« Au plan étymologique,
cela signifie : faire saint. C’est une expression très difficile à comprendre.
‘Saint’ : en latin (sanctus) et en grec (aghios) ce terme synthétise toutes les qualités et tous les attributs de Dieu. En hébreu (qâdésh), c’est encore beaucoup plus fort : c’est ‘ le tout-autre’, séparé de tout ; il exprime la transcendance absolue du Créateur, qui est, par nature, incréé.
« Dieu est toujours saint :
Il est saint en Lui-même. Comment pourrions-nous le ‘ faire saint’, le sanctifier ? On voit que, dans l’Ancien Testament, le terme est ambivalent : ‘ils sanctifieront mon Nom’ (Is 29/23), ce qui veut dire : ils vénèreront le Dieu d’Israël, et : ‘Je sanctifierai mon Grand Nom’ (Ez 36/23), ce qui veut dire : Je ferai rayonner ma gloire.
« Les Pères de l’Eglise l’ont interprété de deux façons :
– ils l’assimilent à ‘glorifier’ (St Jean Chrysostome) en rappelant la liturgie céleste et le chant des Séraphins (le Sanctus) : Que le Nom de Dieu soit glorifié sur la Terre comme il est glorifié dans le Ciel par les anges. C’est aussi l’opinion de l’évêque Jean.
– une majorité de Pères pense : que ton Nom soit sanctifié en nous. Le Nom de Dieu a été profané par notre péché (St Paul : ‘Le Nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations’, Ro 2/24, citant Is 52/5). Nous devons le sanctifier en devenant saints (st Pierre Chrysologue, st Jean Cassien, Augustin d’Hippone)
« Les deux interprétations ne sont pas contradictoires.
Nous pouvons synthétiser en disant : que Celui qui Te révèle sur la Terre, Te manifeste, Jésus-Christ, soit adoré comme étant Ton Fils, soit reçu comme ‘le Saint de Dieu’, et que nous nous conformions à lui, en devenant nous-même des saints. C’est le fait que nous nous conformions au Fils de Dieu qui glorifie le Père (cf. : ‘afin que, [les hommes] voyant vos bonnes œuvres, glorifient votre Père céleste’, Mt 5/16). Il y a une phrase du Christ qui correspond exactement à cette 2e demande : « Tout ce que vous demanderez en mon Nom, Je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn 14/13).
Le Christ
« ‘Que ton Nom soit sanctifié sur la terre comme au Ciel’ : Oui, le Nom du Christ est sanctifié dans les Cieux. Nous en avons de nombreux témoignages, notamment dans les psaumes et dans le canon des matines de l’Ascension : nous voyons les anges acclamer le Fils de l’Homme ‘qui s’élève comme une offrande’ : ils s’écartent en applaudissant et exultent, bien que ne comprenant pas l’incarnation du Verbe qui dépasse leur intelligence, ils le glorifient pour son ineffable bonté envers la brebis perdue, l’Homme déchu, pour son courage dans sa Passion, pour son obéissance admirable envers son Père. Et nous voyons aussi dans l’Évangile que, après la tentation au désert, les anges, qui étaient muets d’admiration devant le Christ pendant qu’Il résistait victorieusement à Satan dans la faiblesse de sa nature humaine, viennent le servir avec respect. Nous demandons au Père céleste que son fils soit glorifié sur la terre, par nous, comme Il l’est déjà dans les Cieux par les anges. […] »