Notice hagiographique –
St Théophane est né en Russie en 1815, dans un village au nord de Kazan. Fils de prêtre et destiné à la prêtrise, il était doux et réservé, d’une grande intelligence et doué pour les études : il fit ses études de théologie à Kiev, où il fréquenta assidûment le célèbre monastère des Grottes1. Il y trouva un père spirituel, le P. Parthène, et là il s’éprit de la vie monastique. Il devint moine et 1841 et, la même année, il fut ordonné diacre, puis prêtre. Ensuite, il enseigna à l’académie de théologie de Saint-Petersbourg2. Il passa ensuite 7 ans en Palestine, comme prêtre à la Mission russe, où il apprit le grec, ce qui lui permit de se familiariser avec les Pères grecs. Puis il devint aumônier à l’ambassade russe de Constantinople [Istanbul, capitale de l’Empire ottoman]. Revenu en Russie, il devint Recteur de l’Académie de théologie de Saint-Petersbourg. En 1859, il fut sacré évêque de Tambov [au S-E de la Russie] puis devint évêque de Vladimir [au N-E de Moscou] en 1863.
Mais en 1866, il demanda à se retirer au monastère de Vysha, à côté de Riazan [au S-E de Moscou]. A partir de 1872, il vécut entièrement reclus dans sa cellule3, ne voyant que son confesseur et l’higoumène. Il écrivit de nombreux livres spirituels et contribua à la traduction en russe de la Philocalie. Mais il est surtout connu pour avoir entretenu une importante correspondance avec de nombreux fidèles, dont il était devenu le père spirituel. Bien que centré sur la tradition orthodoxe, il était ouvert à la pensée occidentale et aux courants intellectuels de son époque. A la fin de sa vie, il eut de graves maladies (et perdit un œil). Il naquit au Ciel le 6 janvier 1894. Il sera canonisé en 1988.
Il fut un des principaux artisans de la renaissance spirituelle de l’Eglise russe, à la veille du désastre de la Révolution de 1917. Parmi les aspects remarquables de sa vie, on peut noter au moins deux choses :
– il fut simultanément un grand intellectuel et un grand spirituel, ce qui est rare (un peu comme St Nicodème l’Hagiorite, au 18ème siècle).
– il occupa pleinement de nombreuses fonctions dans l’Eglise, enseignant en théologie, prêtre, évêque, pour finalement se consacrer à ce qui était sa vraie vocation, qui était d’être ermite. Mais, comme St Séraphin de Sarov, il ne cessa jamais d’être un père spirituel, un staretz. Il était simultanément tourné exclusivement vers Dieu, tout en se préoccupant des âmes, c’est à dire des autres, ses prochains. Son comportement était entièrement antinomique.
Père Noël Tanazacq
N.B. : sa notice dans le Synaxaire de l’Athos se trouve, non pas au 6 janvier, mais dans le supplément du 6 janvier, p. 567-568 (Vol. 2, éd. de 1988). St Théophane le Reclus (6 janvier), fut Evêque de Tambov, puis de Vladimir, puis ermite et staretz (1815-1894).
1- Le plus ancien de la Russie : la Laure des Grottes fut fondée peu après 1051 par St Antoine, qui vint établir la vie monastique dans des grottes ; son disciple et successeur St Théodose en sera le grand organisateur.
2- Qui, à cette époque, était la capitale de l’Empire russe.
3- En fait, il vivait dans deux pièces, parce qu’il avait une immense bibliothèque.