L’Évangile en famille
(…) merci pour ce témoignage de pédagogie familiale! C’est vraiment une très bonne idée de lire et de commenter à la maison l’évangile du jour quand on ne peut venir à l’église, ou même quand on va y aller (pour préparer) ou quand on en revient (pour approfondir). En ce qui concerne le miracle, votre difficulté est compréhensible… Pourtant, nous prenons généralement à la lettre les passages évangéliques qui en rapportent, et leur reconnaissons un caractère de vérité historique. Nous distinguons bien à cet égard les passages qui expriment des paraboles. Dans les textes des prophètes également il se trouve un certain nombre d’évènements miraculeux, par exemple la résurrection du fils de la veuve de Sarepta par le prophète Élie.
Dieu agit
Il faut avoir le courage de prendre ces évènements au sérieux. D’une part, tous nous préparent à accepter avec foi l’évènement miraculeux de la résurrection corporelle du Christ ; d’autre part, ils donnent à Dieu une place dans notre vie qui est celle d’un véritable acteur. Comment pouvons-nous le prier pour les besoins de notre famille si nous ne croyons pas à son action miraculeuse et bienveillante, sur la base des exemples donnés par la sainte Écriture? Comment le remercier, si nous ne croyons pas qu’Il a agi de façon miraculeuse envers nous ou envers nos proches? Si nous “zappons” la dimension d’action divine dans la Bible et particulièrement dans l’Évangile, pour ne rien “imposer” aux enfants, il ne nous reste qu’un texte bien pauvre. Cela nous renvoie du reste à notre propre foi. Mais, bien sûr, ensuite on peut et on doit passer à une lecture symbolique, spirituelle, qui est vraie également, et qui correspond au registre historique de notre propre expérience de chrétiens.
Un danger
Avec tout cela, il y a peut-être un autre danger, celui de voir du merveilleux partout, éventuellement une espèce de magie, la tentation du miracle, si l’on veut, qui conduit à priver l’être humain de sa responsabilité et à transformer Dieu en “vache sacrée” à qui on ne cesse de demander ceci ou cela, de façon intéressée, et sans être capable de le glorifier pour lui-même de façon désintéressée. Ce danger de perversion de l’attitude religieuse a été mis en lumière par le Christ lui-même. Il s’est montré souvent hésitant à accomplir des miracles, reprochant même aux gens d’en vouloir: “sans miracles, vous ne croirez donc pas?” Pour lui, le miracle doit être, non pas suivi de la foi, mais précédée par elle. Le Christ a voulu donner toute sa place à la foi, à la liberté et à la responsabilité humaines, c’est-à-dire à une vraie et belle coopération avec lui-même en tant que Dieu.
La Parole
Aux enfants, donc, si l’on est en face d’un miracle rapporté par la Parole de Dieu, il est bien de leur enseigner le respect de cette parole, et de leur montrer également, dans l’épisode en question, toute la valeur de la foi des personnes. L’exemple de la Cananéenne est bien sûr particulièrement éloquent, puisqu’on y voit le Christ “tester” cette foi, pousser la femme à découvrir en elle-même la profondeur de sa propre foi; et la pousser également à insister, à avoir une prière “instante”, comme nous disons. Il y a donc ici tout un enseignement qui concerne la rencontre et la synergie de la volonté divine de sauver, et de la volonté humaine de l’être! Que Dieu nous aide à avoir la foi, l’insistance et l’humilité de la Cananéenne!