La Pentecôte –
L’évènement de la Descente du saint Esprit sur ceux qui, par lui déjà, croient en Jésus comme Fils de Dieu et Messie, est la couronne de l’année liturgique et de l’expérience chrétienne. Il permet l’incorporation des croyants à l’Église, ce Corps de Dieu fait chair et fait homme. Tout le cycle pascal tend, non seulement vers la Résurrection, mais vers l’effusion royale des dons de l’Esprit. Notre religion est celle de l’Esprit pour pouvoir être celle du Christ. L’Église est un organisme charismatique. Les mots « chrétien » ou « christianisme » sont de la racine de « chrismation », onction et sceau des dons de l’Esprit qui « christifie » celui qui met sa foi en Jésus Fils unique de Dieu.
Omniprésence de l’Esprit
Par ses dons, ou charismes, l’Esprit saint, l’Esprit du Père, se rend présent dans l’Église du Fils. Ils sont innombrables, d’après le témoignage des apôtres et des saints : la foi, l’espérance, l’amour, la joie, la patience, l’humilité, la chasteté, la paix, le discernement, la connaissance de la vérité, la glorification, le sens de l’Église, le sens de la responsabilité par rapport à la Création et à la société civile, la tendresse sans convoitise, le don de soi par amour pour autrui, l’émerveillement, la ferveur, la soif de Dieu, la douleur pour autrui, la prière, la joie pour autrui, l’intercession pour le monde, le charisme missionnaire ou esprit apostolique, le non jugement, la non possession, l’absence de pouvoir, la liberté de délibérer, la liberté de choisir, de décider, la guérison, la résurrection des morts…
Jouir des dons de l’Esprit
Nous n’avons pas à acquérir les dons du saint Esprit : nous les avons reçus en plénitude dans le sacrement du Baptême et dans celui de la Chrismation. Et tous les sacrements – saintes Huiles, Couronnement, Hirotonie – déversent les charismes sur ceux qui croient : la foi en est le premier, qui attire tous les autres. Un sacrement extraordinaire est la sainte Eucharistie : tous les dons disponibles dans les autres sacrements se trouvent ici réunis en un flambeau. Le croyant s’alimente alors de la chair et du sang du Dieu Homme, le Christ et Verbe du Père ; les charismes, qui ne sont autres que les attributs de la Divinité, il les assimile non plus de l’extérieur, mais de l’intérieur ! Il incorpore dans sa propre chair et dans son propre sang la vie même de l’Esprit. Et nous savons que Celui-ci descend par la plénitude de ses dons sur l’offrande eucharistique désignée par le Verbe comme son Corps précieux et son Sang très pur.
La synergie
Pourtant, nous sommes conscients de vivre très en deçà de la vie charismatique évoquée ici. Il est indispensable que se réalise une authentique synergie, ou coopération, ou union des volontés et des libertés humaine et divine, pour que l’actualisation des dons de l’Esprit ait lieu. Cela se comprend facilement. La vie dans l’Esprit n’est pas une magie ; elle n’est pas une superstition : elle relève de l’union de la liberté du croyant à la liberté divine, comme le montre très bien l’évangile de la Cananéenne et d’autres passages du saint Évangile, des Prophètes, des Psaumes, de l’Exode et de la Genèse. Saint Maxime le Confesseur a longuement glorifié l’union des deux volontés dans la Personne du Christ.
La pratique des commandements
Le Messie le dit bien au notable qui l’interrogeait : « fais ceci et tu vivras ! » (Luc 10). Nous entrerons en possession des dons de l’Esprit – façon, si l’on veut, de les « acquérir », suivant l’expression de saint Séraphin – en nous exerçant tous les jours à faire la volonté du Père, telle que nous la révèle le Fils, Jésus Christ. Lisons le saint Évangile, écoutons-le, mémorisons-le et mettons-le en pratique et nous actualiserons tous les dons divins qui sont déjà déposés en nous. C’est comme une personne qui aurait une grande fortune en banque et qui irait toucher son argent. C’est principalement par l’application des commandements du Christ que nous « touchons » les dons du saint Esprit déposés en nous.
Louange et supplication
La prière est l’autre voie d’accès au « Trésor des dons », parce qu’elle est principalement un acte de foi dans le Seigneur Jésus, Messie et Sauveur ; elle est également un acte de foi dans le Père, Source de toute grâce et de tout bien, et Source unique de l’Esprit (Jean 15, 26). Par la prière de louange nous affirmons que tout nous a déjà été donné : la Samaritaine « n’ayant plus soif, te chante pour toujours ! » (ode 4 de la fête). Nous savons que le Seigneur connaît ce qui est bon pour nous et pour les autres et qu’Il a un projet. Par la prière de supplication, nous demandons « encore et encore » la grâce de l’Esprit, parce qu’elle est illimitée, et que notre soif, quoique étanchée, demeure insatiable : « mon âme, ô Verbe, a toujours soif, abreuve-moi de la grâce » (ode 7 de la Fête).
La conquête du Royaume
La connaissance du Royaume, qui n’est autre que la jouissance des dons de l’Esprit, dépend, non seulement de la générosité du Christ, mais de notre activité, de notre décision, de notre liberté et de notre amour de la volonté du Père.