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La peur, un péché ?

DESCENTE AUX ENFERS 2012-1

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Le péché –

Il peut être défini de deux façons : transgression du commandement divin ; ou mieux : éloignement de Dieu. En fait, le deuxième phénomène précède le premier : le premier homme fut d’abord « séduit » et attiré loin de Dieu par le Malin ; et ensuite, il sanctionna cet éloignement par la désobéissance. Le péché est également un état symptomatique : il atteste que l’homme, éloigné de Dieu, nourrit toutes sortes de malentendus à son égard et, en tout cas, a perdu confiance et intimité avec lui.

La peur

C’est une passion apparue après la chute. Elle est une perversion de la crainte. Celle-ci est le sentiment qu’on éprouve devant quelqu’un ou devant un phénomène très grand qui nous remplit d’effroi, nous faisant ressentir notre fragilité ou notre impureté. La peur est vraiment ce qu’on éprouve en présence du danger ou dans la simple pensée que nous en avons. La peur est l’enfer du monde animal : la peur du prédateur t’empêche même de dormir sur ta branche. L’animal, grand ou petit, fuit toujours devant plus fort que lui. Même des lions ont été vus dévorés par des hyènes. Aucune créature n’est à l’abri. Toutes les créatures sont tourmentées par la peur de la mort et de la souffrance. La peur devient un réflexe.

La peur humaine

Chez l’homme, la peur est augmentée par l’imagination. On peut avoir peur de tout, de son ombre, du silence et du bruit. La peur asservit. Tous les despotismes tiennent par la peur. Les médias en abusent. Certaines sectes à la mode entretiennent la terreur et en font commerce. Dans plusieurs circonstances, la torture, la mise à mort, la réclusion et autres méthodes visent à réduire au minimum la liberté et à détruire la personne. En temps d’épidémie, la peur tend à dominer les consciences, jusqu’à l’obsession. Ce qui est instinct de survie chez l’animal est chez nous déshumanisation, à la limite : réduction de l’homme à des réflexes, à des tics nerveux et des grimaces. La peur, comme les autres passions pécheresses, est une pathologie. Elle est une conséquence du péché parce qu’elle naît d’une perte de la confiance en Dieu. Adam et Ève commencèrent à se cacher et à se sentir nus et vulnérables.

L’antidote

Le Christ est ressuscité : Il a vaincu le pouvoir de la mort, ce pouvoir qu’elle exerce par la peur. L’exemple des martyrs montre que les disciples du Ressuscité n’ont pas peur de la mort et de la souffrance. Suivant le psaume 90, les saints connaissent l’invulnérabilité. Ils craignent d’être séparés de leur Seigneur, de lui déplaire, d’être privés de sa familiarité dans ce monde et dans l’autre, mais ils n’ont pas peur de lui. Ils n’ont peur de rien : ils sont impavides. Devant l’absolu de l’amour divin, comme devant la proximité du soleil, ils peuvent ressentir leur fragilité et appréhender d’être consumés. Mais Dieu n’est jamais ressenti comme un ennemi ou un prédateur. Au contraire, Il se donne lui-même à boire et à manger. Il est impossible d’avoir peur d’un dieu crucifié.

Vaincre la peur

Pour vaincre la passion de la peur, l’angoisse de mort en particulier, le disciple du Christ glorifie la sainte Résurrection. Par exemple, il chante fréquemment l’acathiste de la Résurrection ; ou bien, il prononce aussi souvent qu’il respire une prière très courte comme : « Gloire à ta sainte résurrection, Seigneur Jésus, gloire à toi ! » C’est principalement la prière de louange, d’après certains ascètes, qui est l’arme la plus forte contre la passion de la peur. Pourquoi ? – parce qu’elle est un acte de foi absolue. Par la prière de louange, tu te retrouves, comme au Paradis, dans la familiarité avec ton Créateur. Tu le confesses comme Seigneur de ta vie et des circonstances terrifiantes que tu dois peut-être traverser. Et le Christ te dit : n’aie pas peur, Je suis là ! (Marc 6, 50).