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Repos de l’iconographe Ludmilla Garrigou

Ludmilla

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Myrhophore

L’actualité est marquée par la vie des saints qui marquent invisiblement, discrètement, le monde apparemment bruyant et superficiel. Les médias n’en ont pas – ou presque pas – parlé : est-ce à dire que cela n’existe pas ? C’est pourtant d’actualité. Par la volonté de Dieu, le 5 mai dernier, Lundi des myrophores, à 4 heures et quelque du matin, devançant comme celles-ci le lever du jour, apportant, non le parfum de la myrrhe, mais en offrande le parfum de sa propre vie sainte, Ludmilla est entrée dans la mort vivifiée par le Ressuscité, dans la mort habitacle de la vie éternelle en Dieu. Elle est entrée dans son repos pour attendre avec tous les saints la glorieuse résurrection du dernier Jour…

Le 20ème siècle

Ludmilla Garrigou, épouse du prêtre Nicolas, héritière de l’Orthodoxie slave par la foi de son enfance, par le patrimoine iconographique qu’elle servit pendant toute sa vie, est une de ces grandes personnes spirituelles qui marquent à jamais l’Orthodoxie de notre temps, le christianisme de notre temps, dans le monde et particulièrement en France. Impensable est l’histoire de l’Eglise orthodoxe dans notre pays au 20ème siècle sans Ludmilla, son beau visage, sa voix chaleureuse, son enseignement sûr, sa joie et sa foi.

L’Atelier

Avec son mari, elle dirigea pendant des dizaines d’années un atelier d’iconographie dans le Vercors, l’Atelier Saint-Jean-Damascène, où l’on travaillait en famille : P. Nicolas sculptait de très belles croix en bois ; leur fille Marie-Noëlle composait, et compose, des mosaïques dans le style de celles de Ravenne ; et leur fils, Jean-Baptiste, formé également à l’iconographie russe, peignait, et peint toujours, des fresques admirables dans un style proche du roman, comme la déisis de la paroisse orthodoxe de Louveciennes, et les murs de l’église Saint-Nazaire à Sanary, et de l’Annonciation à Saint-Cyr-sur-mer, dans le Var. L’Atelier est installé près de Saint-Jean-en-Royans, depuis 1976. Une paroisse s’y est développée, autour de la chapelle de la Dormition, dans le cadre de la Métropole grecque.

L’enfance

D’origine ukrainienne, Ludmilla Titchenkova était née en milieu rural. Elle avait contracté la poliomyélite vers l’âge de trois ans, et en était restée handicapée : elle marchait avec des cannes et, depuis de nombreuses années, elle utilisait un fauteuil roulant. A sept ans environ, elle avait été, avec sa mère, emprisonnée dans un camp de concentration communiste. C’est là que, d’un vieux moine russe qui voyait qu’elle aimait dessiner, elle reçut les premiers éléments de ce qui deviendra l’axe de sa vie : l’iconographie orthodoxe.

Créer

Émigrée en France, elle avait épousé un Français, et avait rejoint, dans le milieu orthodoxe des années 60, l’évêque Jean (Eugraph Kovalevsky). C’est en 1968 que fut fondé l’atelier Saint-Jean-Damascène. L’évêque Jean lui transmit un enseignement iconographique fondamental : l’importance accordée au lieu où l’on vit et à sa tradition – en l’occurrence, la France, et son patrimoine pré-roman et roman ; il faut donc, non se contenter de recopier le passé, mais avoir l’audace de créer.

L’universalité

Ludmilla connut d’extrêmes souffrances corporelles et souffrit également dans son âme. Le Seigneur, Père, Fils et Esprit, transforma tout en lumière et en beauté. Ludmilla est un des grands maîtres de l’iconographie contemporaine, par sa fidélité rigoureuse à la Tradition et par sa créativité au sein de la Tradition. Elle a donné aux saintes icônes une puissance spirituelle nouvelle, comme on fait les grands iconographes de tous les temps. Gouvernant sans faillir la technique des grands maîtres, et les saints canons iconographiques, elle était simultanément porteuse d’un véritable charisme iconographique, de cet Esprit où s’accomplit la Loi. Elle a donné un enseignement vivifiant, non seulement aux Orthodoxes devenus ses élèves et disciples – notamment son propre fils Jean-Baptiste -, mais également à de nombreux chrétiens d’autres confessions. L’universalité de l’Icône, Ludmilla l’a affirmée et démontrée, cette universalité qui tient à celle des conciles œcuméniques, normatifs pour tous les chrétiens.

Les racines

La vie de Ludmilla Garrigou symbolise depuis un demi-siècle le témoignage orthodoxe en France, en milieu francophone, la recherche d’Orthodoxes, émigrés ou d’origine française, pour manifester le caractère universel de l’Orthodoxie, foi des saints Pères, héritage liturgique des Pères. La connexion de l’art liturgique slave ou byzantin et de l’art roman a été la grande idée permettant aux Orthodoxes de trouver en France des racines spirituelles et culturelles.

La personne

Et la grande iconographe Ludmilla Garrigou était une personne aimable, souriante, pleine de joie et d’intelligence spirituelle, un exemple de vie chrétienne pour tous ceux qui se sentent appelés à vivre de l’Évangile.