“La foi équivaut à une union graduelle avec le Christ dont le sacrifice et la résurrection nous donnent à nous aussi la puissance de mourir aux péchés, c’est-à-dire de mourir à notre égoïsme et à notre isolement, et de ressusciter à une vie nouvelle. Cette foi réside dans la communication intime avec le Christ, et nous conduira nous aussi à la Résurrection par la puissance de sa propre résurrection. Des actes en dehors du Christ ne nous sauvent pas, et donc nos actes non plus, s’ils sont accomplis sur la base d’une sorte de loi normative impersonnelle. Mais les actes qui prennent leur source dans la puissance du Christ qui habite en nous sont indispensables à l’appropriation personnelle du Salut, parce qu’ils épanouissent en nous l’union au Christ et la ressemblance à lui. En eux se montre que nous nous sommes approprié le Salut dans le Christ. […] Dans l’Orthodoxie on voit ces actes comme des fruits en nous de la présence du Christ et de sa puissance.
Entre ces actes et la foi dans le Christ il existe un lien organique, puisque dans les deux se manifeste la communion avec le Christ. Dans les actes, la communion avec le Christ se manifeste comme un développement de la communion qui a commencé par la foi. La foi dans le Christ est la foi dans le Christ qui est en nous, la foi qui vient de sa puissance présente en nous ; elle est l’irradiation en nous de la présence et de la puissance du Christ, qui habite en nous de façon invisible. Cette foi inclut en elle-même l’amour pour celui qui s’est sacrifié, est ressuscité pour nous et est venu habiter en nous, afin que, depuis son état de sacrifice et de Résurrection, nous recevions la puissance de mourir nous aussi au péché et de mener nous aussi une vie nouvelle issue de lui et avec lui. Le Christ lui-même nous emplit d’amour pour lui, par son amour pour nous. Et l’amour nous donne la puissance de lui ressembler : de mourir au péché, de nous manifester avec amour pour tous et pour tout. Le christianisme est le grand mystère de la communion personnelle […]. Il est le grand mystère de la croissance de la personne depuis la vie d’une autre personne et, en dernière analyse, depuis la vie de la Personne du Christ pleine de l’infinité divine.
Donc la foi dont parle le saint apôtre Paul est la foi par laquelle nous nous approprions l’état de justice du Christ, en conséquence de son sacrifice et de sa Résurrection, et qui, de même qu’elle est dynamique en lui, est dynamique en nous aussi ; c’est une « foi active par l’amour ». Elle est à l’opposé des actes liés à la loi de circoncision ou d’incirconcision (cf Ga 5, 6) ; elle est à l’opposé des actes de n’importe quelle loi, qui sont des actes accomplis par la puissance de l’homme, toujours faible quand elle n’est pas soutenue par la communion avec la Personne du Christ, infinie dans sa puissance et dans son amour.”
