Naissance à Autun –
Notre saint Père Germain naquit d’Éleuthère et Eusébie à Autun. Selon son biographe, l’évêque de Poitiers Venance Fortunat, à l’issue de ses études, il se retira chez un de ses parents, Scopillon, et mena avec lui, pendant quinze ans, une vie agréable à Dieu, dans l’ascèse, la prière et les hymnes. La réputation de sa sainteté s’étant répandue dans la région, l’évêque d’Autun Agrippin l’ordonna prêtre à l’âge de 34 ans, puis le successeur de ce dernier le mit à la tête du fameux monastère de Saint-Symphorien, proche de la ville. Son austérité le mettait parfois en opposition avec l’Évêque, ce qui lui valut même, une fois, d’être jeté en prison. La porte de la cellule s’ouvrit toute seule, mais le Saint n’accepta de la franchir qu’après en avoir reçu l’ordre de son supérieur.
L’évêque de Paris
Vers 555, il fut convoqué à Paris par le roi Childebert Ier, et désigné pour être consacré évêque de la cité, à la mort d’Eusèbe. Dans cette nouvelle charge, l’humble Germain ne changea rien à l’austérité de sa vie, ni à son costume. Jusqu’à la fin de ses jours, il resta moine et ascète, ajoutant à sa tension vers la perfection évangélique le souci du salut de son peuple qu’il exhortait assidûment. Sa prédication était soutenue avec éclat par le don des miracles, que Dieu lui avait abondamment accordé. Il guérissait quantité d’infirmes et de malades par sa prière, et délivrait les possédés qu’il gardait plusieurs jours auprès de lui afin de prier pour eux. Sa renommée de thaumaturge s’étant répandue au loin, on se servait de tout objet qu’il avait béni ou seulement touché, pour l’envoyer à ceux qui étaient éprouvés, et par la grâce de Dieu ils étaient délivrés de leurs maux.
Le soin des pauvres et des malades
Inlassable dans l’aumône, Germain y consacrait l’essentiel des ressources de son Église, et lorsque ces dernières ne suffisaient pas, il avait recours au roi Childebert, qui lui portait une grande admiration depuis qu’il avait été guéri par le saint d’une grave maladie. La miséricorde de saint Germain s’étendait à tous, bons et méchants ; et chaque fois qu’il le pouvait, il obtenait du roi que les prisonniers soient libérés et lui soient confiés, et il libérait les esclaves de toutes nationalités. En sa personne, les chrétiens de Paris croyaient voir revivre saint Denis, leur patron.
Le liturge
Il encouragea le culte des saints locaux, et était particulièrement attaché à la qualité de la célébration liturgique : on estime que nombre des particularités de la Liturgie des Gaules d’alors furent probablement dues à son influence. Il en fait une importante description dans les deux Lettres qui lui sont attribuées. Grâce au soutien du souverain, il fonda un monastère, dédié à la sainte Croix et à saint Vincent, connu depuis sous le nom de Saint-Germain-des-Prés. Il fit venir des moines de Saint-Symphorien, afin d’y faire observer leur règle, issue du monastère de Lérins. Parfait connaisseur de la tradition ecclésiastique, saint Germain, émule de saint Martin, veillait avec un soin vigilant sur la paix et l’unité de l’Église des Gaules. Il prit une part prépondérante au Concile de Tours de 567 qui reprenait le concile de Paris de 561 : on y traita notamment de la liturgie (introduction des hymnes ambrosiennes et organisation du psautier), de la protection des plus démunis (canon XXVIII : excommunication de personnes ayant assassiné des pauvres) et de la cohésion du clergé. Saint Germain convoqua également deux conciles à Paris, notamment celui de 573, dont les archives sont perdues.
Sainte Radegonde
Après la mort de Childebert (558), Paris devint la capitale du royaume uni de Clotaire qui témoigna au saint évêque la même déférence que son frère, grâce à l’influence de sa femme, sainte Radegonde. Lorsque la reine décida de prendre le voile dans le monastère de la Sainte-Croix qu’elle avait fondé à Poitiers, saint Germain supplia le roi de ne pas faire obstacle à sa vocation, et il entretint avec elle par la suite des relations suivies de direction spirituelle.
À la fin du court règne de Clotaire, le royaume fut de nouveau divisé entre ses quatre fils : Caribert, Gontran, Sigebert et Chilpéric. Caribert, le roi de Paris, était un homme impie et dévoyé, il pillait les églises et avait épousé deux sœurs. Il méprisa l’excommunication prononcée par le Saint, mais, peu après, il mourut, ainsi que l’une de ses épouses.
Opposition au Roi
Saint Germain s’efforça, mais en vain, de réconcilier Brunehaut, femme de Sigebert, et Frédégonde, épouse de Chilpéric. Après l’assassinat de la sœur de Brunehaut, sous l’instigation de Frédégonde, en 575, Sigebert entra en guerre contre Chilpéric. Passant par Paris, il y rencontra le saint évêque qui tenta de le faire renoncer à son projet de vengeance et lui dit : « Si tu prépares une fosse pour ton frère, tu tomberas dedans. » Sigebert négligea ce conseil, et mourut assassiné.
Le défenseur des prisonniers
Après avoir été, pendant de longues années, un artisan de paix et un pasteur exemplaire, saint Germain s’endormit dans le Seigneur, le 28 mai 576, et fut enterré dans l’église de son monastère parisien. Lors du grand incendie qui ravagea Paris en 585, il apparut pour libérer les prisonniers, qui allèrent aussitôt se réfugier auprès de son tombeau. Par la suite, il resta un des saints les plus vénérés du peuple, tant à Paris et en Gaule, que dans tout le reste de l’Église latine.