La foi n’est pas quantitative –
La foi est une grâce. Or, la grâce, selon la théologie orthodoxe, est une énergie incréée et divine. Elle ne peut être mesurée. Elle n’est pas quantitative. Il en est ainsi de l’amour. Ce n’est pas la grâce qu’on augmente : c’est notre capacité à la recevoir et à y répondre. Croire davantage ou aimer davantage sont donc des expressions maladroites. On peut les traduire par : comment faire plus de place à l’amour dans ma vie ? Comment répondre davantage au don de la foi que le Seigneur me fait ? Il en est de même de tous les dons du saint Esprit. Ce sont les dons naturels, les énergies créées, qui sont susceptibles de croissance ou de diminution.
Le Seigneur peut nous aider
« Je crois, Seigneur ! Viens en aide à mon manque de foi ! », disait le père du petit garçon (Marc 9, 24). Le Père céleste est la source unique de tous les dons et de tous les biens. Il communique la grâce par son saint Esprit, le « Trésor des biens et Donateur de vie ! » Il la donne en son Fils Jésus Christ. C’est le Fils qui est à la fois, et en Personne, comme vrai Dieu et vrai Homme, la plénitude des dons du Père. On peut dire qu’Il est la Foi en Personne ! C’est pourquoi, comme ce papa, nous pouvons en premier lieu le prier de nous venir en aide. Il est capable de répondre à notre demande : Il nous aide à augmenter nos capacités de croire en lui par les préceptes qu’Il nous donne. Il est notre Maître et Il veut bien nous guider dans l’acquisition de la plénitude de la Foi.
Croître dans la foi
Il s’agit donc, non d’augmenter la foi, mais de croître dans la Foi. Selon l’enseignement du saint Évangile et des Pères de l’Église, l’être humain est dans une situation de dialogue avec le Seigneur. Les exemples de la Cananéenne et d’autres personnages de l’Évangile sont clairs. Soit la personne humaine répond à la proposition divine. Soit la personne divine répond à la demande humaine. Dans les deux cas, il y a ce qu’on appelle « synergie », coopération divino humaine, union des deux volontés divine et humaine, et des énergies incréées et créées. Le mystère du Salut, totalement réalisé dans la personne divine de Jésus Christ, réside en cette union, quand la grâce incréée fortifie les dons naturels, par exemple la bonne volonté de croire.
Les voies de la croissance
Nous croyons, et nous demandons au Seigneur d’augmenter notre capacité à répondre au don de la foi qu’Il nous a fait. Ou bien le Seigneur se présente à nous comme à la Samaritaine et attend que nous répondions à la révélation qu’Il nous a faite de lui-même. Pour croître dans la foi, c’est-à-dire répondre à la grâce, nous avons plusieurs moyens à notre disposition. Le premier consiste à nous exercer tous les jours à faire la volonté de Dieu. Pour cela, il est indispensable d’écouter la parole de Dieu pour connaître cette volonté. Ensuite, nous demandons la grâce de faire cette volonté (psaume 142). Le repentir est une autre grâce : celle de détester douloureusement tout ce qui, par un mésusage de notre liberté, a empêché ou empêche encore de faire cette volonté et de suivre notre Maître. Enfin, la communion eucharistique nourrit divinement nos capacités de croire en Dieu.
Le saint Esprit
La croissance dans la foi prend toute une vie ! Elle s’opère en marchant à la suite de notre Maître qui nous a dit : « suis-moi ! » Et nous invoquons continuellement le saint Esprit pour qu’Il fortifie notre liberté et la rende toujours plus capable de faire ce que notre Maître nous demande. Celui-ci nous dit par exemple d’aimer nos ennemis. Sans la grâce du saint Esprit, c’est impossible. La grâce du saint Esprit sera celle de répondre librement à l’enseignement du Maître ; et ce sera d’abord la grâce de croire en lui et de l’aimer : en effet, comment obéir à une personne qu’on ne connaît pas, qu’on n’aime pas et en qui on n’a pas une confiance totale ? C’est ainsi également que la personne humaine apprend à se garder de tout péché, ce qui permet à la grâce de la foi de s’épanouir complètement dans son cœur.