L’affirmation –
Aujourd’hui, le Christ se lève du tombeau et ressuscite ! Tous les chrétiens ensemble, réunis sur les places des villes, ont d’une seule voix proclamé la résurrection du Christ ; ils ont exprimé le noyau de la conscience chrétienne. Si le Christ n’est pas ressuscité, toute notre foi est vaine, dit saint Paul. L’Histoire s’est construite autour de ce témoignage et cette affirmation : en vérité, Il est ressuscité ! Pourtant, personne ne l’a vu sortir du tombeau. L’icône de Pâque est celle des myrophores qui viennent de bon matin oindre le corps du Sauveur : elles trouvent le sépulcre ouvert, et vide, orné seulement des linges qui ont entouré le Bien-aimé. Mais ensuite, Celui-ci leur apparaît : et les femmes, puis les apôtres attestent qu’ils l’ont vu, qu’ils ont mangé avec lui ; ils ont, comme Thomas, touché du doigt la résurrection corporelle, vérifié que les plaies sont bien celles de Jésus Christ. Toute la Tradition est un continuel témoignage, y compris par ceux qui « croient sans avoir vu »…
Les fruits ?
Ils sont énumérés dans la prière liturgique : amour, joie, action de grâce, célébration – l’expérience chrétienne est, avant tout, celle de la glorification du Ressuscité. Que quelqu’un revienne d’entre les morts est extraordinaire : cela veut dire que la mort n’a plus de pouvoir sur nous. De plus, il s’agit, non d’une personne ressuscitée par une autre, mais de celle qui se ressuscite elle-même, manifestant sa puissance divine sur les puissances de mort et de corruption. D’où la glorification incessante : Gloire à ta sainte résurrection, Seigneur Jésus, gloire à toi ! Le baptême transmet la puissance de la résurrection à ceux qui mettent leur foi dans le Christ : Vous tous qui êtes baptisés dans le Christ vous avez revêtu le Christ ! Cela veut dire que les chrétiens sont investis, par le baptême, et par l’ensemble des sacrements, par la communion eucharistique fondamentalement pascale, d’un pouvoir divin : « de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce sur grâce ! » (Jean 1, 15).
Quoi de neuf ?
Il appartient aux chrétiens de tirer toutes les conséquences de la Résurrection. L’Église est « le levain d’immortalité qui doit transformer toute la pâte de ce monde […] De quoi s’agit-il ? D’un combat. Quel combat ? Pour l’homme […] En quoi l’homme est-il menacé ? […] nous retrouvons la chaîne bien connue de tous les esclavages qui retiennent l’homme prisonnier : injustice, mensonge, oppression, primat de l’argent, recherche de l’objet et mépris de la personne. […] nous ne trouvons dans l’Évangile aucune recette d’économie politique, [mais] une exigence proprement révolutionnaire à l’encontre de tous les égoïsmes personnels et collectifs […]. Il s’agit en effet de cela : être les témoins de la Résurrection, avec tout ce que cela exige et comporte […]. C’est cette même dialectique de la Résurrection qui a toujours dans le passé rendu les chrétiens authentiques des citoyens gênants, en quelque État que ce soit. Il y a en effet dans la mystique chrétienne de la vie politique une contestation essentielle à l’égard, non de l’autorité comme telle, mais de la prétention totalitaire et pseudo prophétique de tout pouvoir politique » (Ignace IV d’Antioche, La Résurrection et l’homme d’aujourd’hui, Paris, 1981). De la sorte, la proclamation de la Résurrection constitue un défi pour les chrétiens eux-mêmes…