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La prière pour le monde

Saint Silouane

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L’assimilation à Dieu –

La prière pour autrui, et surtout pour les ennemis, l’amour égal pour les bons et les méchants, l’égalité de bienveillance à l’égard de toutes les créatures est le signe de la participation au Banquet de l’Agneau dans le Royaume.

« Lors donc que quelqu’un sera parvenu à cet amour du bien et à cette imitation de Dieu dont nous avons parlé, il revêtira les sentiments de longanimité qui furent ceux du Seigneur, et priera aussi, comme Lui, pour ses persécuteurs : ‘ Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ‘ » (saint Jean Cassien). C’est l’assimilation à Dieu qui nous donne la possibilité de prier pour le monde.

Prier avec douleur

On peut prier pour le monde quand on voit son Salut comme un absolu. La souffrance du Christ quand il pleure sur Jérusalem ou quand Il est en Croix vient de ce qu’Il voit la folie des hommes qui rejettent  ce qui pourrait les sauver et les amener à la perfection de leur être. Telle est aussi la souffrance de Marie la Mère de Dieu qui a vu cela : les hommes rejettent leur unique chance. Les hommes détruisent dans leur folie ce qui est bon. Quand on perçoit cela à la lumière de l’amour divin, c’est-à-dire sans l’ombre d’un jugement, on n’a plus « mal à soi », on commence à avoir mal au monde, mal à l’humanité, voire mal à l’Église…

La souffrance de l’Agneau

Le Christ souffre de voir l’humanité qui se fait du mal à elle-même, qui refuse follement le banquet présenté sur un plateau. Tous les saints, tous les vrais chrétiens ont vécu cette souffrance-là depuis deux mille ans au cœur de l’Église, elle-même au cœur du monde. Dans l’Église, la prière des saints pour le monde est nourrie par la souffrance de l’Agneau. Les saints ont cette prière du Christ en Croix, tel le bienheureux Silouane sur la sainte Montagne. Beaucoup de baptisés quand ils voient les drames dans l’Église et dans le monde ont ainsi mal à leur Église, mal à l’humanité. C’est une souffrance divine. Ils souffrent vraiment comme le Christ a souffert, sans intérêt pour eux-mêmes, sans se soucier d’un salut individuel qui devient alors tout à fait secondaire, sans se soucier de leur expérience individuelle, de leurs exploits ascétiques, mais avec cette compassion que donne la vue des hommes qui, dans leur folie, détruisent un bien.

L’amour-charité

« Le juste a pitié des bêtes qui sont à lui, mais les entrailles de l’impie sont sans miséricorde » (Proverbes 12,10). La plénitude de la Loi est la perfection d’un cœur plein de charité. « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez la Loi du Christ » (Galates 6,2). Pour porter le fardeau de nos frères dans une prière pleine de charité nous devons être affranchis et purifiés de tout jugement à leur égard. C’est la prière incessante, soudée à l’application des commandements du Christ qui nous fait gagner la divine charité, sans laquelle nous ne sommes rien (1 Corinthiens 13).

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