L’intercession –
La plupart des chrétiens, s’ils prient, s’investissent plutôt dans la supplication et l’intercession. Ils prient pour eux-mêmes, pour leurs proches, pour le monde, pour les malades, voire pour leurs ennemis. Les prières fixes que nous disons chaque matin et chaque soir sont elles-mêmes, si on regarde un peu vite, des prières de demandes. Il est vrai que le Christ Lui-même nous a appris à demander : « tout ce que vous demanderez en mon Nom, Je le ferai » (Jean 14, 13). Les prières litaniques sont des demandes : « Kyrie eleison ! », « Seigneur, miséricorde ! » Par excellence, nous invoquons, avec nos évêques et nos prêtres, la venue du saint Esprit sur les saints Dons pendant l’Eucharistie ; nous demandons la grâce du saint Esprit pour tous, ceux qui croient et ceux qui ne croient pas encore…
Priorité de la bénédiction
Toutefois, si nous considérons avec attention les prières de l’Église, nous remarquons qu’elles commencent la plupart du temps par la bénédiction ; et nous remarquons également que, dans leur composition, elles alternent de façon régulière, la demande et la louange. Le meilleur exemple est donné par la divine liturgie elle-même. Les prières initiales de chacun de nos offices quotidiens commencent par la bénédiction et alternent ensuite supplication et glorification. Ici est le rythme de la prière. C’est tellement vrai que la seule prière que nous ait formellement léguée notre Maître le Christ commence par la louange : « Père ! Notre Père ! Sanctifié soit ton Nom ! » et se continue par des demandes. La prière du Nom de Jésus, et les différentes formes que prend la Prière du cœur, commencent par une glorification : avant de dire « aie pitié de moi, pécheur ! », nous disons « Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu », ce qui est évidemment la glorification du Sauveur comme Dieu véritable et Homme véritable.
L’acte de foi
En elle-même la louange est par excellence l’expression de la foi. Saint Jean Chrysostome, dit-on, avait comme prière, à la toute fin de sa belle vie de chrétien confesseur de la vraie foi : « Gloire à toi, Seigneur, pour tous et pour tout ! » L’anaphore de la divine liturgie rend grâce à Dieu pour ce que nous savons et pour ce que nous ignorons. Dans la joie, et surtout dans l’épreuve, nous pouvons emprunter cette prière. Pourquoi : « surtout dans l’épreuve ? » – dans la joie, il est évident que tu remercies ! Mais, dans l’épreuve, si tu remercies le Seigneur, cela veut dire que tu as en lui une foi profonde : tu confesse qu’Il est le Maître de cette situation que tu ne maîtrises pas, qu’Il habite en Personne l’épreuve qui pourrait t’écraser, qu’Il est présent, bienveillant, souffrant à ta place, priant pour toi le Père, et invoquant sur toi l’Esprit de ce même Père : Il intercède et tu glorifies !
La consolation par la louange
La prière de louange, pure de toute pensée parasite, parce qu’elle est l’acte de foi par excellence en la bienveillance divine, ouvre notre cœur à une grande paix, à la consolation de l’Esprit saint, cette grâce indicible, douce comme une caresse, pacifiante comme une tendresse maternelle, qui illumine l’intelligence et le cœur de qui la prononce d’un cœur sincère.