont le Seigneur ressuscite le fils unique, Marie-Madeleine Égale-aux-apôtres, les myrophores dans le jardin au matin de la Résurrection… Cherchons dans l’Évangile qu’est-ce qu’être femme devant Dieu plutôt que devant les hommes ou devant son miroir.
Féminisme
Tout particulièrement, il est une femme, la seule, que Dieu, à Cana de Galilée et au Golgotha, appelle du nom de « femme » : c’est sa Mère selon l’humanité. La Mère de Dieu est vue comme l’archétype du féminin. Les conséquences du regard divin et de la foi chrétienne fondent un féminisme authentique – sans guerre des sexes, sans rivalité, sans virilisation non plus de la femme. Marie est l’icône de l’autonomie en Dieu de la femme par rapport à l’homme : la virginité n’en est-elle pas l’affirmation ? La virginité volontaire est liberté ; elle relativise l’ordre biologique et social, et dénonce le despotisme du sexe et du pouvoir, la tyrannie du plaisir.
Maternité spirituelle
Mais le féminisme de Marie n’est pas seulement dans sa virginité ; il est dans une fécondité qui ne doit rien à l’homme. Elle est rendue mère par Dieu seul et l’homme trouve près d’elle la place modeste du père adoptif. L’homme ne prétend plus être le dieu de la femme, et elle ne doit plus non plus être sa déesse. L’icône de la Vierge Mère conteste les idoles. Moniale ou mère, la femme, suivant le type féminin que porte la Mère de Dieu, est établie dans la maternité : la fécondité et la maternité biologique sont bénies dès le Paradis et dans toute célébration des fiançailles et du couronnement. Mais la femme reçoit également de Dieu la grâce de la maternité spirituelle : « Femme, voici ton fils ! », a dit le Dieu-Homme depuis la Croix. Sa maternité est donnée par Dieu et offerte à Dieu : la femme est appelée à enfanter des fils et des filles pour Dieu, à mettre au monde et à éduquer des enfants de Dieu – les icônes de la Mère de Dieu nous le montrent. C’est pourquoi également, le Seigneur a dit, à Cana de Galilée, à propos de sa Mère très pure : « Faites tout ce qu’elle vous dira ». Dans sa maternité spirituelle, la femme est mandatée par Dieu pour dire sa volonté.
La femme est une personne
« Journée de la femme ou des femmes », « éternel féminin », « la Femme et le salut du monde » (ouvrage de Paul Evdokimov), ces expressions et d’autres ne masquent pas l’aspiration profonde de l’être humain à être reconnu de façon ultime, non comme femme ou comme homme, mais comme personne. La femme est une personne. Or la personne transcende le masculin et le féminin. Le Christ nous offre une masculinité transfigurée et la Mère de Dieu une féminité transfigurée par la personne : s’accomplir en tant que personne, être plus que femme et plus qu’homme, est le grand projet. La femme est une personne qui a une nature féminine, soit, mais elle est plus que femme. Son créateur voit en elle, non seulement la femme qu’Il créa et qu’Il continue à soutenir, mais la personne créée à son image et en vue de sa ressemblance. Dieu n’est ni mâle ni femelle. Nous apprenons, surtout en ce temps de Carême, à regarder autrui, non plus comme un homme ou une femme, mais comme une personne avec laquelle nous aspirons à une communion infinie dans ce monde et dans l’autre (Radio Notre-Dame, Lumière de l’Orthodoxie, 8 mars 2015.).