Le Christ est ressuscité mais nous mourons. Comment concilier ces deux faits ? Toutes sortes d’opinions circulent. Pour nous, disciples de Jésus Christ, cela relève de la foi en Dieu suivant la vision biblique : en particulier, la foi dans la résurrection personnelle et universelle n’a aucun rapport avec la doctrine de l’immortalité de l’âme ; la vision biblique englobe l’homme tout entier dans la perspective du Salut, parce qu’elle est unitaire. Cette perspective profondément sémitique de la Parole est accomplie par le Christ.
La sainte Ecriture –
La foi est fondée sur la parole de Dieu : est-ce que je crois Dieu sur parole ? Cette parole se rencontre dans la grande bibliothèque de la Bible. On y apprend que le Dieu unique est l’unique maître de la vie et de la mort (« Il fait mourir et Il fait vivre », 1 S 2, 6 ; Dt 32, 39) ; Il rachète les hommes de la fosse (Ps 103, 4) et leur rend la vie (Ps 41, 3 ; 8à, 19). On y découvre des miracles de résurrection qui sont plutôt des ranimations opérées par les grands charismatiques Elise et Elisée (1 R 17, 17-23 ; 2 R 33ss ; 13, 21). Il y est question également de la résurrection du Peuple de Dieu, entrée ici dans une vie nouvelle et non seulement retour à cette vie (Ez 37, 1-14). Il se trouve exprimé l’espoir en une résurrection personnelle, en particulier pour ceux qui sont morts dans la foi (« Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière se réveilleront : les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre éternelle », Dn 12, 2). Bref : la résurrection appartient au judaïsme (Pharisiens, Esséniens).
La Parole en Personne
Le Verbe transcende ses propres paroles, les reconnaît et les assume. Le saint Evangile nous donne l’enseignement direct du Verbe et Fils de Dieu (Jn 5, 24-30 ; 6, 54 ; 11, 25 affirment la résurrection). Les amis ou disciples du Christ enseignent de même (saint Paul, Ro 6, 3-11 ; 1 Co 15). Tous ces messages sont assumés par l’Eglise, communauté des disciples du Christ, qui croient à la fois ses paroles divino humaines et celles de ses proches, ainsi que le fait historique de sa résurrection corporelle. Dans le Symbole de la foi (« Credo ») on trouve quatre phrases qui se rapportent à la Résurrection en liaison avec le retour glorieux du Seigneur.
Qu’est-ce que la mort ?
Selon la Parole, elle n’est pas créée par Dieu (Sg 1, 13-14) ; « par un seul homme le péché est entré dans ce monde et par le péché la mort » (Ro 5, 12). Elle est héréditaire (« et ainsi la mort a passé en tous les hommes »). Elle concerne l’âme passible et le corps corruptible. Elle est permise par Dieu comme terme des conséquences du péché. Elle reste sous le contrôle de la Providence. Elle exerce sa tyrannie sur les hommes par la peur. Mais elle a été mise à mort par la mort volontaire du Christ, victoire à la fois corporelle et spirituelle : la mort n’a plus d’empire sur nous (1 Co 15)
Que deviennent les défunts ?
Au moment de la mort, ils ont souvent la vision rétrospective de leur vie et la perception de la présence des anges et des saints – causes d’angoisse ou d’espoir. Entre le 1er et le 3ème jour, l’âme se distingue du corps qui se corrompt. L’âme jouit d’une relative liberté et peut visiter les lieux qui lui sont chers sur la terre (Sermon sur la vie après la mort de saint Jean de San Francisco). L’âme reste dépendante de ses passions. La personne (« hypostase ») maintient une unité entre âme et corps. L’office du 3ème jour est très important.
Le jugement particulier
Entre le 3ème et le 9ème jour, l’âme de la personne est élevée par les anges, mais les démons la disputent à Dieu suivent des étapes successives (« péages » ou « douanes ») conclues par l’office du 9ème jour. Jusqu’au 40ème jour, la personne en son âme voyage dans les lieux célestes et infernaux (Hadès, Schéol), selon saint Macaire d’Alexandrie. Le 40ème jour, marqué par un dernier office, selon un jugement particulier, elle reçoit le ieu qui lui est assigné jusqu’à la résurrection universelle et le jugement général. L’homme est mis devant ses responsabilités (saint Maxime le confesseur : « on récolte ce qu’on aura semé »).
Etat transitoire
Ce séjour est provisoire au Paradis (« sein d’Abraham », « Cieux ») ou dans l’Hadès (« enfer », « abîme »), dans l’attente de la Résurrection et du Jugement ultimes. La parabole de Lazare et du mauvais Riche est la référence pour les offices liturgiques. Ce sont des « lieux intelligibles et incorporels » (saint Marc d’Ephèse), marqués par la joie ou la souffrance de privation (saint Irénée, Adv H V, 31, 2). Ce n’est pas un sommeil : c’est une veille (Serge Boulgakov, « les sens spirituels s’éveillent »)
Quelles relations des vivants et des morts ?
Nécromancie et spiritisme sont dénoncés comme illusion et tromperie. Mais des saints ont communiqué avec leurs proches (saint Spiridon). La prière (solitaire ou liturgique) définit cette relation : elle est utile pour le pardon des péchés et l’allègement des peines de l’Hadès (saint Macaire le Grand, saint Jean Chrysostome). Le défunt ne peut rien pour lui-même, le repentir est impossible, il dépend de la miséricorde divine et de la sollicitude des vivants. Ceux qui se sont endormis dans la pureté et la justice montrent de l’intérêt pour les vivants (apparitions par exemple de saint Nectaire).
La résurrection
C’est la restauration de l’homme tout entier (saint Irénée), le jugement de l’homme âme et corps ; il est « redoutable » er définitif (cf Mt 25 et Mc 9, 47-48). Le Royaume est une béatitude et une proximité de Dieu, un progrès sans fin. L’enfer est une séparation de Dieu ou une présence insupportable. Tous peuvent être sauvés s’ils le veulent.
La vie après la vie », catéchèse de Père Marc-Antoine – 01/07/20
> icône de saint Spiridon