La manifestation
Noël n’est pas la fête de l’Incarnation: celle-ci se trouve le 25 mars, jour de la conception miraculeuse du Verbe divin en son humanité, par la Vierge Marie et le saint Esprit. Noël est la fête de la naissance du Dieu Homme: le Fils unique et Verbe de Dieu, qui est simultanément le Messie attendu par Israël et toute l’humanité depuis la perte du Paradis. Cette naissance est appelée théophanie parce qu’elle est une manifestation de Dieu.
A Noël, Dieu rend manifeste à son monde ce qu’Il a effectivement opéré dans le secret: l’union de la nature divine et de la nature humaine sous la tête du Verbe. Le même nom de théophanie est employé pour le baptême de Jésus Christ dans le Jourdain, quand Il est reconnu par le Père comme son Fils pré éternel; le Père atteste alors par l’Esprit que celui qui est né à Bethléem est le même qui est baptisé par Jean, et qu’Il se reconnaît en lui. Il le reconnaît comme son Fils bien-aimé. Dieu s’est incarné, ou « s’est fait homme”, au moment de la conception; cela veut dire que l’embryon porté par Marie pendant neuf mois a toujours été le Dieu-Homme. C’est lui, par exemple, que nous vénérons dans l’icône de la Vierge au Signe qui montre Marie en orante portant dans son corps, entouré d’un cercle, Jésus Christ enfant.
L’exultation des anges
La joie de la Nativité est celle que les anges ont communiquée aux hommes. La plus ancienne hymne a été révélée de cette façon: ”Gloire à Dieu au plus haut des cieux! Paix sur la terre! Bienveillance parmi les hommes!” Cette hymne du Gloria, appelée également ”grande” ou « petite doxologie”, suivant qu’elle est chantée ou non, fait partie de l’office liturgique chrétien dans les liturgies de tous les peuples. C’est une joie révélée, parce qu’elle n’a pas de motif terrestre: dans le monde, autour de nous, et dans les médias, il n’y a pas vraiment de raison d’exulter; les perspectives sont souvent sombres. Mais les anges « annoncent” et révèlent une grande joie pour le motif suivant: un Sauveur est né parmi les hommes. Cela change tout: un monde tirant vers les ténèbres va pouvoir se redresser vers la Lumière par excellence. Quelle est cette lumière? – la lumière de l’amour de Dieu pour tous les hommes, quels qu’ils soient; et déjà la lumière de la Résurrection. Les hommes sont aimés de Dieu; je suis, tu es, nous sommes les bien aimés de Dieu. Quelle nouvelle! Quelle vraie raison de jubiler! Quel bonheur qui nous arrache à la mort et à l’enfer! Dieu n’est pas indifférent; Dieu n’est par hostile; Dieu n’est pas arbitraire; Dieu n’est pas injuste; Dieu n’est pas despotique; Il ne trompe pas, Il ne ment pas, Il n’exploite pas, Il ne jouit pas de nos souffrances, en divinité sadique et cruelle. Non! – Dieu aime, Dieu pardonne, Dieu console, Dieu s’émerveille de sa créature, tout particulièrement de l’homme en qui Il reconnait le sceau de sa propre image. Telle est la bonne nouvelle, la réjouissante nouvelle de Noël: je suis aimé de mon seigneur et la mort est vaincue!