S’absorber dans la prière –
Une prière pleine de foi nous approche de Dieu. Nous nous rendons présents par notre attention aux paroles que nous prononçons, notre sincérité, notre concentration dans les mots de la prière. Nous pouvons même connaître une prière sans distraction, qu’on appelle la prière pure. Non seulement nous sommes présents à ce que nous disons mais notre esprit et notre cœur étroitement unis sont exempts de toute distraction, de toute imagination, de toute réflexion. Nous sommes alors totalement absorbés dans la prière que nous formulons. Nous sommes autant qu’il nous est possible, présents à la Présence. « Invoquez le Seigneur, puisqu’Il est proche ! » (Isaïe 55, 6)
Dieu abandonné
A l’inverse, une prière dite avec négligence, avec distraction, nous éloigne du Seigneur. Nous lui parlons peut-être mais, par la pensée et par le cœur, nous sommes ailleurs. Il est présent, mais nous ne le sommes pas. La situation de notre Dieu est alors une solitude extrême, tel que nous le voyons sur la Croix, abandonné des hommes, de ses disciples, de ceux qui prétendent par ailleurs être croyants et qui le pensent. La prière dite avec distraction est une façon surtout de montrer que nous n’aimons pas. Une amoureuse ne déclare pas ses sentiments en pensant à autre chose ou à quelqu’un d’autre. Or la prière est principalement une déclaration d’amour.
Le péché de distraction
Le Seigneur Lui-même le dit : « tu ne prononceras pas pour rien le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur n’acquitte pas celui qui prononce son nom à la légère » (Exode 20, 7). C’est une faute, un péché, que de prier n’importe comment, en regardant notre smartphone, en pensant à notre liste de courses ou à ce que telle personne nous a dit ou fait. Le Seigneur discerne notre manque de sincérité : « ce peuple ne s’approche de moi qu’en paroles ; ses lèvres seules me rendent gloire mais son cœur est loin de moi » (Isaïe 29, 13). Ce n’est pas seulement la prière solitaire qui peut nous éloigner de Dieu quand elle est distraite. La prière liturgique elle-même, prononcée avec légèreté ou dispersion, non seulement est inutile mais offense la personne du Seigneur.
Dieu écoute
Ne nous étonnons pas que nos prières ne soient pas écoutées, si nous les prononçons de façon vaine. N’accusons pas le Seigneur d’indifférence et d’absence quand nous ne faisons rien pour nous rendre présent à lui. Il est anormal que les miracles visibles soient aussi rares. Et il est à craindre que les miracles qui ne sont pas sensibles aux yeux soient rares également si nous prions avec légèreté. Notre cœur nous assure de notre propre sincérité quand nous prions pour les défunts, par exemple, sans pouvoir constater l’exaucement. Le signe que nous prions vraiment est un sentiment intérieur, qui peut aller jusqu’au bouleversement et aux larmes, tellement notre prière est vraie. Cette prière est agréable à Dieu, comme le dit David dans son psaume 50 : « le sacrifice agréable à Dieu c’est un cœur brisé… ». Le Seigneur nous écoute et nous exauce selon notre bien et selon notre foi.
