Inconsolable de sa mort –
Le départ d’une personne chère est presque toujours très douloureux. Nous ressentons souvent de la culpabilité, le regret de ce que nous n’avons pas pu ou su ou même voulu accomplir envers cette personne, quelquefois du ressentiment… Plus d’une fois, quelqu’un se retire ou est retiré de ce monde en laissant des complications, des conflits non résolus, ou simplement des projets non accomplis. Le sentiment qu’on n’a pas aimé autant qu’on aurait pu ou qu’on aurait voulu est vraiment douloureux : nous sommes comme frustrés de l’amour que nous n’avons pas donné, ou que nous avons imparfaitement vécu. Nous nous sentons inconsolables, incapables de faire le deuil, comme on dit, de cette personne.
Pardonne-leur !
La communauté des baptisés a hérité d’une méthode pour assumer cette situation : le pardon. Devant ce qu’on appelle improprement la mort, cette espèce de retrait, d’effacement, de recul de la personne dans l’invisible, nous avons besoin du pardon et celui-ci est l’arme qui désamorce le pouvoir que la mort pourrait avoir sur nous. Les prières et les offices que nous ont légué les saints demandent le pardon pour nos bien aimés endormis avant nous : « pardonne-leur tous leurs péchés », disons-nous. L’office du troisième, du neuvième et du quarantième jour comportent cette demande. C’est une grande consolation de prononcer ces prières au quotidien pendant toute la quarantaine.
Pardonne-moi !
Mais le pardon est un miracle qui se produit de façon intime dans notre cœur quand nous osons le demander pour nous-mêmes. Certains d’entre nous viennent au sacrement de la confession pour cela. En présence de leur prêtre à la fois témoin et intercesseur, ils ont la liberté de demander au Christ invisiblement présent le pardon pour les fautes qu’ils pensent avoir commises à l’égard du défunt. Une grande paix descend dans leur cœur avec l’absolution. On trouve également une grande consolation à s’adresser au défunt et à lui demander personnellement pardon : « pardonne-moi, Untel, pardonne-moi ! » Nous pouvons encore dire au Seigneur : « rends-moi digne de l’indulgence et du pardon de ton serviteur N…, en ce jour et dans le monde qui vient ! »
Gloire à toi !
Plus difficile, mais vraiment libératrice, est la prière de louange : « gloire à toi pour ton serviteur ou ta servante N…, Seigneur Jésus, gloire à toi ! ». Si tu rends grâce pour le défunt, cela veut dire que tu crois de tout ton cœur que le Seigneur s’en occupe, qu’Il a un projet pour lui, qu’Il est présent à son chevet, qu’Il le ressuscitera au dernier Jour. Par la louange, nous confions complètement la personne endormie à la bienveillance divine. Nous savons profondément que le Sauveur aime nos défunts encore plus que nous ne les aimons. De plus, nous trouvons la force de nous réjouir pour eux au lieu de nous affliger sur leur perte et sur nous-mêmes. En réalité, nous ne les avons pas perdus : ils sont entre les mains du Sauveur, comme la Mère de Dieu portée par son Fils et son Dieu sur l’icône de la Dormition. C’est une grande consolation…
Communier avec les défunts
Enfin, la communion eucharistique avec ceux qui se sont retirés en Dieu apporte la consolation à ceux qui sont en deuil : nous sentons un très grand amour dans notre cœur, un amour inclusif, un amour qui embrasse tous ceux que nous confions au Sauveur et que, d’une certaine façon, Il nous rend pour nous en faire responsables. Le ressenti n’est pas tout : la foi est tout ; c’est par la foi que nous savons que nos défunts, pécheurs ou innocents, sont portés par la grande miséricorde divine. Par la foi, en prononçant leurs noms dans la prière eucharistique et en les confiant aux prêtres, nous savons qu’ils ressusciteront ; nous osons croire que leurs péchés leurs seront pardonnés et qu’ils jouiront avec tous les saints du repos bienheureux dans la lumière de la Face divine.